La ministre de la Défense était accompagnée du chef d’état-major Steve Thull pour définir les besoins supplémentaires de l’armée ukrainienne. La contribution pour financer des drones sera renforcée.
Pour la première fois depuis la visite de l’ancien Premier ministre Xavier Bettel, en juin 2022, un membre du gouvernement luxembourgeois s’est déplacé à Kiev pour exprimer sa solidarité avec l’Ukraine dans la lutte contre l’agresseur russe. La ministre de la Défense, Yuriko Backes, s’est rendue mercredi dans la capitale ukrainienne sur invitation de son homologue Rustem Umerov. Le chef d’état-major, Steve Thull, l’a accompagnée.
Les deux hauts représentants luxembourgeois ont pris connaissance des derniers développements sur le front de guerre. L’Ukraine a compté, rien que dans la nuit de mardi à mercredi, six missiles et 145 drones de combat russes.
La Russie ne semble en rien intéressée à réduire ses attaques sur le territoire ukrainien. Dans ces conditions, le soutien militaire de la part des alliés européens devient d’autant plus important. La ministre Backes et le général Thull se sont vus présenter les priorités ukrainiennes en matière de soutien militaire. Ils ont réaffirmé le «soutien indéfectible» du Luxembourg à Kiev.
Une première enveloppe de 250 millions d’euros
Selon les derniers chiffres, datant de début janvier, le Grand-Duché a investi, depuis le début de la guerre, plus de 250 millions d’euros pour soutenir l’Ukraine au niveau militaire. «Nous avons livré une grande variété d’armes, de munitions et d’équipements, dont des mitrailleuses lourdes, des missiles antichars, 2 millions de cartouches, des drones d’observation et des équipements médicaux. En 2025, nous continuerons à soutenir l’Ukraine avec ce même niveau d’ambition», avait détaillé la ministre de la Défense à l’occasion d’une réunion de l’«Ukraine Defense Contact Group».
Depuis Kiev, Yuriko Backes annonce un «soutien additionnel» pour l’Ukraine, sans le chiffrer. Une piste un brin plus concrète est le «renforcement» de la contribution luxembourgeoise dans la «Drone Coalition», qui a pour objectif de fournir un arsenal de drones à l’armée ukrainienne. Au moment de rejoindre cette coalition, en octobre dernier, le Luxembourg s’était engagé à investir près de trois millions d’euros. Ce montant devrait donc être revu à la hausse.
Le gouvernement compte aussi continuer à soutenir activement la transformation digitale des forces armées ukrainiennes, sur base de la «IT Coalition», qui opère sous la direction du Grand-Duché et de l’Estonie. Une première enveloppe de 17,5 millions d’euros a été consacrée à cette coalition capacitaire.
Un autre accent de la visite à Kiev fut la visite d’entreprises ukrainiennes. La ministre de la Défense a pu discuter avec la vice-ministre des Industries stratégiques, Anna Gvozdiar, des opportunités pour engager une coopération bilatérale au niveau industriel et économique.
«La sécurité et la défense européenne commencent en Ukraine», rappelle Yuriko Backes, citée dans un communiqué. Le soutien additionnel promis à Kiev va s’ajouter à l’augmentation de l’effort de défense global du Luxembourg. Le gouvernement compte trancher d’ici au mois de juin et dire quelle sera la trajectoire budgétaire pour aller au-delà de l’objectif d’un investissement de 2 % du revenu national brut (RNB), soit 1,5 milliard d’euros, à atteindre en 2030.
Frieden : «Être préparé à tous les scénarios»
En parallèle, l’UE continue à travailler activement sur le réarmement du Vieux Continent. «Nous avons besoin d’une défense européenne plus forte. Nous avons besoin d’un marché unique, proposé dans le cadre du Livre blanc de la Commission. Il faut agir sur l’interopérabilité, les achats en commun et une production européenne», a souligné, hier, le Premier ministre luxembourgeois, Luc Frieden, à son arrivée au sommet européen à Bruxelles.
Interrogé sur la menace russe, il a dit refuser d’«établir des scénarios de guerre que nous ne pouvons pas maîtriser». Par contre, l’Europe «doit être préparée à tous les scénarios. On a vu la Russie attaquer la Géorgie en 2008, puis la Crimée en 2014 et l’Ukraine dans son ensemble en 2022. Une nouvelle attaque n’est donc pas à exclure.» Le réarmement ne servirait pas «à mener une guerre, mais à renforcer la dissuasion».
Interrogé hier matin sur la chaîne allemande ZDF, Luc Frieden a aussi mis en perspective un «embryon d’armée européenne». «Il faut s’assurer que l’Ukraine, après un accord de paix que nous souhaitons tous, bénéficie des garanties de sécurité nécessaires. Il ne suffit pas de le dire, mais il faut établir ces garanties grâce à des moyens militaires», développe le Premier ministre. La dissuasion doit être telle que la Russie n’attaque ni l’Ukraine, ni un autre pays européen.