Un collectif d’acteurs de la société civile, dont Serge Kollwelter est le porte-parole, a présenté lundi son «Wahlprüfstein», une liste de sujets à considérer avant les élections législatives.
Qu’est-ce que le «Wahlprüfstein»?
Serge Kollwelter : « Wahlprüfstein » vient de l’allemand et la traduction « références pour le vote » n’est pas tout à fait exacte. Ce sont des organisations de la société civile qui invitent les électeurs à voir ce que disent les différents partis sur certains sujets. Nous ne disons pas aux électeurs pour qui il faut voter, mais nous voulons attirer l’attention sur le contenu. Parce que nous avons l’impression que la campagne électorale consiste en des têtes que l’on voit partout mais, nous, on veut voir ce qu’il y a dans les têtes des politiciens car c’est flou.
Donc, on a cette ambition, peut-être un peu utopique, de prendre le temps d’étudier les projets, les perspectives. Ce sont des questions essentielles pour la cohésion de la société que nous posons, pour lesquelles nous n’avons pas de recettes ni de recommandations, mais nous avons le souci que ces sujets fassent partie du choix de vote. Car l’électeur a un double vote : il vote pour lui et pour la société.
Ce sont des questions essentielles pour la cohésion de la société
Quels sont les sujets qui méritent le plus d’attention à vos yeux?
On parle notamment des sujets comme la gouvernance, la sauvegarde de la planète et les questions pour avoir une société juste étant donné qu’on a une société où 100 000 personnes vivent avec un risque de pauvreté. 100 000 pour un pays qui, par ailleurs, se flatte d’être un pays riche. Il l’est, mais la question est de savoir qui est riche? Et que font les riches pour les pauvres? Cela vaut aussi par rapport à la transparence et à la vigilance auxquelles doivent se soumettre les sociétés luxembourgeoises, notamment celles de la place financière. La fiscalité est tout à fait injuste, les individus payent beaucoup plus d’impôts que les sociétés donc tout cela sonne faux.
Il y a aussi le logement et les loyers qui montent à l’infini. Parmi nous, il y a des gens confrontés à ces problèmes tous les jours. Les réfugiés, par exemple, restent dans les structures car il n’y a pas moyen d’avoir un logement. Et là encore, les différentes propositions des partis ne sont pas vraiment présentes. Il y a trop de gens qui profitent de la pénurie pendant que la plupart de la population souffre. La spéculation ça rapporte et ça empêche d’avoir une offensive pour réformer le logement. Il n’y a qu’à voir le taux de logements sociaux qui est de 2 % voire 3 % seulement.
Élargir le droit de vote est aussi un de vos sujets?
Si on considère que le vote est un moyen pour que le peuple puisse s’exprimer et que dans une démocratie, c’est l’arc le plus noble dit-on, alors, dans ce contexte, ce n’est pas normal que la moitié de la population soit exclue. Et c’est sans compter les frontaliers. Certes, ils ne sont pas résidents, mais ils font partie de notre société. Pour cela, nous préconisons par exemple que les jeunes apprennent à se connaître de chaque côté des frontières. Pourquoi ne pas imaginer que chaque lycée luxembourgeois ait un partenariat avec un lycée de la région frontalière? Parce que demain, ils vont se retrouver sur ce terrain économique et ils vont continuer à s’ignorer. Pour la perception qu’ils ont les uns des autres, il y a moyen de faire mieux. Car on ne fait rien.
Par rapport aux communales, l’enjeu de ces élections est plus important pour vous?
Oui, en partie, car il y a les élections européennes en perspective l’année prochaine et le Parlement que l’on va élire possède un rôle très important au niveau européen également. Ici, les électeurs ont un accès plus facile au parlement national qu’au Parlement européen, mais c’est un organe tout aussi essentiel et ce lien-là est absent du débat national. Quels sont les mandats que nos députés donnent à nos ministres lors d’un conseil des ministres? Est-ce que la Chambre sait ce que notre ministre des Affaires étrangères ou notre ministre de l’Agriculture vont y défendre? Parce qu’il y a une déconnexion entre le niveau national et le niveau européen. Aux Pays-Bas par exemple, le ministre au Conseil européen possède un mandat de son parlement et il lui rend des comptes.
Dix composantes de la société civile
Les thématiques abordées par le «Wahlprüfstein» ont été choisies par dix composantes de la société civile : l’ASTI, Caritas, Cercle de Coopération, CID Fraen an Gender, Forum Culture(s), Friddens- a Solidaritéitsplattform, Initiative pour un devoir de vigilance, Koalitioun Wunnrecht, One planet et Votum Klima.
Disponible sur le site ronnendesch.lu, ce travail collaboratif a été présenté devant la Chambre des députés lundi à Luxembourg et a été envoyé aux partis par la même occasion.