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Écrans à l’école : le grand ménage se poursuit


Après avoir propulsé l’iPad au cœur des classes dans les lycées, Claude Meisch rebrousse chemin.  (photo Hervé Montaigu)

Après les mesures annoncées à la rentrée – dont l’interdiction du smartphone à l’école – d’autres vont suivre, indique le ministre, déterminé à éloigner les plus jeunes des écrans.

En 2017, le ministre de l’Éducation nationale lançait les «classes iPad» et le programme Digital Classroom Lëtzebuerg, avec l’objectif de mettre une tablette numérique entre les mains de chaque lycéen. Sept ans plus tard, le déferlement de conséquences négatives sur la santé mentale et physique des jeunes, pousse Claude Meisch à faire un pas en arrière. Désormais, la chasse aux écrans est ouverte, à l’école, mais aussi en structure d’accueil et à la maison, pour tenter de limiter leur impact délétère.

Pour y parvenir, le gouvernement veut accompagner les familles face à leurs ados devenus accros. Une campagne nationale est lancée, avec des recommandations concrètes pour un usage plus sûr des outils numériques, doublée de conférences, podcasts et ateliers dédiés aux parents.

Calquées sur les repères «3-6-9-12» établis en 2007 par le psychologue français Serge Tisseron, spécialiste des nouvelles technologies, les recommandations retenues par le ministère de l’Éducation nationale se basent sur trois phases du développement de l’enfant.

Ainsi, avant l’âge de trois ans, il est important d’éviter toute exposition aux écrans pour privilégier les contacts sociaux et multiplier les situations d’échange direct avec les parents. Le jeu doit aussi permettre de renforcer les compétences sociales, émotionnelles et linguistiques des petits. Le temps passé devant les écrans peut causer des retards de langage, des perturbations du sommeil ou encore de la motricité.

C’est pourquoi le ministère va interdire l’utilisation des écrans en crèche, une obligation qui sera inscrite dans les conventions avec les prestataires dès janvier 2025.

Avant douze ans, les enfants ne sont pas suffisamment outillés pour faire face aux dangers du web. Leur esprit critique n’est pas assez aiguisé pour faire face aux fausses informations, tandis que la maturité leur manque, les rendant extrêmement vulnérables aux comportements à risque : accès à des images pornographiques, partage de photos ou vidéos sensibles. Ainsi, il est conseillé de ne pas leur confier de smartphone personnel et de ne pas les laisser seuls avec un appareil connecté à internet.

Ce qui a motivé la décision du ministère de bannir le smartphone des écoles fondamentales à partir de Pâques. Et dans le même esprit, le smartphone sera également interdit en maison relais. Quant à l’usage d’outils collaboratifs tels que Microsoft Teams, dès le deuxième trimestre, la fonction chat sera bloquée et les élèves ne pourront plus créer de groupes de discussion.

Des mesures accueillies favorablement par les familles : «Les premiers échos sont très positifs. Ça envoie un message clair et aide beaucoup de parents à appliquer des limites avec le smartphone», note Alain Massen, président de la Représentation nationale des parents d’élèves. «Une action d’envergure nationale est bienvenue et pourra servir de soutien aux parents, car le pouvoir addictif des écrans est si fort, que les retirer à nos enfants ou simplement les limiter s’avère très compliqué.»

«Des restrictions et plus de contrôle»

Enfin, les études montrent combien l’utilisation excessive du smartphone et des réseaux sociaux affecte les ados, à une période charnière de la vie, alors qu’ils cherchent à construire leur identité et qu’ils ont besoin de retours de leur environnement social. Or, la confrontation permanente à des représentations irréalistes de beauté, bonheur et succès peut nuire à leur estime d’eux-mêmes et entraîner du stress émotionnel. Sans oublier le défilement sans fin de contenus stimulants qui amène troubles du sommeil et de la concentration. D’où la recommandation de ne pas utiliser les réseaux sociaux avant 15 ans.

Si l’interdiction du smartphone dans le secondaire n’a pas été actée pour l’instant, d’ici à la Pentecôte, tous les lycées devront se doter d’une stratégie pour instaurer une séparation physique entre l’élève et son téléphone. Et, comme expliqué plus haut, la politique des appareils One2One va être revue. À la rentrée 2025/2026, les élèves des classes inférieures ne disposeront plus de leur propre iPad. Les tablettes seront réservées aux plus âgés (5e et au-delà).

«On reste convaincus que l’outil numérique permet de travailler d’une manière différente et pertinente, mais on ne donnera plus un iPad à chacun. Les appareils seront limités via le réseau wifi, les enseignants pourront surveiller l’activité sur la tablette, et il y aura des restrictions et plus de contrôle», promet le ministre.

Protect : un projet pilote dans trois lycées

Le volet prévention n’est pas oublié. Les intervenants du Centre des comportements excessifs et des addictions comportementales (ZEV) ont été mandatés pour dérouler leur programme Protect auprès des classes de 6e de trois lycées pilotes cette année – Edward-Steichen à Clervaux, Maacher Lycée à Grevenmacher, et un troisième à déterminer. Celui-ci se base sur le développement des compétences et la régulation des émotions lors de l’utilisation personnelle de médias.

«Nous voyons des élèves dépendants au smartphone et aux réseaux sociaux, et ça nuit à leur développement, à leur santé mentale», explique Claude Meisch. «Cette initiative de prévention sera évaluée et on verra dans quelle mesure on peut l’élargir, voire la généraliser à tous les établissements.»

Début 2025, la campagne prendra un nouveau tournant, avec des mesures de promotion d’activités loin des écrans dans le domaine du sport, de la culture et de la créativité.

Trois repères à retenir

Pas d’écran avant 3 ans

Pas de smartphone avant 12 ans

Pas de réseaux sociaux avant 15 ans

Aux côtés des parents

– Une conférence publique avec Serge Tisseron est programmée le jeudi 7 novembre au Kinepolis de Luxembourg-Kirchberg. Le psychologue partagera ses conseils pour un bon usage des écrans.

– Des forums parentaux (Eltereforen) viendront en soutien au niveau local pour informer sur le contrôle parental, le filtrage de contenus inappropriés, le temps d’écran, etc. Les soirées en français auront lieu à Bettembourg demain à 19 h (13, rue du Nord), puis à Niederanven le 17 octobre à 19 h (128, route de Trèves) ou en ligne le 29 octobre à 18 h. Agenda détaillé et plus d’infos sur le site de la campagne.

– Le podcast Edutalk (disponible sur Spotify) aborde ces thématiques. L’épisode «Du bon usage des écrans» publié le 23 septembre est en français.

– Une hotline pour un contrôle parental efficace sera assurée par Bee Secure pour accompagner pas à pas les parents dans le paramétrage correct des outils numériques.

secher.digital.lu

Un commentaire

  1. Encore du grand Meisch.
    On fait tout et son contraire endeans quelques annees…et on trouve toujours un expert pour se justifier.