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En finir avec les logements inoccupés au Luxembourg


Selon déi Lénk, des milliers d’immeubles et de maisons sont inoccupés au Grand-Duché. (photo Fabrizio Pizzolante)

Déi Lénk a développé un arsenal de mesures dissuasives ou incitatives pour en finir avec les logements vides, alors que le pays traverse une crise du logement sans précédent.

L’immeuble situé avenue de la Liberté à Luxembourg en face de l’arrêt de tram Place-de-Paris est inoccupé «depuis belle lurette» – en l’occurrence cinq à dix ans. À l’instar de milliers d’autres bâtiments dans le pays, selon déi Lénk. Un comble quand on sait la gravité de la crise du logement que traverse le Grand-Duché, où la spéculation fait rage, faisant exploser les prix du marché et glisser dans la pauvreté des personnes aux revenus modestes. Révoltée par la situation, déi Lénk a mené une nouvelle action hier dans la capitale, après une première, fin février, à Differdange.

Plusieurs membres de la Gauche ont ainsi distribué des tracts et affiché une bannière sur la façade de l’immeuble en question énumérant les sept mesures d’urgence que le groupe propose pour faire face à la crise du logement. «Au Luxembourg, ce ne sont pas les logements qui manquent. Ce sont les logements abordables qui manquent, alors que les places sont disponibles maintenant!», a souligné le porte-parole de déi Lénk, Gary Diderich. Voici les mesures :

1. Garantir le droit au logement

En cas de procédure d’expulsion par un propriétaire, les autorités locales devront tout mettre en œuvre pour garantir un logement aux personnes expulsées. Si aucune alternative n’est possible, la commune est responsable de maintenir le locataire dans les lieux en compensant le propriétaire.

2. Agrandir d’un coup le parc locatif communal

Chaque commune prendra deux logements minimum en location sur le marché privé par tranche de 1 000 habitants. Avec cette mesure, qui ne coûtera rien aux communes en vertu d’une circulaire de 2015, 600 personnes pourraient être rapidement logées, pour moitié des personnes ayant droit aux aides au logement locatif et, pour l’autre moitié, les bénéficiaires de protection internationale.

3. Taxer les logements inoccupés

La taxe existe déjà, mais elle n’est pas mise en œuvre. Il faudrait pour cela recenser les logements inoccupés ou à l’inverse instaurer la taxe d’office : les propriétaires devront alors prouver qu’ils investissent le logement pour que la taxe ne soit pas appliquée. Une mesure dissuasive qui permettra de limiter la spéculation, mais évitera également de laisser des logements vides en mauvais état faute d’entretien.

4. Réquisitionner temporairement les logements disponibles

Aux grands maux, les grands remèdes! Grâce à une loi de crise, les logements vides pourraient aussi être réquisitionnés et mis sous gestion publique : ces logements seront alors rendus habitables, puis loués aux personnes bénéficiant de l’aide locative. Une fois que les loyers auront permis d’absorber les coûts d’affectation, le contrat de location repassera au propriétaire du bien.

5. Réaffecter les bureaux et commerces inutilisés

Des concepts d’habitation temporaire pourraient être développés sur ces surfaces. Une taxe progressive pourrait aussi être introduite pour les surfaces inutilisées.

6. Mobiliser les terrains à bâtir

Là encore, une taxe existe qui permet aux communes de taxer les terrains à bâtir, mais elle n’est pas suffisamment appliquée. Pour éviter cette taxe, déi Lénk proposerait aux propriétaires de ces terrains inutilisés de les mettre à la disposition de projets d’habitation temporaire, grâce à la construction modulaire.

7. Réaffecter les terrains facilement constructibles

Déi Lénk propose enfin de créer des habitations sur les terrains publics constructibles qui sont utilisés comme parkings, notamment avec des modules d’habitation emboîtables, démontables et réutilisables. D’autant que l’existence de ces parkings incite les employés à venir au travail en voiture, estime la Gauche, ce qui va à l’encontre d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Certaines communes ont déjà ouvert la voie, comme Differdange ou Schuttrange, fait savoir Gary Diderich, en rachetant et rénovant d’anciens immeubles pour les proposer ensuite à des personnes dans le besoin. Mais la démarche reste encore trop ponctuelle. D’autant qu’avec la guerre en Ukraine et l’afflux de réfugiés qui vont inévitablement nécessiter des logements, la tension va aller encore croissant.

Les personnes qui souhaitent partager leur problème de logement peuvent le faire via le hashtag #brauchengWunneng. Rendez-vous sur la page Facebook «Ech brauch eng Wunneng».