À l’époque des malversations, la prévenue était cheffe de la filiale au Windhof. Lundi matin, elle était convoquée devant le tribunal correctionnel.
«J’avais des problèmes financiers. J’ai détourné l’argent. J’ai toujours voulu rembourser cet argent, mais cela n’a jamais fonctionné. Je suis tombée dans un cercle vicieux…»
Pendant près de trois ans, la jeune femme, âgée aujourd’hui de 32 ans, avait régulièrement détourné de l’argent à Post. Alors cheffe de filiale au Windhof, elle avait exploité le système informatique à l’occasion de certains transferts d’argent. Lorsque l’argent transite d’un bureau à un autre, il passe par un «pool» appelé transfert en suspens avant d’atterrir dans la caisse destinataire. Or, régulièrement, la somme n’y arrivait pas. Par contre, elle atterrissait dans les poches de la salariée.
C’est au printemps 2018, lors d’un contrôle de caisse au Windhof, qu’un auditeur externe avait constaté les irrégularités. Des vérifications plus poussées avaient permis de remonter aux premières malversations. La jeune femme avait détourné des montants à partir du printemps 2015, soit quelques semaines seulement après qu’elle était devenue cheffe de filiale. En tout, elle avait encaissé près de 65000 euros.
À entendre la prévenue, lundi matin, à la barre, l’idée ne venait pas d’elle : «C’était bien connu chez Post que certains chefs de filiale profitent de cette pratique. Par exemple, en attendant le paiement de leur salaire. Ensuite, ils remboursent tout.»
Du côté de la prévenue, il n’y avait toutefois eu que très peu de remboursements. Lors de l’analyse des mouvements de compte par la police judiciaire informée par l’inspection générale de Post, il s’était avéré qu’une grande partie de l’argent détourné servait à payer ses vacances.
Des voyages à Miami, Las Vegas…
Ses problèmes financiers, dont elle avait fait état lors de son audition, ne semblent pas l’avoir empêchée de voyager au bout du monde : Miami, Las Vegas, Bahamas, Kuala Lumpur…
«C’est alarmant que cela ait pris trois ans pour détecter les détournements. S’il n’y avait pas eu cette faille et si le contrôle avait été meilleur du côté de Post, les dégâts n’auraient pas été élevés», a estimé son avocat, Me Santos Mendes, dans sa plaidoirie.
«La faille ne peut être retenue comme excuse», a répliqué le représentant du parquet. Il relève que jusqu’à présent la trentenaire n’a toujours pas commencé à rembourser alors que les faits sont connus depuis plus d’un an. Il a demandé de la condamner pour détournement d’argent public et vol domestique et a requis 18 mois de prison assortis du sursis probatoire avec l’obligation de rembourser la société, qui s’est constituée partie civile endéans cinq ans.
Après les faits, la prévenue a été licenciée pour faute grave. Elle travaille aujourd’hui dans une autre administration. Prononcé le 23 mai.
F. A./LQ