La Chambre de commerce annonce une légère amélioration des perspectives d’activité, d’emploi et d’investissement. La croissance modérée serait toutefois insuffisante pour pérenniser le modèle social.
Le camp patronal va aborder la réunion tripartite d’aujourd’hui avec une revendication claire : le pays a besoin de «réformes structurelles profondes» et «urgentes» afin de relancer l’économie, toujours en berne. La crise à résoudre serait économique et non pas sociale, martèlent les représentants des différents secteurs d’activité.
Pour rappel : la croissance du PIB restera limitée, selon les dernières prévisions, à 1 % en 2025 (2,5 % annoncés au départ) et 2 % en 2026 (contre 2,4 %). En 2024, la croissance s’est finalement établie à 1 %. Le fait que la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) misent respectivement, pour cette année, sur un PIB en hausse de 1,7 % et de 1,6 % ne change rien au constat du patronat.
L’industrie rebondit fortement
La croissance économique, un «pilier primordial de notre modèle social», souffrirait d’un «essoufflement» provoqué notamment par des réformes pour «contrer cette évolution dangereuse», constate la Chambre de commerce. Pendant de longues décennies, les «productivité et compétitivité élevées» auraient permis de générer les recettes fiscales suffisantes pour financer le modèle social. Ce ne serait plus le cas aujourd’hui. L’appel lancé est similaire à celui du gouvernement : «Pour pouvoir redistribuer la richesse, il faut d’abord la créer».
En amont de la reprise espérée du dialogue social, la Chambre de commerce met des chiffres complémentaires sur la table. Mardi ont été dévoilées les conclusions du Baromètre de l’économie. Au premier semestre 2025, le climat des affaires au Luxembourg connaît, malgré le climat économique tendu, «une légère embellie, portée par la baisse des taux d’intérêt et un regain de confiance dans certains secteurs d’activité». «Ce léger rebond est encourageant, mais il reste extrêmement précaire, note le directeur général, Carlo Thelen. Les entreprises avancent avec prudence, freinées par des incertitudes persistantes liées aux tensions géopolitiques, par le ralentissement du commerce mondial, et par des contraintes structurelles.»
Le baromètre reflète les résultats d’une enquête menée auprès de 580 entreprises luxembourgeoises d’au moins six salariés. Trois secteurs accusent une forte baisse de confiance : les services financiers (-15,5 points, 70 %), les transports (-14 points, 66 %) et l’Horeca (-10 points, 63 %). À l’inverse, l’industrie rebondit fortement (+27,5 points, 83 %), «potentiellement portée par des orientations européennes favorables à la réindustrialisation». Le secteur de la construction connaît aussi un regain d’optimisme (+10 points, 80 %).
Vers un rebond limité de l’activité
En ce qui concerne l’activité, seuls 16 % des chefs d’entreprise ont constaté une hausse de leur activité lors du premier semestre alors que 19 % l’anticipaient, et 29 % ont subi une baisse d’activité. Pour les six mois à venir, les perspectives s’améliorent légèrement : 24 % anticipent une hausse d’activité, contre 18 % une baisse. Si 54 % des entreprises anticipent une stabilité de leur rentabilité, 24 % prévoient une baisse, notamment dans l’industrie et le commerce (30 %).
Une des clés pour permettre à l’économie de retrouver une croissance plus importante demeure, selon la Chambre de commerce, la simplification administrative. Malgré les efforts du gouvernement, 35 % des entreprises estiment que les procédures se sont complexifiées. «Fait marquant : aucune entreprise de plus de 250 salariés n’a constaté d’allègement en la matière», est-il annoncé dans les conclusions du baromètre.
Plus globalement, les patrons revendiquent des réformes dans des domaines tels que les pensions, l’assurance maladie, l’absentéisme, le droit du travail, les conventions collectives, le logement, la fiscalité ainsi que la digitalisation et l’intelligence artificielle. Ils comptent enfin mener des «discussions constructives» en format tripartite.