La venue du roi des Pays-Bas au Luxembourg est l’occasion pour les deux pays d’échanger sur les innovations en matière d’économie circulaire, sur laquelle mise beaucoup les Hollandais. Notre reportage à Rotterdam.
Résolument engagés sur la voie d’un développement plus durable, les Pays-Bas ne manquent pas d’initiatives afin de favoriser une consommation plus sobre et responsable des ressources, laquelle privilégie avant tout l’utilisation de matières issues du recyclage. C’est l’économie circulaire, qui prône un idéal d’avenir zéro déchet.
Le changement climatique est pris très au sérieux par les Néerlandais. Il faut dire que 26 % du territoire est situé sous le niveau de la mer. «Une montée des eaux ne concernerait pas uniquement les côtes, mais exercerait également une pression sur les fleuves», signale Jean-Marc Hoscheit, ambassadeur du Luxembourg aux Pays-Bas.
De fait, le pays tout entier, déjà connu pour promouvoir un mode de circulation plus doux, limitant ainsi les émissions de CO2 – il y aurait 18 millions de vélos pour 17 millions d’habitants – mise sur l’innovation et les idées parfois surprenantes de jeunes talents ambitieux et écosensibles pour mettre en place les modes de consommation de demain.
Un vieil immeuble en incubateur d’entreprises
C’est ainsi qu’à Rotterdam, sur les rives de la Nouvelle Meuse, un vieil immeuble qui accueillait autrefois un centre aquatique avec piscine et boîte de nuit, a été transformé en incubateur d’entreprises tournées vers l’économie circulaire.
On y croise ici la Better Future Factory, entreprise de design durable qui réutilise les déchets plastiques retrouvés dans les océans pour en faire du filament d’impression 3D et créer ainsi gobelets, pots de fleurs ou écouteurs branchés. Et même du faux marbre, obtenu lui à partir de bouteilles en plastique en Afrique. Plus loin, chez Fruitleather, fini le cuir animal, voici venu le temps du cuir de mangue. Baskets et pochettes ne sont pas exemptes d’une odeur plutôt agréable d’ailleurs.
Le concept de nouveaux matériaux est même poussé à l’extrême chez le voisin BlueCity Lab. «Ici, c’est « l’étape d’après ». On fait pousser les matériaux du futur», explique Emma van der Leest, biodesigner. «Nous développons, par exemple, des emballages à partir de champignons, qui remplacent le plastique. L’entreprise Dell s’en sert déjà pour emballer les ordinateurs.»
Lieu de vie aussi
Restaurants qui proposent des mets (succulents) à partir d’aliments qui auraient dû être jetés par d’autres établissements, vêtements fabriqués à partir des fibres extraites de la bouse de vache (initiative de l’entrepreneuse basée à Eindhoven Jalila Essaïdi), bijoux ornés de pollution aérienne compressée (une idée originale de l’artiste Daan Roosegaarde)… Les domaines dans lesquels nous pouvons réduire notre empreinte écologique semblent infinis.
À une autre échelle, ce sont des espaces de vie entiers qui sont repensés pour améliorer la vie de la population et la qualité de l’environnement. Ainsi, à Maastricht, un tunnel long de 2,3 km, le tunnel A2, dit le «tapis vert», a permis d’enterrer la circulation sous la ville, désengorgeant les routes et réduisant ainsi de 80 % la pollution atmosphérique.
Une foultitude d’initiatives dont certaines sont susceptibles d’inspirer des entrepreneurs luxembourgeois pour aller encore plus loin dans la préservation de l’environnement.
Aux Pays-Bas, Tatiana Salvan