Une nouvelle scène, de nouveaux partenaires, des activités inédites : Usina, le festival transculturel de Dudelange qui aura lieu début juin, a déjà entamé son évolution. Pour le meilleur.
En 2022, la commune de Dudelange, dopée par sa proximité avec la capitale européenne de la culture, avait fait le vœu de rattraper le temps perdu, ou plutôt, celui que le covid lui avait volé. Dans la ville où le Zeltik, Like a Jazz Machine et la Fête de la musique sont devenus de véritables institutions, l’avènement d’Usina, festival collaboratif à trois têtes – la commune de Dudelange, De Gudde Wëllen et l’Atelier – entendait amener la vie culturelle de la Forge du Sud à un niveau supérieur.
Pari réussi : en préambule de la présentation, hier, du programme d’Usina23, le bourgmestre de Dudelange, Dan Biancalana, rappelait, images à l’appui, le succès qu’avait été la première édition, en juin dernier, porté sur scène par les Américains de Kings of Leon et une fréquentation dépassant les 10 000 visiteurs sur tout un week-end.
Usina 22 : l’union fait la force !
C’est officiel : Dudelange, dont la vie est rythmée par ses festivals, accueille donc un petit nouveau dans la famille. Et celui-ci veut faire valoir sa «personnalité très particulière», glisse le directeur d’Opderschmelz, John Rech. Celle d’un évènement qui a pour moteur une programmation musicale forte, «à l’impact international», et qui invite cette année la star allemande du dancehall Peter Fox et Interpol, piliers new-yorkais du rock indé depuis les années 2000, deux têtes d’affiche d’un festival qui fait aussi de la place à la scène locale (De Läb et Nicool, fiers représentants du hip-hop luxembourgeois) et aux sensations de demain (la Londonienne Gretel Hänlyn qui, du haut de ses 20 ans, est déjà comparée à London Grammar et Florence + The Machine).
«Comme des petits jeunes»
L’identité profonde d’Usina, c’est aussi et surtout celle d’un festival transculturel, dont la vision globale, qui évolue déjà dès cette année, vise à s’affiner encore dans le futur. Si Luka Heindrichs, du Gudde Wëllen, signale que «tous les partenaires d’Usina22 avaient affiché leur volonté de poursuivre le projet», John Rech renchérit en précisant que le festival a depuis reçu «plein de demandes d’autres maisons et associations qui voulaient prendre part au projet».
«Ceux qui nous ont accompagnés depuis Usina22, premier rêve, ont toute notre confiance, mais l’évolution se fait de manière très naturelle. Parmi les nouveaux partenaires, on compte le Centre national de l’audiovisuel (CNA), qui nous ouvre sa salle de cinéma et propose une expérience en réalité virtuelle (NDLR : l’installation The Assembly, créée dans le cadre d’Esch2022 par les Luxembourgeoises Catherine Elsen et Charlotte Bruneau)», poursuit le directeur d’Opderschmelz.
Parmi les autres partenaires, on compte la Kulturfabrik, les Rotondes, l’Aalt Stadhaus ou encore l’association DKollektiv. «Chacun apporte sa pierre à l’édifice et c’est l’élément le plus important de ce festival», affirme Luka Heindrichs. Par exemple, le Pomhouse, l’ancienne station de pompage reconvertie en espace d’exposition, «accueillera nos singers-songwriters», portant le total des scènes à six, contre cinq l’année dernière, précise John Rech.
«L’évolution du festival en interne a déjà eu lieu», assure-t-il encore, gardant le secret sur l’éventail des activités culturelles qui seront dévoilées dans le programme définitif, mais avouant néanmoins travailler à «un cycle de conférences» qui aura lieu pendant Usina23. «C’est le festival lui-même qui nous indique le chemin à suivre. Nous, on se sent comme des petits jeunes qui organisent leur premier festival : on prend en compte les idées de chacun, toujours avec enthousiasme. Pour nous qui faisons ce boulot depuis longtemps, l’enthousiasme n’a pas toujours été aussi fort que sur ce projet.»
Un site réaménagé
Alors qu’il y a moins d’un an, l’équipe d’Usina ne se prononçait pas encore sur la suite de l’aventure, elle se montre aujourd’hui passionnée et a déjà tout prévu pour s’adapter à la transformation du site NeiSchmelz, qui commencera à l’été 2023 et qui prévoit plus de mille nouveaux logements.
Alors que le plan du festival a déjà évolué depuis la précédente édition, John Rech explique : «Notre idée principale a été d’aménager le site en prenant en compte le nouveau quartier, mais, surtout, en tenant compte des chantiers des dix prochaines années, puisque le quartier est voué à évoluer sur le long terme.» Une conception adoptée, elle aussi, «de façon collégiale, avec nos différents partenaires, afin que nos besoins et nos exigences artistiques soient satisfaits» jusqu’à Usina33 au minimum.
À moins de quatre mois d’Usina23, l’objectif minimum est de rassembler autant de public que l’an dernier, plus si possible. Car, bien que l’évènement fût couronné de succès, Dudelange avait souffert d’un petit couac avec Esch quand les Francofolies avaient révélé leurs dates : les mêmes qu’Usina22! Cette fois, le festival prend ses marques le week-end précédant les «Francos», soit les 3 et 4 juin prochains.
Quant à dire que ce désencombrement pourrait amener encore plus de monde, les organisateurs restent prudents : «Les résultats de fréquentation de l’année dernière montrent qu’au final, personne n’a été perdant, mais il vaut mieux éviter cela à nouveau», observe laconiquement Luka Heindrichs. Après tout, les organisateurs partagent tous la même pensée, qu’ils manifestent fièrement : le public, c’est leur «principale motivation»!
L'affiche
Samedi 3 juin
Peter Fox
De Läb & Nicool
Lime Garden
Dimanche 4 juin
Interpol
Gretel Hänlyn
Blond
Mayberg
Listentojules