Le Luxembourg devra recruter 335 000 nouveaux actifs d’ici à 2040 pour maintenir sa croissance.
Plus de talents pour face au vieillissement de la population. Ce mardi, la Chambre de commerce a dévoilé ses 34 recommandations pour renforcer l’attractivité des futurs actifs du Luxembourg.
Selon l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS), 335 000 recrutements (tous secteurs confondus) seront nécessaires d’ici à 2040 pour remplacer les futurs pensionnés et pour pouvoir les nouveaux postes créés. Le pays passera ainsi à 645 000 actifs au total.
Alors où trouver ces nouveaux talents ? «Aujourd’hui, le pays est incapable de produire tous les talents nécessaires au niveau national. L’immigration internationale est indispensable pour répondre à ces défis», souligne Karin Scholtes, présidente du groupe de travail Talents de la Chambre de commerce.
Si aujourd’hui, la plupart de ces actifs sont originaires des pays frontaliers, dans le futur la situation pourrait bien être différente. En effet, le modèle iconique transfrontalier risque de s’essouffler.
«Pour la première fois en 2024, on a vu une réduction du nombre des frontaliers allemands et belges. Le réservoir est en train de s’épuiser. Les évolutions démographiques des pays voisins du Grand-Duché ne sont pas très différentes de celles du Luxembourg, On sera bientôt face à un manque d’un point de vue quantitatif de ces personnes. Il faut aller plus loin. Ça veut dire aussi activer le réservoir européen et activer le réservoir des pays tiers».
«Dans le radar des talents internationaux»
Mais, attirer ces nouveaux talents ne suffit plus. Pour la Chambre de commerce, il faut surtout fidéliser ces futurs actifs. «Nous avons des arrivées importantes au Luxembourg environ 25 000 personnes l’an dernier. Les départs sont aussi nombreux. Plus de 16 000 personnes ont quitté le pays en 2024 (…). Il faut que le pays soit sur le radar des talents internationaux. Nous avons aujourd’hui un déficit d’images qu’il s’agira de contrecarrer», insiste Karin Scholtes.
Pour faire face à cette situation, la Chambre de commerce recommande plusieurs mesures. En premier lieu : la simplification et l’accélération des démarches administratives des talents internationaux.
«C’est souvent le parcours du combattant. Il y a au moins cinq autorités qui sont impliquées dans le parcours administratif d’un talent», souligne la présidente du groupe de travail Talents de la Chambre de commerce. Autre levier : la reconnaissance des qualifications et des diplômes et de la prise en compte de l’Anglais dans les démarches d’intégration.
«En fonction de l’endroit dans lequel la personne a fait ses études, différentes homologations sont nécessaires. Nous sommes d’avis que le Luxembourg fait bien de développer ces démarches et de les rendre plus fluides pour accélérer ce processus d’intégration (…). Concernant l’anglais, elle devient la langue la plus utilisée au travail. Il faudrait la favoriser comme langue officielle et favoriser le luxembourgeois comme langue d’intégration», ajoute Karin Scholtes.
L’IA comme levier
Dans le but d’intégrer au mieux de ces futurs talents, la question de la famille est aussi primordiale. «Changer de pays n’est pas une décision isolée d’une seule personne, mais d’une famille. Nous travaillons avec plusieurs acteurs dont le ministère de l’Économie sur un programme d’accompagnement pour aider justement les conjoints de talents étrangers à s’insérer dans le pays et sur le marché du travail».
Les 155 000 nouveaux actifs pourront se confronter au problème du logement qui freine, aujourd’hui, l’attractivité du Luxembourg. «Ce groupe de travail ne s’est pas penché de manière explicite sur le logement. C’est une thématique plus large et qui a été abordée à d’autres niveaux», poursuit Karin Scholtes.
Pour accroître cette productivité et réduire la pression sur les recrutements, la Chambre de commerce recommande également l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Selon le ministère du Travail, 6 % des emplois actuels pourraient disparaître sous l’effet de l’automatisation et 70 % vont se transformer. «L’IA permettra d’obtenir des gains de productivité conséquents», appuie Karin Scholtes.
Plusieurs projets sont en cours de développement et verront le jour dans les mois à venir. Mais face à ces recommandations, d’autres défis attendent la Chambre de commerce.
«Il est quand même difficile d’établir une stratégie nationale des talents si nous ne disposons pas d’une nomenclature unique quant aux besoins. Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est un référentiel des besoins qui permettrait au Luxembourg de véritablement travailler sur une stratégie digne de ce nom», poursuit la présidente du groupe de travail Talents de la Chambre de commerce.