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Éducation : le SEW colle un blâme au ministre Meisch


Rien dans ce que le ministre Claude Meisch a fait dans son ministère ne plaît au SEW. (photo Hervé Montaigu)

Le bulletin du ministre distribué par le SEW/OGBL ne pouvait pas être pire. Mercredi le syndicat a émis une série de critiques. Il craint pour l’avenir de l’école et donc de la société toute entière.

Le ministère n’en fait qu’à sa tête, il n’y a plus de dialogue avec aucun syndicat et pas seulement avec le SEW, la branche Éducation et Sciences de l’OGBL, selon son président, Patrick Arendt. À la veille de la rentrée scolaire et à l’heure du bilan de ces cinq dernières années, le syndicat ne peut que constater que la confiance entre les enseignants et le ministère dirigé par Claude Meisch est rompue. Que ce soit dans le fondamental ou le secondaire, le ministre a imposé sa marque qui est celle du new public management mais en compliquant les choses, en prime.

«Je lis que seul le SEW est critique, c’est un compliment pour nous», se réjouit Patrick Arendt qui lutte avec son syndicat contre la privatisation de l’enseignement, l’individualisme et la concurrence qu’il considère comme des fléaux. Défendant l’idée d’un enseignement de qualité, le SEW déplore son «constant nivellement vers le bas». Parce que l’employabilité est devenue le but de l’école, il faut des gens qualifiés plutôt qu’instruits et Patrick Arendt regrette que cette constante adaptation au monde économique conduise à malmener certaines matières comme l’histoire ou les arts. «En Allemagne, certains élèves ne savent même pas ce qu’est un holocauste», témoigne le président.

La perte de certaines valeurs culturelles et humaines transmises par l’école n’est pas sans conséquence sur la société et Patrick Arendt de citer la montée de l’extrême droite partout en Europe, comme premier dommage.

Sorti de ces considérations générales, la liste des reproches formulés à l’encontre du ministre libéral est longue. Alors que ce dernier annonçait que tous les postes étaient pourvus, le SEW a un autre son de cloche sans pouvoir annoncer de chiffres. Claude Meisch est formel, selon lui, «chaque classe aura un titulaire et tous les cours d’appui et cours d’accueil ainsi que la totalité des autres activités prévues dans les organisations scolaires, y compris le remplacement des congés de longue durée, seront assurés dès le départ».

Pourtant, le téléphone sonne souvent au siège du syndicat et les interlocuteurs disent précisément le contraire. Puis, il y a les effectifs «trop nombreux par classe», selon Patrick Arendt, qui empêche de faire de l’individualisation. «L’école doit s’occuper des plus faibles et c’est exactement le contraire que fait Claude Meisch», observe d’ailleurs Parick Arendt.

Réalité et façade

Il critique également l’ouverture à la carrière d’enseignant du fondamental aux bachelors autres que celui dédié aux sciences de l’éducation, «ce qui risque de diviser les enseignants» dont la vocation a déjà tendance à se perdre. Si le ministre permet cette ouverture pendant cinq ans, c’est bien pour combler le manque de candidats à la fonction d’instituteur/trice.

Puis le syndicat n’oublie pas le risque que les écoles européennes publiques font courir pour le trilinguisme qui fait la particularité de la société luxembourgeoise. Car il sera plus simple désormais de fuir le français ou l’allemand en choisissant un enseignement européen plutôt que le système luxembourgeois.

Or les chiffres de la prochaine rentrée scolaire démontrent le succès des classes internationales de l’école publique avec des inscriptions qui passent de 1 621 élèves en 2017 à 2 206 élèves cette année. Le ministère précisait d’ailleurs que les inscriptions dans une classe internationale du secteur privé restaient stables et se réjouissait de cette «réelle alternative publique aux offres privées répondant à un besoin concret de la population scolaire au Luxembourg».

Pour le SEW, cela créera des communautés scolaires parallèles et surtout, cela mettra en péril l’usage du français que les jeunes Luxembourgeois tentent toujours plus d’éviter. Sans parler des programmes dont certains sont élaborés par des firmes privées à l’image du lycée Michel-Lucius devenu international qui consomme aujourd’hui des formations élaborées par Pearson, le numéro un des concepteurs de programmes d’enseignement.

Rien dans ce que le ministre Claude Meisch a fait dans son ministère ne plaît au SEW. Mais il reproche également aux deux autres partis de la coalition, les verts et les socialistes, d’avoir laissé faire et de s’être désintéressés de la question.

Geneviève Montaigu