Loin des paillettes et des gains éphémères, les employés d’un casino sont les rouages essentiels d’une entreprise qui ne dort jamais. Le temps d’une matinée, nous avons suivi le quotidien de ceux qui travaillent au cœur de cette machine à divertissement à Mondorf-les-Bains.
Alors que les premiers visiteurs doivent arriver dans quelques heures, les employés du casino de Mondorf-les-Bains s’activent déjà en coulisses. Entre les machines à sous déjà allumées et les tables de jeu vides, les femmes de ménage s’empressent de tout finaliser avant l’heure d’ouverture prévue pour 10 h.
Si l’établissement a fermé ses portes depuis quelques heures, dès l’aurore, ces employées de l’ombre sont déjà sur le qui-vive pour permettre d’accueillir au mieux le public. Mais elles ne sont pas les seules.

Les techniciens des machines à sous contrôlent très régulièrement chaque borne.
Parmi les salariés matinaux de ce temple du jeu, on trouve également les techniciens des machines à sous. Dans l’une des salles du casino, nous retrouvons Éric et Julien. Ce matin-là, les deux employés ont pour mission de déplacer un automate permettant aux visiteurs de recharger leur gain. Mais leur travail ne s’arrête pas là.
Avant l’ouverture au public, ils doivent gérer les éventuelles réparations ou pannes des machines à sous. «Cela peut être un bouton ou un écran cassé, un billet coincé. C’est très varié», explique Éric, responsable de l’équipe technique du Casino 2000. À ce travail, s’ajoutent aussi les opérations de maintenance préventive.
«Cela peut être des remplacements des freins, des boutons, des chaises. On s’assure que tout fonctionne et que le jeu est en bon état de marche. Avec un total de 420 machines à sous, on a beaucoup de travail», ajoute le responsable de l’équipe technique. Après ces opérations, les techniciens restent présents en salle en journée jusqu’à la fermeture de l’établissement.
«Notre rôle est d’accompagner les clients s’ils ont des questions sur le fonctionnement d’une machine. Nous pouvons également intervenir durant la journée s’il y a une panne sur une machine. Il y a évidemment des roulements au sein de l’équipe», précise Julien, technicien.
Pour ces deux employés de l’ombre du casino de Mondorf-les-Bains, œuvrer dans l’univers particulier de ce secteur reste une vraie passion. «Cela fait 17 ans que j’y travaille et je dois l’avouer, je ne les ai pas vus passer. Ce n’est pas du tout répétitif. On ne s’ennuie jamais, il y a toujours des nouveautés, c’est en constante effervescence. Il n’y a pas une journée comme une autre», confie Éric.
Pour pouvoir exercer ce métier atypique, ce Français d’origine a suivi une formation en interne. «Nous avons tous une qualification technique de base. On s’est ensuite spécialisés directement sur les machines à sous. Et il faut dire qu’ici, nous en avons une très grande variété», indique-t-il.
Si ces techniciens connaissent tous les rouages de ces bornes de jeux, il est impossible pour eux de connaître le numéro gagnant. «C’est la question que tout le monde nous pose. Et non, nous ne savons rien. Puisque tout se passe directement dans le jeu», sourit Éric.
«Je n’avais pas l’impression de travailler»
À quelques minutes de l’ouverture, nous croisons Henri, le «gaming manager» du casino. Ce passionné qui pourrait «parler pendant des heures de son métier» a un rôle clé dans ce temple du divertissement. Il supervise, en effet, le bon déroulement des opérations de jeux, une partie du personnel et les relations avec les clients.
«C’est un travail de contrôle, de respect des procédures et des règlements. Que ce soit pour les jeux ou l’installation d’une machine à sous, tout est encadré par la loi. On ne peut pas faire ce que l’on veut dans un casino», souligne-t-il.
Avant d’exercer ce rôle de superviseur, Henri a débuté en tant que croupier au Casino 2000. «À mes débuts en 1995, j’ai commencé sur une table de roulette que l’on appelait à l’époque la roulette française. On travaillait avec des râteaux. C’était un peu l’image du croupier que l’on voit dans les films. Je me souviens que je devais porter obligatoirement un smoking. Pour entrer dans la salle, les clients devaient aussi porter un costume (…). Je n’avais même pas l’impression de travailler. C’était presque de l’amusement», se remémore-t-il.

