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Emploi des seniors : la nécessité de faire évoluer les mentalités


Quatre-vingt pour cent des experts du recrutement estiment que les seniors ne sont pas assez valorisés. 

L’UEL publie ce jeudi les résultats de son dernier baromètre de l’emploi et zoome sur l’emploi des seniors. Des candidats qui pourraient tout changer.

«Le Luxembourg a besoin de plus de seniors au travail», c’est le constat dressé par l’UEL après l’analyse des résultats du troisième baromètre de l’emploi auprès des cabinets de recrutement et des recruteurs. Depuis plusieurs années, la situation socioéconomique du Luxembourg change. Une évolution générée notamment par le vieillissement démographique et la diminution de la disponibilité de la main-d’œuvre. L’UEL note qu’aujourd’hui, au Grand-Duché, moins d’une personne sur deux travaille, parmi les 55-64 ans, contre presque 70 % en moyenne dans les pays de l’OCDE.

Une perte pour le monde actif qui pourrait être comblée par une sensibilisation des employeurs, une évolution de la mentalité des seniors et une amélioration des dispositifs financiers. Ces conclusions ont été posées à la suite d’une enquête sur le recrutement de nos aînés réalisée par l’UEL en collaboration avec les associations de professionnels du recrutement et des ressources humaines au Luxembourg, la fr2s (Federation for Recruitment Search & Selection), HR Community et FES (Fedil Employment Services).

Des candidats flexibles

Du côté des employeurs, cette enquête montre que leur perception des seniors est encore minée par des réflexes d’autocensure où ils ne voient pour nos aînés qu’une très faible diversité de postes. Par exemple, elle met la lumière sur le fait qu’ils envisagent principalement les seniors pour des rôles d’encadrement bien souvent associés à des niveaux de salaire trop élevés. Pour 54 % des experts RH, le coût a priori des seniors constitue le principal frein des entreprises à les rencontrer et les embaucher.

Une fausse piste puisque les données recueillies par l’UEL montrent que les seniors aspirent parfois à occuper un poste opérationnel sans aucune vocation particulière à diriger une équipe. Ces derniers se veulent lucides sur leur valeur sur le marché à un instant donné, pointe l’UEL. «Les seniors peuvent avoir des attentes salariales plus modérées, notamment parce qu’ils sont dans une nouvelle étape de leur vie, ont déjà sécurisé certains aspects personnels ou souhaitent se concentrer davantage sur le contenu et la signification d’un poste que sur sa rémunération.»

Autre point à améliorer côté employeurs, leur connaissance des dispositifs favorisant l’embauche ou le maintien en emploi des seniors. Selon les chiffres de l’enquête publiée par l’UEL, un expert du recrutement sur trois ignore l’existence de ces mécanismes et un quart d’entre eux estime que ces dispositifs sont actuellement insuffisants.

Un enjeu stratégique

S’ils ont des qualités comme la fiabilité et la stabilité et que 80 % des experts du recrutement estiment qu’ils ne sont pas assez valorisés, les seniors peinent encore à trouver un emploi au Grand-Duché. Pour l’UEL, il s’agit là «d’un enjeu stratégique, essentiel pour préserver à la fois le développement économique et le modèle social. Il concerne tous les acteurs, qui doivent s’impliquer et agir positivement à leur niveau».

Le baromètre en quelques chiffres

– En 2024, la première motivation des candidats qui souhaitent un changement d’emploi est l’évolution de carrière (46 % en 2024). En 2023, l’argument principal était le salaire (41 % en 2023).

– Le télétravail (54 % l’ont placé en première position) et la voiture (38 % l’ont placé en première position) sont les deux avantages les plus cités par les candidats.

– Cinquante pour cent des cabinets de recrutement rejoignent l’idée que les freins à la possibilité de faire du télétravail, notamment les limites fiscales, réduisent la capacité du Luxembourg a attiré des non-résidents.

– En moyenne, la baisse du nombre de missions de recrutement entre 2023 et 2024 est de 30 %.

– En 2024, les secteurs les plus concernés par les missions de recrutement restent la finance et ensuite l’industrie.

– Alors qu’en 2023 moins d’un cabinet sur deux évoquait l’indexation des salaires au Luxembourg pour attirer les candidats de l’étranger, ce chiffre baisse encore en 2024 pour atteindre à peine 20 %.