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Elections législatives : un dense peloton derrière les grands partis


Photo : Julien Garroy

Douze partis vont se présenter aux législatives du 8 octobre. Parmi les petites formations, Liberté est la seule avec 60 candidats. Le KPL suit avec trois listes, Volt et déi Konservativ ont deux listes.

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L’échiquier politique du Grand-Duché s’est agrandi depuis les législatives de 2018. Il y a cinq ans, dix partis s’étaient présentés pour entrer à la Chambre. Cette fois, douze formations sont en lice, dont deux nouveaux venus.

Jusqu’à sa démission de l’ADR, fin juin, on ne voyait pas Roy Reding créer un nouveau parti. Le député sortant a pourtant réussi en un temps record à lancer le mouvement Liberté-Fräiheet, qui se présentera avec des listes de candidats complètes dans les quatre circonscriptions.

Le KPL, fondé en 1921, doit se contenter pour ce scrutin de trois listes (Sud, Centre, Est) après avoir encore présenté 60 candidats en 2018.

Volt s’était présenté aux élections européennes de 2019. Le parti se lance désormais aussi dans les législatives avec deux listes (Sud et Est).

Déi Konservativ ont réuni deux listes (Sud et Nord), contre une seule en 2018.

Il y a cinq ans, les trois partis les plus petits (KPL, déi Konservativ et Demokratie) avaient à peine récolté 2 % des suffrages.

La liberté comme fil conducteur

Ce fut un tour de force, mais l’ex-député de l’ADR Roy Reding est parvenu à fonder en moins de six semaines un nouveau mouvement, baptisé Liberté-Fräiheet. Il a réussi à réunir derrière lui 59 autres candidats, dont une frange importante est issue du mouvement des contestataires de la politique restrictive menée lors de la «pandémie déclarée» de covid.

Dans le programme électoral de Liberté, le covid est d’ailleurs dépeint comme «grippe-C». En outre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se trouverait sous la tutelle de Bill Gates, qui déciderait à lui seul «ce qui est sain, ce qui est malade et quelle maladie est combattue (et les maladies qui ne sont pas combattues)».

Jusqu’à présent, Liberté-Fräiheet s’est davantage fait remarquer par des tensions entre candidats dans le Nord, et désormais aussi dans le Sud. Il existe cependant un programme électoral qui porte sur une quinzaine de domaines, avec comme fil conducteur la lutte pour redonner aux citoyens une plus grande liberté grâce à une «boussole morale», qui doit servir à instaurer «plus de responsabilité individuelle, moins d’État, plus de liberté, plus d’équité, plus d’empathie pour le citoyen, plus de respect, plus de bien-être (…), le libre discours grâce à plus de liberté d’expression».

Photo : Hervé Montaigu

Le parti redoute que l’État, mais aussi des institutions comme l’UE ou l’OMS s’attaquent au fur et à mesure aux libertés fondamentales. «Nos propres décisions doivent être le moins possible entravées par l’État. Elles doivent, au contraire, être respectées. Des centaines d’interdictions et de réglementations sont exagérées et bloquent la libre vie», souligne Liberté dans son programme.

Dans cet ordre d’idées, le mouvement emmené par Roy Reding s’oppose notamment à des «mesures climatiques qui mènent à des situations d’urgence écologique et sociale». Dans le domaine de la santé, Liberté plaide pour une libéralisation intégrale. Moins de taxes sur l’immobilier doivent permettre de construire davantage de logements.

Plus radical sur certains points, le parti est néanmoins parfois proche d’autres formations, notamment en ce qui concerne la langue (ADR), l’imposition (DP) ou la famille (CSV).

Le KPL veut changer de système

Même s’il n’a pas réussi à recruter 60 candidats pour former des listes électorales complètes, le KPL ne s’avoue pas vaincu. «Grad elo : KPL!» est le slogan choisi. Traduisez : plus que jamais, il est temps de faire confiance aux communistes, pour lutter contre les problèmes sociaux, la pénurie de logements abordables et combattre le changement climatique.

