Il reste pile un mois avant les élections législatives du 8 octobre. Sont en jeu 60 mandats de député, avec à la clé la formation d’une nouvelle majorité et du prochain gouvernement.
La campagne électorale est officiellement (re)lancée depuis lundi. Après les communales du 11 juin, les citoyens sont appelés une deuxième fois aux urnes en l’espace de quelques mois. Le DP du Premier ministre sortant, Xavier Bettel, est sorti renforcé de ce scrutin local, tandis que déi gréng ont perdu pas mal de voix et de mandats. Le LSAP est resté stable, tandis que le CSV, à la reconquête du pouvoir, n’a pas réussi la percée espérée. L’ADR et le Parti pirate ont, par contre, vu leur statut renforcé, contrairement à déi Lénk, le KPL ou aux nouveaux venus de Fokus.
Est-ce que les tendances vont se confirmer lors des élections législatives du 8 octobre? Et quels sont les tenants et aboutissants de ce scrutin national ?
Sera élue une Chambre, pas un gouvernement
L’enjeu primaire des élections législatives est le renouvellement de la Chambre. Tous les cinq ans, les électeurs de nationalité luxembourgeoise sont appelés à choisir leurs 60 députés. Le 8 octobre, 649 candidats, représentant 12 partis (lire ci-dessous), vont chercher à intégrer le Parlement. Ils s’élancent dans quatre circonscriptions, avec un nombre précis de mandats à pourvoir : 23 députés seront élus dans le Sud, 21 dans le Centre, 9 dans le Nord et 7 dans l’Est.
Une fois le rapport de force défini, les partis élus à la Chambre des députés sont appelés à former une majorité gouvernementale. Le prochain exécutif ne sera donc pas directement désigné par les électeurs. Il est également à noter que les futurs ministres ne doivent pas forcément décrocher un mandat de député pour être nommés, même s’il est de coutume au Luxembourg que les élus ayant récolté le plus de voix soient choisis pour intégrer le gouvernement.
La majorité sortante mise au défi par le CSV
DP, LSAP et déi gréng forment la coalition qui est au pouvoir depuis fin 2013. Elle est soutenue par une courte majorité de 31 députés (voir ci-contre). Un des enjeux du scrutin est de savoir si le gouvernement tricolore sera confirmé une seconde fois par les électeurs, après avoir remporté de justesse la mise aux législatives de 2018.
Le CSV, écarté depuis dix ans du pouvoir, vise à démanteler la coalition sortante. Pour y parvenir, les chrétiens-sociaux ont pour ambition de sortir en tête des urnes. Ce fut le cas en 2013 et 2018, mais les pertes de voix et de sièges avaient permis au trio DP-LSAP-déi gréng de former, d’abord, puis de reconduire, leur coalition. Il est à rappeler dans ce contexte que le parti ayant remporté le plus de sièges ne doit pas obligatoirement figurer au gouvernement. La condition à remplir est d’être appuyé par une majorité de députés à la Chambre.
Les autres partis en lice, le Parti pirate en tête, suivi de l’ADR et de déi Lénk, pourraient devenir les faiseurs de rois, à condition d’être renforcés. Se pose aussi la question de savoir si déi gréng vont pouvoir stopper leur spirale négative.
À un mois des législatives, tous les scénarios sont possibles, que ce soit une coalition à deux partis ou, plus probablement, le maintien d’une alliance tricolore, peu importe sa composition.
Un match entre têtes de liste
Les ténors de cette campagne électorale sont Xavier Bettel (DP), Paulette Lenert (LSAP), Sam Tanson (déi gréng) et Luc Frieden (CSV). Le poste de Premier ministre devrait revenir à un de ces quatre candidats. Le camp socialiste espère doubler les libéraux afin de présider pour la première fois de son histoire un gouvernement. Xavier Bettel ne compte cependant pas lâcher son bien, même dans le cas où il serait amené à former une coalition avec le CSV.
Comme évoqué plus haut, beaucoup dépendra du score de déi gréng. Et du résultat signé par les pirates de Sven Clement, sans oublier l’ADR de Fred Keup, l’équipe de têtes de liste lancée par déi Lénk et les Petits Poucets KPL et Fokus, emmenés par Frank Engel et Ali Ruckert. Le mouvement Liberté-Fräiheet ainsi que les partis Volt et déi Konservativ risquent de très peu peser lors du scrutin.
Fiscalité, logement, santé et sécurité
Les quatre grands thèmes de campagne qui se dessinent sont une réforme pour plus d’équité fiscale, une offensive pour résoudre la crise du logement, un élargissement de l’offre en services de santé et un renforcement de la sécurité intérieure. La lutte contre les inégalités sociales et la double transition écologique et numérique constituent d’autres thèmes majeurs. Ces deux derniers aspects auront aussi un impact sur l’économie, qui pousse le prochain gouvernement à ne pas mettre en péril la compétitivité des entreprises.
Les programmes électoraux respectifs regorgent de promesses et de projets ambitieux. Peu importe quels partis vont y figurer, le prochain gouvernement devra tenir compte d’une marge financière assez réduite. Chaque réforme nécessitera un contrefinancement en raison de finances publiques fragilisées par la pandémie de covid et la guerre en Ukraine.
Le rapport de force va-t-il
être bousculé à la Chambre ?
Les élections législatives du 14 octobre 2018 ont été marquées par une poussée de déi gréng, qui a permis à la coalition sortante de sauver de justesse sa majorité à la Chambre des députés. Le CSV est sorti premier des urnes. Mais sa perte de voix et de sièges l’a cependant renvoyé pour la deuxième fois d’affilée sur les bancs de l’opposition. La surprise était créée par le Parti pirate, qui avait décroché, contre toute attente, deux sièges. Quelle sera la composition du Parlement au soir du 8 octobre ?
Voici, en bref, le rapport de force à la sortie de cette législature 2018-2023 :
DP 17,5 % (-0,7 point) et 12 sièges (-1)
LSAP 16,8 % (-3,5 points) et 10 sièges (-3)
DÉI GRÉNG 15,1 % (+5 points) et 9 sièges (+3)
CSV 28,9 % (-4,8 points) et 21 sièges (-2)
ADR 8,6 % (+2 points) et 4 sièges (+1)
DÉI LÉNK 5 % (+0,5 point) et 2 sièges (-)
PARTI PIRATE 6,6 % (+3,6 points) et 2 sièges (+2)
Le KPL (1,1 %), Demokratie (0,2 %) et déi Konservativ (0,2 %) n’ont pas pesé lors du scrutin de 2018.