De nombreux fans du F91 n’avaient pas de billet, pour le match contre Milan, jeudi soir. Nous en avons retrouvé en terrasse à Dudelange, au Prima o poi…
Prima o poi. «Ça veut dire « tôt ou tard »», nous lâche le patron de ce bar de Dudelange. En l’occurrence, maintenant. C’est dans quelques instants que va commencer le match inédit F91 – Milan. Comme une envie de régler la télé pour voir si l’on ne s’est pas trompé.
Amis et habitués de cette sympathique adresse ont pris place, le match commence dans dix minutes. «Sky ou RTL pour le match?», demande le patron. La chaîne italienne l’emporte. Il faut dire qu’ici on mange et on boit italien. «Luxembourgeois aussi», corrige un employé, en proposant un chardonnay local servi frais. «Moi je prends un pecorino (vin blanc italien), entend-on en face. Comme ça, on fera le match Luxembourg – Italie dans le verre!»
La rencontre commence. Dans l’assistance, quelques maillots du Milan, mais le cœur est dudelangeois, à coup sûr. Le patron se targue d’avoir un maillot du F91 déjà vintage, avec la pub Lavazza dessus. «Il est beau hein?», lance t-il fièrement à un Milanais.
«Doudelangé», «Toppmolairé»…
Les joueurs sortent du vestiaire, le gardien Joé Frising en tête. Les encouragements fusent. Le public ironise sur la prononciation des noms. Les commentateurs italiens ont l’accent chantant. «Toppmolairé», «Doudelangé»… Les locaux hallucinent : c’est bien l’Europe du foot qui écorche les noms de la vie quotidienne.
Alors que Dudelange montre une belle persévérance, deux jeunes discutent. «T’as parié ce soir? La cote de Dudelange est à dix (NDLR : 10 euros remportés pour 1 euro misé). T’imagines, Lyon était à 17 hier soir…» Ça veut dire que même les bookmakers croient à l’exploit. Et, dans le bar à vin du Prima o poi, on n’attend que ça : une étincelle des joueurs locaux, un renversement de table. «Ils vont les bouffer», lâche un jeune sur une action offensive de Dudelange. «S’il y a un but, je fous tout en l’air», lance un autre bravache en regardant le patron.
Et non. Dudelange n’a pas «bouffé» l’ogre milanais. Personne n’a retourné le bar, même si la bière italienne Peroni a coulé à flots. A destra, a sinistra (à droite, à gauche) : à force de changements d’aile, Milan a fini par marquer. Mais l’essentiel est sauf, les habitants ont vu leur équipe jouer, pour de vrai, et ne jamais vraiment céder.
Hubert Gamelon