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Editorial – L’interview de l’année


Mais que s’est-il vraiment passé entre Sony Pictures Entertainment et la Corée du Nord au sujet du film The Interview ? Quoi qu’il en soit – complot international, attaque informatique à grande échelle, terrorisme… – le résultat est que cette comédie, qui s’annonçait de bas niveau et marquée d’un humour graveleux et d’un niveau intellectuel digne d’un bigorneau, a été, pendant quelques jours du moins, au centre d’un débat mondial sur les réseaux sociaux, à la télé et dans une partie de la presse.

À cause de cette comédie loufoque où les héros – interprétés par James Franco et Seth Rogen, acteurs dont la filmographie se limite essentiellement à des comédies très en dessous de la ceinture, surtout en ce qui concerne le second – se retrouvent impliqués dans un complot dont le but est d’assassiner le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, on se serait cru au bord d’une guerre mondiale où les bombes ne sont plus envoyées à travers l’atmosphère terrestre, mais à travers la toile. Une guerre d’un nouveau genre, une première grande guerre 2.0.

Résumons l’affaire : en novembre, Sony aurait été piraté depuis Pyongyang et se serait fait voler d’importantes données confidentielles. Suite à cela, l’entreprise a annoncé renoncer à la sortie de The Interview. Le président américain, Barack Obama, a aussitôt crié au scandale, clamant qu’un « dictateur n’avait pas à imposer sa censure aux États-Unis », a menacé de placer la Corée du Nord sur la liste des États soutenant le terrorisme. Rien que cela! Mais finalement, Sony sort tout de même le film aux États-Unis, dans quelque 200 salles, au lieu des plus de 2 500 prévues, et le propose directement en vidéo à la demande.

Bref. Tout en passant pour la victime, la maison de production cinématographique a évité ainsi les critiques de cinéma – qui, depuis, ont tout de même assassiné le film – contourné les circuits habituels de distribution et s’est offert surtout une campagne de publicité sans précédent. Prémédité ? Qui sait ! Toujours est-il que les apôtres de la théorie du complot vont trouver là du grain à moudre…

De notre journaliste Pablo Chimienti