Trois jeunes hommes craignaient la prison pour s’être retrouvés mêlés à des échauffourées avec la police la veille de la fête nationale 2021. Les frères et leur cousin l’ont échappé belle.
Armin, Baki et Ramazan peuvent respirer. Le verdict de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg leur évite la prison. Mieux, Ramazan a été acquitté des faits qui lui étaient reprochés et son frère Baki n’a été condamné qu’à une amende de 500 euros. Leur cousin devra toutefois s’acquitter de 240 heures de travail d’intérêt général.
Leur avocat, Me Frank Rollinger, est satisfait, même si le tribunal aurait, selon lui, pu mieux faire. «Je suis content d’avoir réussi à décrocher un acquittement, même si j’en avais demandé trois», a-t-il indiqué jeudi à l’issue du prononcé. «Les peines sont relativement basses. Le parquet avait requis un an de prison ferme à l’encontre d’Armin, à qui les faits les plus graves étaient reprochés. On en est loin. Mais je pense que les trois jeunes hommes auraient pu bénéficier d’un acquittement.»
Le 28 juin, le parquet avait requis des peines de 12, 9 et 6 mois de prison contre les trois jeune hommes de 26 ans accusés de rébellion et d’outrage à agents ainsi que de coups et blessures volontaires après des échauffourées survenues la veille de la fête nationale 2021 derrière le Palais grand-ducal.
Le trio et sa bande d’amis auraient été plusieurs fois rappelés à l’ordre durant la soirée par des patrouilles de police avant que la situation dégénère et que les policiers soient obligés de sévir et de «muscler» le ton. Les fêtards présents alentour en ont profité pour s’en mêler et la situation a rapidement viré au chaos, comme le démontrent des vidéos qui ont circulé dans les réseaux sociaux les jours suivant les faits. Des vidéos que Me Rollinger a utilisées pour construire sa défense.
«Beaucoup de choses se sont passées le soir des faits et la police a travaillé dans des conditions compliquées. Je n’étais pas présent, mais des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent l’arrestation extrêmement musclée d’un de mes clients et les images ne correspondent pas aux témoignages des policiers», explique Me Rollinger. Quatre policiers avaient affirmé à la barre que le jeune homme s’était énergiquement opposé à son arrestation, alors que les images prises depuis des angles différents montrent un jeune homme asphyxié de spray au poivre, projeté au sol avec les policiers sur lui. «Je m’interroge sur la valeur des témoignages. Pourquoi croire une version davantage qu’une autre si j’ai la preuve du contraire?»
«Les images sont objectives»
En résumé, si ces témoignages ne correspondent pas à la réalité, quid des autres témoignages des policiers sur le déroulement de la soirée avant cette confrontation? «Les images sont objectives.» Et des témoignages de personnes présentes les appuient, selon lui. Il reconnaît que les policiers en service le soir de la fête nationale ont eu du fil à retordre, mais n’admet pas la manière de faire de certains des policiers présents.
«Est-on obligé de se mettre à quatre pour immobiliser une personne qui ne se débat pas? Ce n’est pas nécessaire et, par ailleurs, il n’est pas plus nécessaire d’affirmer qu’il s’est défendu alors que les images montrent le contraire», estime Me Rollinger, qui appelle de ses vœux, pour compléter l’équipement des policiers, des bodycams qui filmeraient les actions dans leur entièreté.
Me Rollinger attend de pouvoir consulter le jugement pour découvrir l’argumentation qui a amené les juges de la 9e chambre correctionnelle à se prononcer de la sorte. À la barre, le trio avait rejeté toutes les accusations et s’était dit victime d’incompréhension et de violences policières. Les jeunes hommes auraient voulu quitter les lieux, comme les policiers le leur avaient suggéré plus tôt, mais n’y seraient pas parvenus assez rapidement, entre autres en raison de la densité de la foule. La situation aurait ensuite dégénéré à cause d’un policier en particulier et d’un jeune homme non identifié que le trio dit ne pas connaître.
Un jeune homme a failli être condamné à sa place. Il a finalement été acquitté. Il était incarcéré au centre pénitentiaire de Schrassig au moment des faits qui lui sont reprochés. «Le parquet a eu le bon réflexe de vérifier pourquoi ce jeune homme à qui on reprochait l’infraction la plus lourde, c’est-à-dire d’avoir frappé une policière à la tête et de l’avoir fait tomber au sol, ne s’était pas présenté à l’audience», salue l’avocat. «Cette policière était certaine d’avoir identifié la bonne personne à partir de la planche de photographies qui lui a été soumise.»