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Empoisonnement au Portugal : Joao dormait sur ses deux oreilles


L’audition de Joao a ajouté de la confusion à la confusion déjà grande.

Il fallait s’en douter, Joao accuse Rosa et Maria d’avoir fomenté seules l’empoisonnement de Marco. Ce dernier ne devait pas revenir du Portugal. Joao assure ne pas s’en être mêlé.

Tout était planifié. Le sort de Marco était scellé. Il devait être empoisonné lors une mise en scène macabre de demande en mariage. Diminué, mais vivant, il a été plongé dans le rio Mondego à Figueira da Foz, au Portugal. Où exactement et par qui a-t-il pu être achevé? Rosa prétend que sa mère et elle l’ont poussé et sont parties sans se retourner.

Ce qui ressemble davantage à une scène de film qu’à l’aboutissement d’un plan méticuleux, selon la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Mais depuis une semaine maintenant, les deux femmes nous ont habitué aux contradictions pour noyer le poisson face aux éléments objectifs du dossier.

Un rire tonitruant fige la salle d’audience, hier matin. Le tribunal diffuse une conversation téléphonique entre la mère et la fille dans laquelle Rosa demande à sa mère si elle devra balancer son compagnon dans la Moselle. Ensuite, l’audition de Maria reprend. Elle répond tout et son contraire dans une même phrase tout en assurant être l’innocence même. «Juste une vieille femme malade.»

La doyenne prétend à présent que Rosa a commis le crime avec Joao. Au départ, assure-t-elle, elle se serait accusée pour protéger sa petite-fille parce que Joao l’aurait menacée. Rien ne colle dans son récit. Il faut dire que les quatre prévenus ont livré différentes versions toutes plus contradictoires les unes que les autres au fil de l’instruction. Maria en rajoute à la barre.

«Votre récit est différent à chaque fois!», constate la présidente après une énième nouvelle version d’un même épisode. «Si j’ai dit cela, alors c’est que j’ai dit n’importe quoi», répond Maria. «Nous commençons à nous en rendre compte depuis une semaine», continue la juge. «J’aurais pu suivre le même chemin que Marco», conclut à mi-voix la prévenue qui charge son ancien compagnon, cerveau de l’affaire, selon elle.

Un aller simple pour Marco

«Rosa m’a demandé si je connaissais un poison qui ne laisse pas de traces. Maria lui a suggéré de lui donner le poison contre les scarabées», rapporte Joao qui dévie un brin «de sa cinquième audition auprès de la police». Les deux femmes lui auraient dévoilé leur projet le 29 juin 2021.

«Rosa m’avait souvent dit que Marco ne reviendrait pas vivant de leurs vacances au Portugal», confie le prévenu qui a laissé les choses se passer bien que Rosa lui ait assuré trouver un intermédiaire pour acheter le poison. «Je ne la croyais pas capable de passer à l’acte.»

Lui non plus n’est pas à une contradiction prêt. «Rosa a dit que nous allions tuer Marco», dénonce le prévenu. «Moi, je n’ai rien à voir là-dedans. Le fils de Rosa non plus.» Interrogé sur les faits eux-mêmes, il prétend ne plus se souvenir de tout. Il assure cependant que Rosa aurait mis de l’acide sulfurique dans la sangria de Marco avant de recourir à l’insecticide. Il ne l’a pourtant pas prévenu. «Je savais qu’il ne la boirait pas à cause du mauvais goût.» Il pensait que Rosa arrêterait ses tentatives de se débarrasser de lui. Ou que Rosa voulait juste lui faire peur et qu’elle n’irait pas «jusqu’au bout».

Rosa et sa mère l’accusent pourtant d’avoir versé le poison dans le verre de Marco. «Elles jouent une pièce de théâtre», pense Joao. «Vous en faites partie», signale la juge. «Oui, mais moins», répond le prévenu.

Dernière cigarette

Le soir des faits, il se serait endormi et n’aurait pas bougé de la nuit jusqu’à ce que Maria lui avoue que Rosa avait empoisonné Marco et avait besoin d’aide pour déplacer le corps. «J’ai refusé, alors elle a dit qu’elle allait demander à Marco Antonio. Moi, je me suis endormi.»

Sans se poser de questions ou «aller vérifier dans quel état se trouvait Marco, prévenir la police ou essayer de le conduire à l’hôpital», s’étonne la présidente. «Vous avez continué de dormir. C’est une réaction tout à fait normale.»

Le prévenu qui a profité du week-end pour aller chez le coiffeur, a prétendu : «je ne pouvais pas parler, je crois que mon ancienne compagne m’a jeté un sort.» Une croix trouvée lors d’une promenade l’aurait libéré du sort, indique celui qui a passé neuf mois en psychiatrie après le crime auquel il est suspecté d’avoir participé.

Pour la juge, il est plus probable que Rosa et Joao se soient débarrassés de la victime plutôt que la mère et la fille. Notamment parce que le prévenu est en meilleure forme physique que Maria.

Joao se défend en assurant que l’endroit où il a été mis à l’eau est facilement accessible en voiture et que les deux femmes peuvent facilement l’avoir poussé en bas d’une volée de marches. «Il ne faut pas nécessairement descendre les marches.» «C’était là où Maria m’avait conseillé d’aller à la pêche. Tout le monde connaissait l’endroit.»

Rosa aurait ensuite, ajoute-t-il, fumé une cigarette «pour s’assurer que Marco ne revienne pas».

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