Le quinquagénaire est poursuivi pour avoir filmé ses collègues féminines à leur insu dans les vestiaires de la banque pendant près de deux ans, entre mai 2014 et avril 2016.
« Il a installé de façon régulière une caméra camouflée dans les vestiaires. Il a sauvegardé les films et les a visionnés. Il a effectué le tri de ces images. C’est un nombre exorbitant d’enregistrements de femmes en train de prendre leur douche. » Pour le parquet, il n’y a pas de doute. Le prévenu de 53 ans a atteint à la vie privée de ses collègues. Une partie du matériel informatique saisi contenait également les images d’une fille âgée à l’époque de sept ans. «On veut nous faire croire que c’est un hasard qu’il détenait ces films. Mais tel n’est pas le cas.» Car selon le premier substitut, il était au courant qu’il n’avait pas le droit de visionner des images avec des enfants.
Il s’avère qu’en mars 2016, le quinquagénaire a déjà été condamné pour détention, consultation et diffusion de matériel pédopornographique. À l’occasion d’une perquisition en mai 2014, 2 490 images et 3 456 films à caractère pédopornographique avaient été retrouvés sur l’ordinateur à son domicile. Il avait écopé de trois ans de prison assortis d’un sursis probatoire avec l’obligation notamment de faire soigner ses tendances pédophiles.
«Sa première affaire n’a rien changé en lui»
«Cela n’a rien changé, constate le premier substitut. Toute la procédure de la première affaire n’a eu aucune conséquence sur lui.» Le parquet souligne que trois jours seulement après le passage de la police judiciaire à son domicile en 2014, il a commencé avec les enregistrements dans les vestiaires.
Également présente lors du premier procès, la représentante du parquet a un fort doute quant au sérieux de son repentir. Elle rappelle qu’à l’époque, le prévenu avait livré la même explication, son «besoin de collectionner». Elle poursuit : «Il a fait tout cela pour apaiser ses propres pulsions sexuelles perverses.»
Le prévenu est également poursuivi pour avoir détenu et sauvegardé au moins 139 images et 21 films à caractère pédopornographique. Les enquêteurs n’ont toutefois pas pu retracer leurs dates d’enregistrement. Le parquet se rapporte donc à la prudence du tribunal pour ce qui concerne ces faits.
En tout début d’audience mardi, la parole était à l’avocat à la défense du prévenu. Il a parlé d’un procès éprouvant tant pour les victimes que pour son client. Me Gilles Boileau note que son client a effectué les enregistrements à titre purement personnel. Quant aux 129 images et 21 films à caractère pédopornographique retrouvés sur un disque dur, il les conteste. Il considère qu’ «il est probable que le matériel constitue un résidu de la première affaire que les enquêteurs n’avaient pas trouvé». Comme il a déjà été condamné pour de tels faits, l’action publique devrait être déclarée irrecevable.
Prononcé le 18 mai
Me Boileau estime que son client a déjà été sévèrement sanctionné notamment par sa procédure de licenciement et ses cinq mois passés en détention préventive. Il demande une peine juste et adéquate assortie d’un sursis afin qu’il puisse continuer à suivre son traitement. Enfin, il ne conteste pas la demande d’indemnisation des parties civiles pour le préjudice, mais le quantum. Pour rappel, les 45 parties civiles réclament un total de 181 925 euros à titre du préjudice moral.
Pour le parquet, la seule circonstance atténuante à retenir est son altération du discernement, l’article 71.1 du code pénal, retenu par l’experte psychiatre. Le premier substitut requiert trois ans de prison et une amende appropriée à l’encontre du prévenu ainsi que la confiscation de tout le matériel saisi.
Comme la semaine passée, le prévenu a usé beaucoup de mouchoirs pour essuyer ses larmes, mardi matin. À la toute fin de l’audience, il a indiqué vouloir présenter ses excuses aux victimes. «Même si on ne me croit pas, il y a vrai changement aujourd’hui. Je suis vraiment sur la bonne voie», a-t-il dit la gorge serrée.
La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 18 mai.
Fabienne Armborst