Le gouvernement accélère dans le secteur spatial avec la création d’un «space campus» qui regroupera l’ensemble des acteurs privés et publics sur deux sites, à Kockelscheuer et Belval.
Il l’avait annoncé il y a quelques mois, le voilà sur la rampe de lancement : un grand campus de l’espace sera bientôt créé au Luxembourg, avec l’ambition d’en faire «le futur centre de gravité de l’écosystème spatial luxembourgeois», a décrit le ministre de l’Économie, Franz Fayot, hier matin, lors de la présentation officielle du concept, aux côtés du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Claude Meisch.
Implanté sur deux sites, à Kockelscheuer et à Belval, ce «space campus» sera exclusivement dédié au secteur spatial et devra assurer la position compétitive des entreprises et institutions de recherche publique en la matière, tout en facilitant l’installation et le regroupement des acteurs locaux et internationaux.
Un secteur dans lequel le Luxembourg commence à peser
«Le nouveau campus s’inscrit dans la lignée de ce que nous avons déjà entrepris dans le secteur spatial depuis le lancement de l’initiative Spaceresources.lu en 2016», souligne Claude Meisch. À savoir : la Luxembourg Space Agency fondée en 2018, le master interdisciplinaire dans le domaine spatial ouvert à l’université en 2019, ou encore le Centre européen d’innovation pour les ressources spatiales, créé au sein du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) en 2020, et dont l’Agence spatiale européenne (ESA) est un partenaire stratégique.
Un secteur en plein essor dans lequel le Luxembourg commence à peser : «L’intérêt pour l’écosystème luxembourgeois est considérable, on s’en rend compte au niveau international», note ainsi Franz Fayot. «En six ans à peine, le secteur spatial luxembourgeois s’est fortement développé et compte aujourd’hui 75 entreprises et instituts de recherche – une cinquantaine seulement avant la pandémie – pour 1 200 collaborateurs au total», poursuit-il.
Pour Claude Meisch, «le petit Luxembourg a de grandes ambitions», mais dispose aussi d’atouts qui manquent à de plus grands pays : «Nous avons une longueur d’avance, car on a pris le départ un peu plus tôt que les autres, et nous sommes aussi plus flexibles et réactifs.»
Un incubateur de start-up à Kockelscheuer
C’est le terrain de l’ancienne Poudrerie et ses sept hectares à Kockelscheuer qui a été choisi pour abriter les activités spatiales directement liées aux entreprises. Le nouveau ParcLuxite comprendra ainsi à la fois des espaces de bureaux, des infrastructures techniques partagées, dont un centre de test de 3 000 m2, et un incubateur pour start-up. Il hébergera aussi le siège de la Luxembourg Space Agency. La pose de la première pierre est prévue pour 2024, pour une mise en service à l’horizon 2026.
Belval accueillera, de son côté, sur deux hectares, tout ce qui concerne la recherche publique, soit les laboratoires du Centre interdisciplinaire pour la sécurité, la fiabilité et la confiance (SnT) de l’université et le Centre européen d’innovation pour les ressources spatiales du LIST. Un tout nouveau bâtiment va sortir de terre, en face du parking ouvert, près de la Maison du savoir, le déménagement des derniers équipements du campus Kirchberg étant projeté pour 2027 ou 2028.
Le ministre de l’Économie estime que ce futur «space campus» «renforcera la visibilité et l’attractivité du Luxembourg sur les scènes européenne et internationale, auprès des acteurs économiques comme de la communauté scientifique». Le budget total du projet n’a pas été dévoilé.
Le LunaLab de l’université du Luxembourg, caché dans le sous-sol du campus Kirchberg, est l’une des rares installations au monde à simuler les conditions lunaires pour tester des applications telles que la navigation autonome de robots lunaires, l’interaction entre les robots, l’extraction ou encore la manipulation de la surface lunaire.
Dans cette pièce noire de 80 m2, le sol a été recouvert de 20 tonnes de gravier de basalte pour reconstituer le socle rocheux typique de notre satellite naturel, avec ses cratères et son relief, et permettre aux étudiants et aux chercheurs de tester leurs véhicules en conditions réelles. Elle est équipée de douze capteurs de pointe grâce auxquels ils suivent la progression de leurs programmes automatisés et les mouvements du robot, au millimètre près, sur des écrans, depuis la pièce d’à côté.