Au moins une centaine de personnes, dont de nombreux enfants, ont été tuées et blessées lundi dans le bombardement par l’aviation afghane d’une école coranique (madrasa) du nord-est de l’Afghanistan, selon les bilans hospitalier et sécuritaires disponibles.
Au lendemain de ce raid de l’armée de l’air afghane, deux sources de sécurité s’exprimant sous couvert de l’anonymat ont fait état d’un bilan de « 59 morts, dont une majorité d’enfants parfois âgés de 8 ans et 17 talibans » ainsi que « 57 blessés ». Le raid s’est produit à la mi-journée au cours d’une cérémonie de remise de diplômes de fin d’année dans une madrasa de ce district, largement sous contrôle taliban.
Le porte-parole du ministère de la Santé à Kaboul Wahid Majroh a confirmé mardi matin que « 57 civils, dont des enfants et des vieillards ont été conduits à l’hôpital régional de Kunduz ainsi que cinq morts ». Une source de sécurité a fait valoir que les talibans « n’amènent généralement pas leurs victimes à l’hôpital public », d’autant que celui de Kunduz est distant de plusieurs dizaines de km du site bombardé dans le district de Dashte Archi.
« Une boucherie »
La Mission d’Assistance à l’Afghanistan (Manua) a annoncé l’envoi sur place d’une équipe de la division Droits humains pour « établir les faits », précisant qu’elle « regardait de près » les informations relatives à ce bombardement. Un témoin arrivé sur les lieux juste après la frappe, Abdul Khalil, a affirmé avoir « compté 35 corps, la plupart décapités ». « Dans ma seule tribu, 15 personnes ont été tuées dont mon neveu de 15 ans » a-t-il ajouté, évoquant « une boucherie : tout était couvert de sang et le sol, jonché de morceaux de corps, de têtes, de membres. »
Le porte-parole de la 20e Division de l’armée à Kunduz, Ghulam Hazrat Karimi, avait fait état lundi de 20 talibans tués et autant blessés, sans mentionner de victimes civiles. L’armée et les services de sécurité accusent les insurgés d’avoir planifié une réunion de leurs commandants dans cette école religieuse et disposé « de nombreux gardes à moto tout autour ». « Ils ont immédiatement tiré à l’arme légère contre les hélicoptères de l’armée après le raid », a précisé une de ces sources.
Le Quotidien/AFP