Au 9e rang du classement 2025 établi par l’European Institute for Gender Equality, le Grand-Duché doit redoubler d’efforts en matière d’égalité hommes-femmes.
Cette semaine, l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) a publié son index annuel, et mauvaise nouvelle, le Luxembourg perd deux places au classement.
Chaque année, celui-ci compare le niveau d’égalité des genres dans les 27 États membres de l’UE, en passant au crible près d’une trentaine d’indicateurs dans des domaines très différents : travail, argent, éducation, temps pour les activités, pouvoir politique, santé, etc.
Avec un score de 63,9 points sur 100 – 100 correspondant à l’égalité totale – le Grand-Duché prend la 9e place, bien loin du trio de tête formé par la Suède, la France et le Danemark.

Un recul de deux places par rapport à 2024, où le pays s’était hissé jusqu’au 7e rang européen avec 75,4 points. Mais cette fois, l’institut a revu et adapté sa méthodologie (lire ci-contre).
Il se maintient tout de même légèrement au-dessus de la moyenne européenne, qui patine : à ce rythme, il faudrait au moins 50 ans avant que l’égalité des genres soit atteinte en UE, souligne l’EIGE.
Un indice plus puissant
Pour la première fois depuis 2013, l’index a fait l’objet d’une importante mise à jour, fruit de consultations auprès de 125 experts. Objectif : s’adapter aux enjeux émergents, dans un contexte où les priorités politiques changent.
La liste des indicateurs a été actualisée, de nouvelles sources de données sont prises en compte et une attention accrue est désormais portée aux statistiques individuelles (et non plus seulement celles des ménages). «L’index 2025 offre ainsi une analyse plus précise des inégalités actuelles entre les sexes», estime l’EIGE.
Le Grand-Duché signe, par ailleurs, une nette ascension si on prend en compte les quinze dernières années (+14,6 points).
Des progrès «encourageants, qui ne doivent en aucun cas conduire à relâcher les efforts pour construire une société plus équitable», a réagi Yuriko Backes, ministre de l’Égalité des genres et de la Diversité depuis deux ans maintenant.
Pour y parvenir, elle pourra notamment s’appuyer sur son plan d’action national présenté en mars, et impliquant 16 autres ministères. En attendant que ces mesures soient déployées, les indicateurs de l’EIGE permettent de mettre le doigt sur les priorités. Voici un tour d’horizon.
Emploi
Avec un taux d’emploi équivalent temps plein (ETP) à 52% pour les femmes et 65% pour les hommes, le pays paraît en bonne place au plan européen.
Cependant, à y regarder de plus près, le taux d’emploi féminin dans les secteurs à bas salaires est le plus élevé (38%). Et chez les personnes peu qualifiées, l’écart entre les sexes est particulièrement marqué, avec un taux d’emploi des femmes très inférieur aux hommes. Idem chez les couples avec enfants.
Argent
Les résidentes vivant en couple ne gagnent que 80% du salaire annuel de leur partenaire, tandis que les hommes gagnent 33% de plus. Un fossé observé particulièrement lorsque l’un des conjoints est hautement qualifié, et aussi chez les couples avec enfants.
Quant à l’écart de pension hommes-femmes, il atteint 33% au Luxembourg contre 25% seulement dans l’UE, pointe l’EIGE.
Santé
C’est dans cette catégorie que le pays enregistre son meilleur score (87,6) malgré un léger recul en 2025 (-0,4 point). Les femmes et les hommes sont 73% à qualifier leur santé de «bonne» ou «très bonne», un niveau stable depuis 2020 dans la population féminine.
En revanche, le niveau de santé perçue est particulièrement bas chez les personnes en situation de handicap, pointe l’EIGE.
Éducation
L’institut indique que si les femmes du Luxembourg sont plus susceptibles d’achever des études supérieures (70% des 30-34 ans contre 62% des hommes), leur part dans les professions liées aux TIC n’a progressé que de 3% depuis 2015 pour plafonner à 17%.
Par ailleurs, le niveau est plus faible chez les personnes nées au Grand-Duché, et l’écart entre les sexes est encore plus important chez les personnes handicapées.
Temps pour les activités
Comme dans les autres pays, les femmes continuent d’assumer la majeure partie des soins aux enfants et des tâches ménagères du foyer. Un quart de celles qui ont des enfants de 0 à 11 ans consacrent plus de cinq heures par jour à les garder, contre à peine 11% des hommes.
Elles sont également plus susceptibles que leur partenaire d’effectuer quotidiennement la cuisine, le ménage ou la lessive (38% contre 21%).
Pouvoir
37,3 : c’est tout simplement le score le plus mauvais obtenu par le Luxembourg parmi les six indicateurs les plus importants.
Les résidentes restent largement sous-représentées dans les fonctions politiques, avec des chiffres qui restent stables depuis 2023, là où ils affichent un bond de près de 10 points entre 2020 et 2025, principalement en ce qui concerne le pouvoir économique et social.
En 2025, les femmes n’occupent toujours que 33% des postes ministériels, 34% des sièges parlementaires et 31% des sièges aux conseils communaux.
Et dans les grandes entreprises, elles ne sont que 23% au conseil d’administration, une part inférieure de 11 points de pourcentage à la moyenne européenne.