Pour accompagner les élèves présentant des besoins spécifiques, le ministère de l’Éducation nationale a mis en place un dispositif permettant une détection précoce des troubles.
Les troubles auditifs et langagiers, du développement moteur, de la vue ou encore de l’apprentissage peuvent affecter la scolarité des élèves qui en sont touchés. «Toutes ces capacités sont les instruments de l’école et de l’apprentissage. Ces troubles, s’ils ne sont pas diagnostiqués, peuvent poser problème dans le développement personnel et le parcours scolaire de l’enfant touché», souligne Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale. C’est pour ça qu’il faut détecter leur présence le plus tôt possible. «Pour éviter un trop gros impact, il faut un diagnostic de haute qualité et une détection précoce pour intervenir le plus vite possible et soutenir les élèves.»
Pour ce faire, le ministère a mis en place un dispositif de détection précoce des besoins spécifiques depuis plusieurs années. «Il regroupe différents outils, chaque outil spécifique répond à un besoin spécifique et s’adapte à des compétences précises», explique Claude Meisch. Ce dispositif est même «pionnier» et «unique», puisque c’est le seul à se faire à une échelle nationale et de manière aussi spécifique. «Nous voyons tous les enfants dès le début de leur parcours scolaire, puis nous les revoyons à plusieurs reprises, ce qui nous donne une grande richesse d’informations.»
Un outil par compétence
Pour identifier les élèves présentant une déficience auditive ou un trouble du développement du langage et de la parole, le Centre de logopédie (CL) fait remplir à tous les parents d’élèves du cycle 1 un questionnaire sur le profil langagier de leurs enfants. Pour les élèves de cycle 1.1 et 1.2, des professeurs spécialisés en logopédie et des orthophonistes procèdent à un dépistage systématique lors des premiers mois de l’année scolaire. Les enfants sont amenés à créer des associations linguistiques à partir d’images et de jouets. Si un trouble est détecté, un premier entretien a lieu pour établir un bilan logopédique et des mesures spécialisées sont mises en place.
En ce qui concerne le dépistage des troubles du développement moteur, c’est le Centre pour le développement moteur (CDM) qui s’en charge. Les ergothérapeutes et psychomotriciens du centre testent entre 6 200 et 6 500 élèves. Dès le mois de septembre, ils visitent chaque classe du cycle 1.2 pour faire passer aux enfants huit exercices pour la motricité globale et six pour la motricité fine. Chaque année, environ 9 % des élèves présentent un retard significatif. Ceux-ci peuvent être pris en charge et bénéficier de mesures rééducatives spécifiques.
Les troubles relatifs à la vue sont dépistés par le Centre pour le développement des compétences relatives à la vue (CDV). Depuis l’année scolaire 2022/2023, tous les élèves du cycle 2.1 participent à une épreuve standardisée qui fournit des indications sur des troubles potentiels. Les élèves qui en présentent sont ensuite testés par des orthophonistes, optométristes et psychologues du CDV. En 2023/2024, 29 % des élèves ont présenté des résultats atypiques, environ 16 % d’entre eux présentaient même des anomalies des fonctions visuelles primaires et 7 % des anomalies dans le domaine du traitement des informations visuelles. Ils sont invités à consulter des ophtalmologues pour recourir à un diagnostic et bénéficier d’une prise en charge spécialisée.
Un contexte multilingue
Le dispositif est désormais renforcé par des nouveaux outils adaptés au contexte multilingue du Luxembourg. «La langue joue un rôle énorme dans l’apprentissage et la compréhension», appuie le ministre. Le problème, c’est qu’auparavant, les troubles spécifiques de l’apprentissage comme la dyslexie, la dysorthographie et la dyscalculie étaient détectés par des tests standardisés français ou allemands, non adaptés au contexte langagier du pays. «Au Luxembourg, les enfants peuvent avoir une autre langue maternelle que le français ou l’allemand, alors forcément les résultats aux tests seront biaisés.»
Pour optimiser la détection dans ce contexte particulier, le Centre pour le développement des apprentissages Grande-Duchesse-Maria-Teresa (CDA) et le Luxembourg Centre for Educational Testing (Lucet) ont développé deux tests standardisés : le LuxLeseTest et le LuxMatheTest, des batteries de tests avec des instructions courtes et simples, dont la langue est facilement adaptable pour permettre une évaluation plus fiable de tous les élèves. Si des difficultés d’apprentissage persistantes sont détectées, le CDA peut procéder à un diagnostic spécialisé en collaboration avec l’entourage scolaire et familial et des mesures spécifiques et personnalisées peuvent ainsi être mises en place.