Le patron d’un important groupe de transport routier belge soupçonné d’avoir employé un millier de chauffeurs d’Europe de l’Est dans des conditions sordides a été placé en détention provisoire, alors que la Belgique poursuit sa lutte contre le dumping social dans un secteur « gangréné », a indiqué la justice belge.
Roland Jost, le patron de Jost Group – qui emploie 1.650 personnes dans 12 pays d’Europe et au Maroc -, a été inculpé au lendemain d’une vague de 15 perquisitions menées en Belgique, au Luxembourg et en Roumanie, selon le parquet fédéral belge. Il a été placé en détention provisoire, tout comme deux autres personnes considérées par le juge d’instruction, au même titre que lui, comme étant les dirigeants d’une « organisation criminelle ».
Une quatrième personne, également inculpée mais remise en liberté conditionnelle, est considérée comme un simple membre de cette organisation criminelle. Les chefs d’inculpations sont lourds et comprennent la « traite d’être humains », en raison des conditions dans lesquelles vivaient les chauffeurs, originaires principalement de Roumanie.
À cela s’ajoute des accusations de « blanchiment », « faux et usage de faux social » et « escroquerie en droit pénal social », ainsi que diverses infractions à la sécurité sociale et « défaut de paiement » des salaires, a précisé le parquet fédéral. Le préjudice pour la sécurité sociale belge et pour les quelque 1.100 chauffeurs du groupe Jost concernés est actuellement estimé à 55 millions d’euros, mais ce montant pourrait encore augmenter, selon un porte-parole du parquet.
Mercredi, le groupe Jost avait assuré être « accusée à tort de dumping social » et estimé être « parfaitement en ordre à tous les niveaux ». Depuis l’élargissement de l’UE à l’Europe de l’Est il y a une douzaine d’années, les entreprises établies en Belgique, mais aussi dans des pays comme la France, subissent « une pression sur les prix qui les pousse à aller chercher des chauffeurs à l’Est », a expliqué dans le quotidien La Libre Belgique le secrétaire général de l’Union professionnelle du transport et de la logistique (UPTR), Michaël Reul.
Le Quotidien / AFP