Il a lâché son label, s’est entouré d’un collectif et dévoile un nouvel album, It Will Be Forever. Sun Glitters, après deux années au ralenti, compte bien retrouver le chemin du succès.
Depuis 2011, Sun Glitters, alias Victor Ferreira, distille son electro rêveuse, fort d’une furieuse activité qui l’a gratifié d’une belle réputation,confirmée par une ribambelle d’albums, des concerts à travers le globe et des critiques élogieuses.Si ces deux dernières années ont été plus «chaotiques», le musicien sonne la charge d’un retour qu’il veut triomphant.
Considéré comme le meilleur représentant musical du Luxembourg à l’étranger, Sun Glitters, après un démarrage en trombe avec Everything Could Be Fine en 2011, s’est un peu tassé. La faute, peut-être, à un généreux éparpillement, mais aussi à la paresse d’un label.
Après avoir joué aux côtés de Slow Magic, Son Lux ou encore Gonjasufi, cet artiste versatile et multidisciplinaire – auteur d’une tonne de singles, collaborations et remix – revient avec un troisième album, It Will Be Forever , dont deux titres sont déjà sortis ( Together et From Saturday to Sunday ).
Un disque autoproduit, planant à souhait, inspiré de la BO de Drive et placé sous la houlette d’un nouveau collectif, avec le duo d’Arms and Sleepers aux avant-postes. Une révolution douce qu’il espère constructive et durable.
« Un groupe de rock, ça vieillit comme le bon vin. Un artiste électronique c’est plutôt comme une bière : sa date de péremption peut intervenir à tout moment », confie-t-il.
Grégory Cimatti
It Will Be Forever : entre BO de Drive et nostalgie synthétique
Après Everything Could Be Fine (2011) et Scattered into Light (2014), Sun Glitters sort, la semaine prochaine, son troisième album, It Will Be Forever , qu’il définit comme «rétro-moderne» et dans lequel chacun des onze titres est traduit en vidéo. Confidences.
Un titre comme un symbole
« Ce titre, It Will Be Forever , c’est une croix gravée dans un calendrier. Un moment à marquer, et pour toujours! C’est le symbole de cette rencontre avec Mirza, et cette amitié naissante. Un truc unique dans mon parcours musical. C’est comme un ange tombé du ciel… Un mec hors du commun, qui stresse avec son propre projet, mais qui accepte tout de même de m’aider. C’est incroyable! En outre, quoi qu’il arrive, cet album existera éternellement. »
La nostalgie d’Atari
« Musicalement, c’est un nouveau son, mais sans l’être! Disons que je vois cet album comme Everything Could Be Fine , mais six ans après, en plus moderne, plus mûr aussi. Je pense avoir réussi à proposer quelque chose d’original, tout en restant Sun Glitters. On reconnaît ma patte, et c’est le but du jeu! It Will Be Forever me ramène à mes jeunes racines, au début des années 80, quand je m’amusais sur mon Atari ST.
On y retrouve le son de l’époque, avec cette ambiance analogique et ces synthétiseurs, omniprésents. Sur mon iPad, je me suis pas mal amusé avec une application de chez Korg… C’est sûr, on trouve toujours des références à la « dream pop » ou au « shogaze », mais on est plus dans la « synth wave » ou « darkNoir », comme on dit chez Smoke and Mirrors. Autant d’appellations qui, au final, ne servent pas à grand-chose : le principal, à mes yeux, ce sont les émotions que vous arrivez à susciter. »
La bande originale de « Drive »
« Quand je suis reparti de zéro et que j’ai réalisé le premier morceau de la nouvelle maquette, Mirza m’a dit : « Écoute donc la BO de Drive ! » (NDLR : avec notamment Nightcall de Kavinsky). Mais bizarrement, j’ai confondu Drive avec Crash , le film de David Cronenberg. Du coup, quand je l’ai écouté, je me suis dit : « Mais qu’est-ce qu’il a fumé? » (il rit).
L’erreur réparée, cette BO a été une influence majeure de cet album, bien loin de Boards of Canada, The Cure ou encore My Bloody Valentine, toutes mes grandes influences présentes sur les sorties précédentes. Warm in the Winter , de Glass Candy, avec ses mélodies magnifiques, m’a aussi inspiré. De toute façon, je suis sensible à tout ce qui est fait avec sensibilité et finesse. Tant qu’on aime, qu’importe les styles! Je peux apprécier un titre de Blink-182, comme le morceau qui a gagné le dernier Eurovison. Et attention, je ne dis pas ça parce que je suis portugais! »
Onze titres, onze vidéos
« J’ai décidé de mettre en place, pour accompagner ce nouvel album, un concept spécifique. En effet, un film devrait sortir, ce qui, pour moi, est une première, et une fierté. En somme, il y a une vidéo pour chaque morceau. Elles sont déjà toutes finies – deux ont d’ailleurs déjà été dévoilées. Ainsi, elles seront toutes réunies – mises bout à bout – dans un long film qui suivra, chronologiquement, l’avancée du disque.
Je suis tenté de proposer au public une série limitée de DVD, même si rien n’est encore décidé. En plus de la version CD, It Will Be Forever sera aussi décliné dans une édition de 100 cassettes, qui reviennent à la mode. J’avais envie de parier sur ce format plutôt que le vinyle, mais je ne m’interdis rien! »
Recueilli par G. C.