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E-sport : «C’est difficile de se structurer au Luxembourg»


Joe Hoffmann est le président de la Luxembourg Esports Federation (LEFS) depuis sa création en 2020.

Président de la Luxembourg Esports Federation, Joe Hoffmann milite pour la reconnaissance de l’e-sport, son attractivité et l’union de deux fédérations qui entravent le développement national du milieu.

Que pensez-vous de l’annonce par le Comité international olympique (CIO), le 14 octobre, d’une étude pour des Jeux olympiques dédiés à l’e-sport ?

Joe Hoffmann : C’est une bonne chose, mais, même avant cela, l’e-sport était l’un des sports officiels aux Asian Games. En tout cas, si le CIO reconnaît l’e-sport, les fédérations d’e-sport encore non reconnues devront forcément l’être par les comités olympiques nationaux. Je suis donc optimiste, c’est une bonne direction pour notre milieu.

La seule chose dont j’ai peur, c’est la façon dont le CIO voit l’e-sport. Ce n’est pas celle des gameurs, qui jouent à League of Legends, Rocket League, Counter Strike, FIFA, etc. Pour le CIO, l’e-sport correspond à des simulations de sport qui existent. Mais ce n’est pas ça, le vrai e-sport. Leurs jeux de tir à l’arc ou de baseball, c’est vraiment des jeux de niche. Si on réunit toutes les simulations de sport, ça représente à peine 10 % des jeux existants. Donc, est-ce que ce seront des jeux e-sportifs ou non? En tout cas, je suis sûr que les jeux de tir, ce ne sera pas possible pour le moment, tant qu’il n’y aura pas des personnes plus jeunes dans l’exécutif qui connaissent l’e-sport depuis le début. Il y a trop de fausses idées autour de ces jeux et de leur violence qui bloquent la reconnaissance.

Il y a un blocage avec le Comité olympique et sportif luxembourgeois

Au Luxembourg, à quel stade se trouve la reconnaissance de l’e-sport ?

Il y a un blocage avec le Comité olympique et sportif Luxembourgeois (COSL) qui, en tant que représentant du sport privatif organisé, donne un avis favorable ou non avant qu’un ministre reconnaisse un sport. Pour le moment, le COSL a dit non, en argumentant d’un point de vue olympique, et c’est un souci. Ils disent que l’e-sport est trop commercial et ils ont des problèmes avec les jeux de tir.

L’e-sport, c’est beaucoup plus que les jeux de tir déjà. Il faut avoir en tête que l’idée du jeu, en compétitif ou non, ce n’est pas d’aller dans le jeu pour tuer une personne. Tu joues pour un but, pas pour tuer. Alors que dans un sport comme la boxe, des coups sont vraiment donnés. Pour le côté commercial, je suis d’avis que chaque sport professionnel est très commercial, il n’y a qu’à voir le football et le basket. Si tu veux être à un niveau professionnel élevé, il faut commercialiser. Sans l’argent des sponsors, tu ne peux pas organiser tout ça.

Nous ne sommes pas un acteur commercial, nous voulons juste rendre la scène e-sport visible

Comment décririez-vous la scène e-sportive nationale ?

On a un vrai pro sur Counter Strike, sur EA Sports FC (ex-FIFA) et on a un joueur qui avait des offres de clubs de Bundesliga et de la Ligue 1. Sinon, la scène est plutôt amateur, au maximum semi-professionnelle. C’est difficile d’en parler, car on n’a pas de statistiques du tout. Mais on fait des analyses nous-mêmes et on estime qu’il y a autour de 5 000 joueurs compétitifs au Luxembourg.

C’est difficile de se structurer au Luxembourg. Il y a notamment eu de mauvaises expériences en matière d’argent et autour de fausses promesses. Et cela, parce que ce n’est pas reconnu, donc il n’y a pas la même réglementation que dans d’autres sports. On est, en plus, en concurrence avec toute l’Europe. L’e-sport est un sport international et les joueurs luxembourgeois peuvent aller jouer en Belgique, en Allemagne ou en France. Pour garder les joueurs, il faut des possibilités financières, mais pour ça, il nous faut la reconnaissance. Sans elle, on n’a pas de fonds du ministère des Sports et les sponsors, eux, sont moins prêts à investir.

Vous accompagnez systématiquement les joueurs qui représentent le Luxembourg en compétition internationale ?

Tous les tournois qui sont organisés et auxquels on peut participer, on y participe, oui. On aide toujours avec les coûts, parce que c’est souvent nous qui payons, et pas l’organisateur. Et si parfois c’est la fédération internationale qui paye le logement, c’est nous qui avançons l’argent. C’est pour ça que c’est important d’avoir des fonds pour pouvoir garantir cela aux joueurs. Par exemple, au début, on s’est inscrit pour toutes les qualifications de jeux. Mais si une équipe de Dota s’était qualifiée, ça aurait été compliqué de trouver les fonds pour pouvoir organiser le voyage de cinq personnes et d’un accompagnant.

Votre poste à la Luxembourg Esports Federation, c’est un engagement que vous prenez sur votre temps libre ?

Oui, je ne suis pas employé par la fédération, ce n’est le cas pour aucun d’entre nous. Je le fais sur mon temps personnel, ça prend beaucoup d’heures, difficile de dire combien, mais c’est un grand investissement. Mais bon, si on aime ce qu’on fait.

Pourquoi y a-t-il deux fédérations d’e-sport au Luxembourg, la vôtre et la Fédération luxembourgeoise d’esport (FLES) ?

À la base, il y avait 11F Gaming, qui était la seule structure professionnelle qui pouvait payer des joueurs, même si la plus grande partie était des amateurs. Elle n’existe plus aujourd’hui, elle est en faillite. Lors du lancement de notre fédération, on avait invité 11F Gaming à devenir membre, mais ses dirigeants ont refusé. Ils nous ont vus comme un concurrent qui allait prendre une part de leur marché, alors que ce n’est pas le cas. Notre but est de superviser des événements que des prestataires s’occupent d’organiser. Nous ne sommes pas un acteur commercial, nous voulons juste rendre la scène e-sport visible. Les membres de 11F Gaming ne voulaient pas intégrer notre fédération et donc ils ont créé leur fédération, la FLES, composée uniquement de gens de chez eux. Pourtant, on leur a proposé d’intégrer à 50 % notre comité, afin de trouver des solutions ensemble. Ils voulaient être les seuls sur le marché. C’est dommage, parce que, en plus, leur fédération n’a pas d’activité et n’est pas reconnue.

Est-il possible de n’avoir qu’une seule fédération, à terme ?

On est en train de discuter avec Post pour cela. Car la seule chose que la FLES a, c’est un partenariat avec Post, car 11F Gaming était son fournisseur de services pour le Post Esports Masters. Maintenant, nous aussi, on a Post et on leur a dit que ça n’a aucun sens d’avoir deux fédérations.

Un commentaire

  1. Je pense que Monsieur Hoffmann vit dans une galaxie/dimension paralèlle, très loin de la réalité au Luxembourg…