Avant d’être d’exercer la profession de «gaming manager», Henri a été croupier puis chef de salle pendant plusieurs années.
Il faut dire qu’en 30 ans, l’univers du casino a nettement évolué. «Il y a eu de grands changements et plus récemment avec la période covid. Aujourd’hui, même si les jeux dits traditionnels comme le black jack ou la roulette restent très appréciés, les machines à sous, sont les plus plébiscitées. Et depuis quelques années, les visiteurs sont très friands des versions électroniques», explique Henri.
Un basculement du mode de consommation qui a été également influencé par les jeux en ligne. «Cela a amené une vraie concurrence et une remise en question permanente. Malgré tout, je pense que les personnes cherchent chez nous une ambiance qu’ils ne retrouvent pas sur un site. L’aspect sécurisant joue, car il y a beaucoup de jeux en ligne illégaux sur le Net.»
Des mesures de prévention face aux additions
10 h. Les portes du casino ouvrent à peine que les visiteurs affluent déjà dans les allées éclairées par les lumières criardes et clinquantes des machines à sous. Ils sont quelques-uns, ce matin-là, à vouloir remporter le jackpot.
«La clientèle du matin est très différente de celle du soir et du week-end.» Mais alors qui sont les visiteurs du Casino 2000? «On a surtout des personnes venant de la Grande Région, notamment de France. Nous avons également de plus en plus de personnes originaires d’Allemagne. Évidemment des Luxembourgeois et quelques Belges», précise le gaming manager.
Des clients avec lesquels les employés peuvent parfois tisser des liens. «Nous avons des habitués. Sur les 360 000 entrées annuelles, nous avons en majorité des personnes venant une à deux par an dans notre établissement», souligne Henri.
Que ce soient les croupiers ou les responsables de salle, tous les employés doivent être vigilants face aux visiteurs ayant une potentielle addiction aux jeux.

Maxime est le seul régisseur technique du casino. Pour préparer au mieux les spectacles, il est entouré d’une équipe de huit personnes, tous des indépendants.
«Nous avons des formations en interne tout au long de l’année sur ce sujet. Nous faisons aussi beaucoup de prévention contre les abus du jeu excessif. On explique clairement aux clients qu’ils ne sont pas ici pour gagner à coup sûr. Il faut savoir que les machines à sous ont un taux de redistribution de 93 %», fait remarquer le gaming manager.
Avec l’expérience, les employés de cet établissement du jeu arrivent rapidement à repérer les personnes souffrant d’une addiction. «C’est un vrai travail d’observation. On peut le voir sur la fréquence des visites, mais aussi sur l’aspect physique et moral. Ces personnes vont commencer à se négliger, ou se renfermer sur elles-mêmes», détaille Henri qui précise que sur le nombre total d’entrées annuelles, une cinquantaine de personnes sont, en moyenne, interdites de jeux.
Il est presque 11 h. Si nous avons toujours l’impression d’être plongés au beau milieu de la nuit, l’ambiance d’un casino en matinée est bien différente de celle du soir. Dans quelques heures, les employés de la vie nocturne viendront remplacer ceux de la journée.
Ce temple du divertissement retrouvera son atmosphère traditionnelle, entre jeux, musique, éclats de rire et de stress. Peut-être que certains s’enthousiasmeront d’avoir gagné le fameux jackpot. Quand d’autres montreront leur déception, d’avoir encore perdu leur mise.
Deux jackpots à une heure d’intervalle
Avec plus de 30 ans de carrière dans un casino, Henri a de nombreuses anecdotes à raconter. «Je me souviens du premier grand jackpot. Un client avait gagné plus d’un million d’euros. Cela avait pris de court tout le monde, car on avait tous oublié le gain, vu qu’il ne tombait jamais.»
Plus récemment, le gaming manager a fait face à une situation un peu insolite. «Une personne a gagné 150 000 euros sur une machine et moins d’une heure plus tard, une autre a remporté sur la borne juste à côté 100 000 euros. Je me suis dit : « Que se passe-t-il? ». Car c’était une situation très inhabituelle.
Cette anecdote montre bien qu’une machine à sous reste du pur hasard. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut contrôler.» Mais, alors, comment réagissent les gagnants du fameux jackpot? «C’est très différent. Certains sont expressifs, d’autres ne comprennent pas qu’ils ont gagné.»
«Las Vegas» au Luxembourg
Seul casino du Grand-Duché, l’établissement de Mondorf-les-Bains a été conçu comme un lieu de divertissement avec en son sein, un hôtel, un restaurant, des bars et une salle de spectacle. Depuis plusieurs années, le Casino 2000 reçoit des artistes de tout horizon et toute nationalité.
Des chanteurs, des comédiens et de nombreux humoristes. Pour superviser et organiser les coulisses de ces spectacles, nous retrouvons Maxime, le régisseur technique de l’établissement de jeu. Son rôle? Se charger de l’installation et la désinstallation de tous les équipements nécessaires pour la production d’un spectacle.
Son, lumière, vidéos, instruments, vidéos… Il doit vérifier à ce que tout soit en ordre avant le début du spectacle et pour les répétitions. Un métier peu commun qu’il a appris sur le tas. «On travaille tard le soir, tôt le matin, il n’y a pas de jour férié, il n’y a pas de Noël, mais c’est une profession passionnante qui n’a pas de routine», confie le trentenaire.