Pour y parvenir, le KPL plaide toujours pour un changement de système, en passant du capitalisme au socialisme. Le citoyen devrait avoir plus d’importance que les intérêts financiers des grands propriétaires, clame le parti. Il est proposé de créer un fonds regroupant les participations étatiques dans les sociétés (banques, aviation, etc.) pour financer la politique proposée, dont une augmentation du salaire social minimum à 2 700 euros.

Photo : Editpress/Fabrizio Pizzolante

Le KPL veut en outre lancer un programme étatique visant à faire sortir de terre 50 000 nouveaux logements sur une période de dix ans. Des entreprises de construction publiques devraient être constituées pour le mettre en œuvre.

On retrouve dans le programme des communistes des éléments qui rejoignent des revendications du LSAP et de déi Lénk. Le maintien d’un système de santé public en fait partie. Le KPL est carrément opposé à la création de cabinets médicaux privés, équipés d’appareils lourds, telles des IRM.

L’école publique doit aussi rester la norme, selon le KPL, qui voit d’un œil critique la tendance à offrir des formations «à la carte» aux élèves.

Dans le domaine climatique, le KPL plaide pour un recours à l’hydrogène comme source d’énergie du futur.

Volt se présente comme une force «pragmatique et progressiste»

La participation aux élections européennes de 2019 n’a été qu’un début pour Volt. Le parti et mouvement politique paneuropéen vise désormais à promouvoir «une nouvelle politique qui agit ensemble au-delà des frontières et qui s’oppose au nationalisme et au populisme». Quatre problèmes majeurs sont identifiés :  la crise écologique, la désintégration sociale, les conséquences de la pandémie de covid ainsi que la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine.

«C’est précisément le moment d’établir une nouvelle force politique orientée vers des solutions comme Volt. Les élections à la Chambre en 2023 sont donc une occasion unique d’entamer une transformation holistique afin de redessiner le Luxembourg et l’Europe», peut-on lire dans le programme électoral.

Le principe directeur de Volt est d’«aborder les grands problèmes de notre époque de manière pragmatique et progressiste et devenir la voix de l’unification européenne à la Chambre des députés».

Photo d’archives : Claude Lenert

Parmi les principales revendications figure l’introduction du droit de vote aux législatives pour les citoyens de l’UE résidant au Luxembourg. La promotion renforcée du système de l’école européenne est une autre priorité. Volt veut aussi s’engager pour autoriser les véhicules électriques autonomes. En outre, le parti met en perspective le fait de rendre le Luxembourg neutre en CO2 d’ici 2035.

Il est à noter que Volt présente une liste complète dans le Sud et une liste partielle dans l’Est. Le parti avait obtenu 2,11 % des suffrages aux européennes.

Déi Konservativ promettent de rendre sa «liberté au Luxembourg»

Il a fallu attendre ce dimanche, pile deux semaines avant les législatives, pour voir déi Konservativ publier leur «manifeste électoral». Tout comme les nouveaux venus de Liberté-Fräiheet, le parti emmené par Joe Thein (photo) a choisi la liberté comme fil conducteur de son programme. Une de ses promesses : «Nous allons rendre sa liberté au Luxembourg.»

«Notre objectif est un Luxembourg plus vivable doté d’un avenir plus positif, avec comme fondation des principes libertaires et patriotiques», écrit le président dans son mot d’introduction. Il fait rapidement référence à la pandémie, pendant laquelle gouvernement et Chambre des députés auraient mené une «politique horrible» et «impardonnable». «La pandémie est venue démontrer comment et à quelle vitesse on peut être soumis à des interdictions radicales, autoritaires et liberticides», fustige Joe Thein.

Photo d’archives : Alain Rischard

Déi Konservativ se disent notamment opposés à une «immigration de masse illégale», à un Luxembourg avec un million d’habitants, à une croissance démesurée et au soutien militaire à l’Ukraine agressée par la Russie. En outre, le parti ne voit pas l’Union européenne comme une plus-value pour le Luxembourg.

Le manifeste de déi Konservativ comporte de nombreux parallèles avec le programme de l’ADR, l’ex-parti de Joe Thein. Parmi eux, le recours renforcé au référendum ou la valorisation de la langue luxembourgeoise.

En 2018, déi Konservativ avaient récolté avec une seule liste, dans le Sud, 0,27 % des suffrages.