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Elections européennes : l’extrême droite se renforce, séisme politique en France


Emmanuel Macron a tiré les conséquences du vote. (photo AFP)

Les élections européennes, marquées par une poussée de l’extrême droite dans nombre de pays, ont provoqué un séisme politique en France, sans pour autant bouleverser les équilibres politiques à Bruxelles.

Les premières estimations ont confirmé une nette progression des droites nationalistes et radicales, et un revers cuisant pour les dirigeants des deux premières puissances de l’UE, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron, qui a annoncé une dissolution de l’Assemblée française.

Ce scrutin, où plus de 360 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner 720 eurodéputés, s’est déroulé depuis jeudi dans un climat alourdi par une conjoncture économique morose et la guerre en Ukraine, au moment où l’UE affronte des défis stratégiques face à la Chine et aux États-Unis.

En France, le Rassemblement national mené par Jordan Bardella a dominé le scrutin avec plus de 31,5 % des voix, loin devant le parti Renaissance du président Macron (15,2 %), selon des estimations des instituts de sondage. Le RN engrangerait ainsi 31 des 81 eurodéputés français.

Outre-Rhin, en dépit des derniers scandales qui ont éclaboussé sa tête de liste, l’extrême droite allemande AfD est créditée en seconde place, avec 16,5-16 % des voix, derrière les conservateurs CDU-CSU (29,5-30 %), mais loin devant les partis de la coalition au pouvoir, sociaux-démocrates (14 %) et Verts (12 %).

En Autriche, le FPÖ s’impose en tête du scrutin (27 %), et les Néerlandais, premiers à voter jeudi, ont nettement renforcé le parti d’extrême droite de Geert Wilders.

En Pologne, le parti centriste pro-européen du Premier ministre polonais Donald Tusk, est arrivé devant le parti nationaliste populiste Droit et Justice (PiS), mais celui-ci conserve un score élevé et l’extrême droite de Konfederacja, très eurosceptique, n’enverra pas moins de 6 eurodéputés à Strasbourg.

Pour autant, l’extrême droite reste divisée au Parlement européen en deux groupes (ID et ECR) dont le rapprochement reste très incertain en raison de leurs importantes divergences en particulier sur la Russie.

« Voix d’extrême droite pas additionnables » 

« Les voix d’extrême droite et de droite souverainiste ne sont pas additionnables, ceci va limiter leur poids direct dans la législature », explique Sébastien Maillard, de l’Institut Jacques-Delors. « Mais la vague brune, éclatante en France notamment, va inévitablement imprégner le climat politique dans laquelle agira la Commission et la majorité devra en tenir compte », ajoute-t-il. « À défaut de peser directement, l’extrême droite pourra influer insidieusement », prévient-il.

Alors que les eurodéputés adoptent les législations de concert avec les États membres, les droites radicales pourraient se faire entendre sur des dossiers cruciaux : défense contre une Russie expansionniste, politique agricole, migrations, objectif climatique 2040, poursuite des mesures environnementales auxquelles elles sont farouchement hostiles.

La « grande coalition » centriste de la droite (PPE), des sociaux-démocrates (S&D) et des libéraux (Renew), au sein de laquelle se forgent traditionnellement les compromis au Parlement européen, devrait conserver la majorité.

Selon des projections publiées dimanche par l’institution elle-même, le PPE décrocherait 181 sièges, les S&D 135 et Renew Europe 82, soit 398 sièges sur un total de 720. Les Verts chuteraient eux à 53 sièges (contre plus de 70 actuellement).

« Le PPE est le groupe politique le plus puissant (…) Et c’est important, nous construirons un rempart contre les extrêmes de gauche et de droite, nous les arrêterons », a néanmoins assuré dimanche la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, issue du PPE, et candidate à sa reconduction.

Elle devra obtenir l’aval des dirigeants des Vingt-Sept puis un vote favorable des eurodéputés – qui en 2019 ne lui avaient accordé sa confiance qu’à une très courte majorité (neuf voix).

« Prêts à négocier » 

Ursula von der Leyen avait courtisé la cheffe de gouvernement italienne Giorgia Meloni et son parti post-fasciste Fratelli d’Italia (FDI), en qui en elle une partenaire fréquentable, pro-européenne et pro-Ukraine – au grand dam des alliés libéraux et socialistes du PPE, mais aussi des Verts.

« Soutiendrons-nous Ursula von der Leyen ? C’est trop tôt pour le dire. Très clairement, nous sommes prêts à négocier », mais à condition d’exclure tout rapprochement à Giorgia Meloni, a soutenu le chef de file écologiste pour les européennes, Bas Eickhout.

Il fait de l’approfondissement du Pacte vert « un élément très important » du futur programme de la Commission, alors même que le PPE s’y montre extrêmement réticent.

Giorgia Meloni, qui s’est présentée comme tête de liste à cette élection, a réaffirmé de son côté vouloir « défendre les frontières contre l’immigration illégale, protéger l’économie réelle, lutter contre la concurrence déloyale ».

Giorgia Meloni soutient par ailleurs fortement l’aide à l’Ukraine – à l’inverse du Premier ministre hongrois Viktor Orban : très critique de Bruxelles, le dirigeant nationaliste multiplie par ailleurs les attaques contre l’OTAN, l’accusant d’entraîner les pays de l’Alliance dans une « conflagration mondiale ».

Les divisions de l’extrême droite sur l’attitude à adopter face à Moscou pourraient compliquer les négociations dans l’UE à l’heure où les Vingt-Sept cherchent à renforcer leur industrie de défense tout en peinant à dégager les fonds nécessaires.

« L’enjeu est de taille », avait souligné dimanche la Première ministre danoise Mette Frederiksen, deux jours après avoir été agressée à Copenhague, citant « la sûreté et la sécurité avec la guerre en Europe », « le changement climatique », « la pression sur les frontières de l’Europe », et l’impact des « géants de la technologie ».

Un commentaire

  1. Deja il n y pas de guerre en Europe…a moins de considerer que la sinistre ukraine serait europeenne….quod non.

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