Lisa s’y est mal prise et s’est fait prendre. Apparemment naïve, mais de bonne volonté, elle a tenté son coup de manière totalement irréfléchie par amour pour un «vilain garçon».
Pour éviter à son ancien petit ami d’être passé à tabac en prison, Lisa a tenté de faire entrer des stupéfiants au centre pénitentiaire. La jeune femme de 18 ans avait caché l’herbe dans son soutien-gorge et a été repérée par un chien policier au passage d’un contrôle de sécurité.
«Lucas m’avait demandé plusieurs fois de lui procurer de la drogue. Il m’a donné un numéro de téléphone. Je devais envoyer un point. Tout était organisé. Je l’ai fait par amour», a expliqué l’étudiante. Elle s’est rendue à Esch-sur-Alzette pour récupérer le paquet de Bilel. «Le paquet sentait le cannabis. Bilel m’a conseillé de l’introduire dans mon vagin pour passer les contrôles. Il était hors de question que je fasse une telle chose», s’est offusquée la gamine.
«Comme j’étais le seul de mon bloc à recevoir des visites, un groupe de personnes m’a menacé de coups si je refusais de leur fournir des stupéfiants», raconte Lucas qui refuse de confier l’identité de ses maîtres chanteurs. «Il y a des gardiens et des caméras en prison. Ce n’est pas une excuse pour y faire entrer de la drogue», lui répond le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg qui croit en une fausse excuse. «Il n’y a pas de caméras dans les douches», rétorque le jeune homme de 19 ans.
Bilel, 19 ans également, a, après avoir contesté, finalement reconnu avoir remis les 30 grammes de cannabis à Lisa. «Je ne savais pas qu’elle allait les faire entrer en prison», se défend le prévenu, qui se présente comme un intermédiaire et essaye «d’esquiver la circonstance aggravante» d’avoir tenté de faire entrer de la drogue en prison.
L’ancien couple regrette et affirme «ne pas avoir pensé aux conséquences» de son acte. Le trio encourt une peine minimale de 24 mois de réclusion. Le procureur les a requis à l’encontre de Lisa et ne s’est pas opposé à un sursis intégral. Il a requis 36 mois à l’encontre de Lucas «qui l’a mise sous pression» et 46 mois à l’encontre de Bilel dont une partie avec sursis. Le jeune homme était également entendu hier pour un vol avec violence en gare d’Esch-sur-Alzette dont il ne reconnaît pas être l’auteur. Il prétend uniquement avoir séparé deux personnes qui se battaient. «Vous êtes le Zorro d’Esch-sur-Alzette», a constaté le juge rigolard.
«Pas une partie de plaisir»
Le cannabis n’est jamais arrivé à destination. Lucas a malgré tout l’air en forme. À l’époque des faits, il purgeait une peine de six mois de prison pour une tentative de cambriolage dans une maison. Il avait été condamné à 36 mois dont 30 mois avec sursis. Ils risquent de tomber, s’il est à nouveau condamné. Son avocat, Me Knaff, essaye de lui éviter un passage prolongé derrière les barreaux en plaidant en faveur d’une peine en dessous du minimum légal ou de travail d’intérêt général.
La prison n’est, selon l’avocat, «pas une partie de plaisir». «Tout ne s’y passe pas toujours conformément à la loi», a-t-il attesté, faisant allusion à la violence, au racket entre bandes, aux stupéfiants et aux téléphones en circulation sous le manteau, entre autres. «Nous, avocats, sommes souvent à des audiences disciplinaires», poursuit-il. «La prison est aussi une zone de non-droit.» Un univers dans lequel le jeune homme de 19 ans a dû faire ses armes alors qu’il était considéré comme «un souffre-douleur». Il n’aurait pas commandé le cannabis dans un but lucratif, mais pour échapper aux mauvais traitements.
«À qui profite le crime ?», interroge quant à lui Me Baulisch. Sa cliente n’en a retiré que des ennuis et a mis son avenir professionnel en péril. L’avocat a plaidé en faveur d’une suspension du prononcé ou d’une simple peine d’amende pour lui éviter un retour en prison après huit jours de détention préventive très mal vécus.
Me Raffa a interrogé le tribunal : «Faut-il les pénaliser avant leur entrée dans la vie adulte ?». Il a plaidé l’acquittement de Bilel pour le vol avec violences faute de preuves tangibles et s’est rapporté à sagesse du tribunal quant à la peine à prononcer, insistant uniquement sur un sursis partiel ou intégral. La victime présumée de Bilel n’était plus du tout formelle à la barre et n’a pas souhaité se porter partie civile, ce qui, pour l’avocat, devrait être suffisant pour éveiller le doute dans l’esprit des juges.
Le prononcé est fixé au 22 mai.