Le «Bee Secure Radar 2025» publié mardi permet d’observer des tendances dans le comportement numérique d’une jeunesse qui prend de plus en plus conscience de ses abus et des risques qu’elle court.
Pour la quatrième année consécutive, une partie de la jeunesse luxembourgeoise est passée au radar de Bee Secure, qui analyse en long et en large son utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC). Dévoilé mardi, le rapport «Bee Secure Radar 2025», réalisé à partir d’une enquête menée l’été dernier, apporte une vision et des tendances sur le comportement numérique parfois insaisissable de la jeunesse. Outre les 954 jeunes de 12 à 30 ans qui ont participé à l’enquête, 541 parents ou tuteurs légaux ont également évalué les usages de leurs enfants de moins de 16 ans.
L’apport de ces adultes est primordial, puisque le rapport 2025, à l’instar des précédents, démontre que le premier contact avec le monde digital a lieu de plus en plus tôt. Avant même parfois que les enfants puissent s’exprimer clairement. D’après 42 % des parents sondés, leur enfant a eu ce premier contact numérique avant l’âge de 4 ans. En 2023, ils étaient 35 % à signaler une telle précocité. Les auteurs précisent néanmoins que cette hausse pourrait aussi bien être le résultat de variations courantes dans ce genre d’enquête.
Toujours est-il que 21 % des parents déclarent que leur enfant a possédé son premier portable avant l’âge de 10 ans, l’âge moyen d’obtention, et ce pourcentage monte même à 49 % pour la première possession d’une tablette. Forcément, un accès au monde numérique si jeune comporte des dangers et constitue un défi dans une perspective de protection.
Entre 4 et 5 heures de portable par jour
Entre 3 et 11 ans, les trois risques les plus préoccupants pour les parents sont le fait de «passer trop de temps en ligne», l’exposition à des contenus non adaptés et la désinformation. De 12 à 16 ans, «passer trop de temps en ligne» demeure la plus grande préoccupation des parents, ex æquo avec la désinformation et devant l’«influence exercée par des modèles en ligne».
En revanche, les adolescents de 12 à 16 ans estiment, eux, que le cyberharcèlement est le plus gros risque qu’ils courent, 44 % d’entre eux ayant également déclaré en avoir déjà été victime au moins une fois. L’exposition à de la pornographie infantile et le cyberharcèlement (stalking) complètent le podium, tandis que leurs aînés de 17 à 30 ans placent la désinformation en tête, puis la pornographie infantile et le fait de «passer trop de temps en ligne».
On le voit : malgré l’âge et l’expérience digitale accumulée, l’utilisation des TIC n’est pas sans risque. D’autant plus que l’exposition aux dangers est accentuée par des temps d’écran toujours aussi importants. Le rapport 2025 démontre que les 12-16 ans interrogés passent, en moyenne, 4 h 08 par jour sur leurs écrans. Les 17-30 ans font même pire, avec 5 h 14. Logiquement, peu d’entre eux disent avoir un usage raisonné de leur smartphone en n’utilisant qu’une fois par heure leur appareil. Ils sont 11 % dans ce cas chez les 12-16 ans et 12 % chez les 17-30 ans.
Bien que la plupart d’entre eux aient régulièrement la tête plongée dans leur smartphone, les jeunes résidents concernés sont néanmoins conscients d’avoir un temps d’écran abusif. Parmi les jeunes adultes, 79 % estiment y consacrer «trop souvent» du temps et les 12-16 ans sont 54 % à penser la même chose. Ces chiffres font état d’une prise de conscience qui augmente, puisqu’ils sont respectivement en hausse de 13 et 9 points par rapport à 2023.
Ambiguïté autour de l’IA
Concernant leur navigation sur internet, les individus interrogés se révèlent être également conscients de la nécessité pour eux de bénéficier d’une meilleure protection. En effet, 69 % des adolescents et 88 % des jeunes adultes se disent en accord avec un système de vérification de l’âge sur les plateformes.
Ce rapport 2025 comporte une nouveauté : une section dédiée à l’intelligence artificielle (IA). Tandis que le Premier ministre, Luc Frieden, a participé au Sommet pour l’action sur l’IA à Paris ces deux derniers jours, Bee Secure s’est penché sur le rapport des individus à cette technologique vouée à se populariser. Force est de constater que la grande majorité affirme être capable d’en expliquer le fonctionnement et que 17 % des 12-16 ans se disent déjà être des experts en la matière, contre 7 % des 17-30 ans et 3 % des parents.

Malgré cela, l’IA est perçue de manière ambivalente. Environ la moitié des jeunes considèrent l’IA comme une chance pour eux-mêmes, mais ils sont quasiment autant, entre 33 % et 42 %, à la considérer comme un danger pour la société. Cependant, parmi les parents, la proportion de ceux qui perçoivent l’IA comme une opportunité est presque identique dans les deux cas, sur le plan personnel et pour la société. Le reste des jeunes sondés est encore perplexe et estime que «cela dépend».
Cette vision partagée autour de l’IA soulève «l’importance d’une discussion nuancée» sur ses opportunités et dangers, selon Bee Secure. Cet état d’esprit est d’ailleurs compatible avec toute politique d’encadrement autour de l’univers numérique, puisque ce dernier offre, malgré des constats alarmants, «de nombreux aspects positifs et utiles pour la vie quotidienne», dit le rapport.
WhatsApp occupe le trône
Parmi les jeunes âgés de 12 à 16 ans, WhatsApp est l’application la plus populaire (88 %), suivie de près par YouTube (87 %). L’année dernière, l’ordre était inversé, mais ces deux applications occupent toujours les deux premières places. En revanche, MS Teams, qui occupait la quatrième position l’an passé, ne figure plus dans le top 5. Instagram (81 %), quant à lui, a fait son entrée dans ce classement.
Concernant les 17 à 30 ans, la hiérarchie du top 5 reste identique à celle de l’an dernier, à l’exception de la quatrième place, désormais occupée par des plateformes de streaming de musique, qui remplacent Facebook. Comme pour le groupe des 12 à 16 ans, WhatsApp (95 %) est également l’application la plus utilisée sur leur smartphone.