La campagne «Je peux voter» vise une large participation des résidents non luxembourgeois pour participer au scrutin du 9 juin. Ils doivent s’inscrire avant le 15 avril.
Après les communales et les législatives, organisées toutes deux en 2023, ce sont désormais les élections européennes qui se profilent à l’horizon. «Le scrutin s’annonce plus important que jamais, car le résultat qui sortira des urnes décidera de l’orientation fondamentale que prendra l’UE dans les années à venir. Soit elle continuera de se développer sous l’impulsion de partis pro-européens, soit des nationalistes signeront un score qui leur permettra de casser un projet construit au fil des 70 dernières années», souligne d’emblée Marc Angel, un des vice-présidents du Parlement européen.
Le socialiste est un des six eurodéputés sortants que compte le Luxembourg. Hier matin, ils étaient trois à avoir pris place aux côtés du ministre de la Famille, Max Hahn, afin de présenter et lancer la campagne «Je peux voter». Comme lors des communales de juin dernier, l’objectif majeur est de mobiliser un maximum de résidents non luxembourgeois à s’inscrire sur les listes électorales, démarche qui leur ouvrira le chemin pour déposer le 9 juin un bulletin dans l’urne bleue aux étoiles dorées.
Les inscriptions en hausse continue
Tous les résidents luxembourgeois de plus de 18 ans ont d’office le droit de vote aux différents scrutins. Les ressortissants étrangers – dans ce cas précis, ceux issus d’un des 26 autres pays membres de l’UE – doivent, par contre, se manifester avant de pouvoir aller voter. Les ressortissants de l’UE déjà inscrits pour les européennes de 2019 restent inscrits sur les listes électorales. Ils étaient environ 23 200 il y a cinq ans. Le dernier décompte, présenté hier matin, fait état de près de 26 900 inscriptions, confirmant la hausse continue des inscriptions depuis 1994 (lire et voir ci-contre).
Le ministre Max Hahn tient à souligner que «tous les ressortissants de l’UE résidant au Luxembourg peuvent participer aux élections européennes, que ce soit au Grand-Duché ou dans leur pays d’origine». En effet, les citoyens français, belges, allemands ou portugais habitant le Luxembourg peuvent opter pour voter pour les candidats qui sont en lice dans leurs pays respectifs. «Les citoyens intéressés sont priés de prendre contact avec leur ambassade ou consulat afin de clarifier les démarches à effectuer. Il est toutefois à souligner qu’il ne sera pas possible de voter deux fois, au Luxembourg et dans son pays d’origine», fait remarquer le ministre libéral en charge du Vivre-ensemble.
Le premier moment fort de la campagne de mobilisation aura lieu lors du Festival des migrations, organisé les 24 et 25 février prochains par le CLAE à Luxexpo. Un stand d’information interactif sera partagé par le ministère, le bureau du Parlement européen et la représentation de la Commission européenne au Luxembourg. «Il sera possible de s’inscrire directement sur place sur les listes électorales, à condition de disposer de son outil d’identification LuxTrust», annonce Max Hahn.
Le Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales (Cefis) va une nouvelle fois déployer sur le terrain des «multiplicateurs», appelés à s’intégrer dans la communauté de non-Luxembourgeois afin de motiver les ressortissants de l’UE à participer au scrutin du 9 juin. Une centaine de bénévoles ont déjà pu être recrutés, un chiffre qui réjouit notamment l’eurodéputée Tilly Metz (déi gréng) : «Le message que porteront ces multiplicateurs sera probablement plus audible que les appels que nous politiciens, nous pouvons lancer».
«On a tendance à oublier les acquis»
Les députés sortants se disent toutefois décidés à rappeler à tous les citoyens les enjeux de ces élections européennes. Hier, ils ont à tour de rôle listé les nombreux acquis de l’UE. «On a tendance à l’oublier, mais la liberté de circulation transfrontalière, le choix d’aller suivre ses études à l’étranger ou d’aller travailler dans un autre pays européen sont tous des acquis qui facilitent notre quotidien», relate ainsi l’eurodéputée Isabel Wiseler-Lima (CSV).
La liste énumérée est longue : l’espace Schengen, l’euro, la protection des consommateurs (récemment, le chargeur unique), l’Europe sociale, la lutte coordonnée contre le changement climatique, la transition digitale ou encore un réseau de transports interconnecté.
«Pour poursuivre sur cette lancée, il nous faut éviter que des partis anti-européens viennent freinent le projet. J’espère, donc, que nous allons réussir à mobiliser tous ensemble les citoyens au-delà des frontières des partis», martèle Tilly Metz.
Le dernier délai d’inscription pour les ressortissants de l’UE non luxembourgeois est fixé au 15 avril à 17 h.
www.jepeuxvoter.lu
Environ 26 900 non-Luxembourgeois
sont déjà prêts à se rendre aux urnes
INSCRIPTIONS En date du 9 janvier, le ministère avait enregistré 26 825 inscriptions de résidents issus d’un pays de l’UE. Il s’agit de 13,2 % de la population éligible. Dans ce contexte, il est intéressant de noter que parmi les 47 % de résidents non luxembourgeois que compte le Grand-Duché, 81 % ont un passeport européen (202 964 citoyens) et peuvent donc participer aux élections du 9 juin prochain.
RÉTROSPECTIVE Lors des européennes en 2019, 23 175 ressortissants de l’UE non luxembourgeois étaient inscrits sur les listes électorales. En 2014, les listes comptaient 21 650 électeurs étrangers. Le nombre de non-Luxembourgeois inscrits a donc connu entre les deux scrutins une hausse de 1 525 personnes (+7 %). En ce début d’année 2024, le surplus d’inscrits par rapport aux européennes de 2019 est déjà de 3 650 électeurs. Il reste encore trois mois pour sensiblement augmenter le taux d’inscription.
GENRE Pour l’instant, ce sont 13,6 % de femmes et 12,9 % d’hommes qui ont décidé de sauter le pas.
ÂGE Les +75 ans constituent la catégorie d’âge la mieux représentée sur les listes (24,2 %), suivis des 65-74 ans (22 %) et des 55-64 ans (18,2 %). Le bât blesse encore chez les jeunes, avec à peine 1,7 % d’inscrits parmi les 18-24 ans, 5,6 % parmi les 24-34 ans et 11,3 % parmi les 35-44 ans.
NATIONALITÉS Les ressortissants allemands mènent la danse (23 %), suivis de près par les Danois (20,6 %) et les Irlandais (18,7 %). Les Belges sont 17,6 % à déjà s’être inscrits, les Français pointent à 15,5 % et les Portugais à 10,8 %.
RÉSIDENCE Ceux qui habitent depuis plus de 30 ans au Luxembourg sont les plus nombreux à vouloir voter aux européennes (24,9 %). La commune de Betzdorf compte actuellement le plus de votants non luxembourgeois (24,2 %). Vianden ferme actuellement la marche (7,4 %).