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Dudelange : le Centre de soins de rouvre ses portes le temps d’un dimanche


Certains animaux comme les canards bénéficient d’espaces aquatiques pour guérir au mieux. (Photo : nancy lambert)

Depuis 2019, le Centre de soins pour la faune sauvage n’avait pas organisé de portes ouvertes. A l’occasion de cette journée, des activités et des visites guidées pour sensibiliser ont été organisées.

D’ordinaire, le Centre de soins pour la faune sauvage de Dudelange récupère et guérit des animaux blessés. Hier, ce lieu a décidé d’ouvrir ses portes à une toute nouvelle espèce : le grand public. Depuis 2019, il n’avait pas pu fouler la terre du centre et, au vu du nombre d’individus, il n’attendaient que ça.

Cette attente s’explique. Tout d’abord, les portes ouvertes demandent du temps aux travailleurs, qui doivent les organiser tout en s’occupant des animaux, même en fin de «haute saison». Ensuite, la crise du covid a rendu la vie difficile à l’équipe et le début du chantier du nouveau site rendait compliquée une telle organisation.

3 000 animaux recueillis depuis le début de l’année

Depuis plusieurs années, le nombre d’animaux à recueillir augmente, déjà 3 000 depuis le début de l’année, ainsi que leur diversité. Comme un blaireau ne peut pas être autant à l’aise dans une petite cage qu’un mulot, il faut adapter ces lieux de vie aux besoins de chaque espèce. Ce qui a conduit à agrandir l’ancien site, qui ne peut plus répondre aux attentes.

Jill Gaasch, la directrice du lieu, s’expliquait en janvier : «Le nouveau site est pensé pour répondre aux besoins concernant l’accueil de la faune sauvage, qui reste notre priorité. Mais ce projet a été néanmoins pensé pour prévoir de la place pour les nouveaux animaux de compagnie (NAC).» On comprend donc mieux pourquoi le grand public n’a pas pu visiter les lieux les années précédentes, entre deux tractopelles et quelques ratons laveurs.

Tout le Luxembourg en un endroit

Pour préparer cet événement comme il se doit, le personnel se doit d’être fidèle au poste, tout comme les bénévoles. Une quarantaine au total. Installés sous de grandes tentes sur une parcelle du nouveau site, ils tiennent plusieurs stands. Derrière un barbecue, en train de servir des verres, conseillant des ouvrages pour en apprendre plus sur la faune locale ou à un atelier bricolage pour les enfants.

En bons connaisseurs du terrain, les membres de l’équipe comme Nara, une soigneuse, organisent les visites guidées. Une première pour elle : «Avant même d’entrer, vous pouvez observer ce cabanon. C’est le drop-off, un des rares endroits où le public peut pénétrer d’ordinaire. Il nous sert à accueillir des animaux avant de les prendre en charge.» Qu’ils soient d’ailleurs apportés par un promeneur, un garde forestier ou un taxiste. Ce nom désigne les bénévoles qui, alertés après le dépôt d’un animal dans un des drop-off situés à Junglinster, Niederfeulen et Clervaux, apportent vite la bête au centre de soins de Dudelange. Comme un taxi.

La visite continue et les premières volières se découvrent. Un museau dépasse d’une d’entre elles. C’est un blaireau… empaillé. «Les portes ouvertes sont un événement qui amènent beaucoup de curieux et ce n’est pas dans les habitudes de la faune sauvage. Les animaux pourraient vite prendre peur et se faire mal, ce qui aggraverait leur cas. Ils sont donc entreposés tranquillement dans un coin du site, le temps d’une journée.» Les enfants du groupe sont un peu déçus par la nouvelle. Cependant, ils comprennent très vite les enjeux et reprennent leurs esprits en apercevant quelques oiseaux restés dans les cages chauffées. «On le fait pour ceux qui n’ont pas pu migrer vers des pays chauds et pour les NAC exotiques», explique la guide.

Le grand public, un acteur majeur

Après l’ancien site, le public visualise enfin les nouvelles constructions. Là où sont les stands des bénévoles se tiendra le futur lieu des volières pour proies et prédateurs. Assurément, ils seront séparés et éloignés. Juste derrière, de grandes volières de 3 à 6 mètres de haut et tout en longueur s’imposent. «Une fois les brise-vue installés, pour ne pas les stresser, les grands rapaces pourront s’y reposer et se muscler. Ils ne doivent pas perdre leurs puissants pectoraux.»

«Qu’est-ce que vous faites de toutes ces espèces une fois guéries?», s’interroge un visiteur. Comme à chaque fois, la soigneuse a réponse à toutes les questions. Il y a deux cas de figure. Le premier est le soft release, c’est-à-dire que l’animal est relâché, mais peut revenir s’il souhaite se lover dans un endroit calme et rassurant. Le deuxième est le hard release. On l’utilise par exemple pour les oiseaux de proie, ils sont renvoyés dans leur milieu naturel et continuent leur vie de chasseur. «D’autres sont impossibles à relâcher, car trop nuisibles et inadaptés. C’est le cas de nos ratons laveurs, que certains parcs animaliers viennent chercher. Et pour les tortues de Floride, nous les gardons à vie. C’est l’exception.»

Après cette visite de près d’une heure, Myriam est épatée : «Je suis touchée par leur motivation, on sent qu’ils s’attachent à leurs pensionnaires.» Elle est venue avec ses deux enfants et son mari, Bruno. La famille avait déjà apporté un petit oiseau mal en point par le passé. Là ils découvrent les coulisses.

Pour la directrice, c’est une opération réussie : «Quand ils trouvent un animal, les gens veulent bien faire, mais ne savent pas comment. C’est notre plus grand souci. Alors, aujourd’hui, on leur apprend comment agir sans blesser. Ils voient comment le centre fonctionne. Puis, le bouche à oreille fera son travail et notre mission sera accomplie.»

Des sauveteurs d’un genre particulier

Alexandra est vétérinaire et bénévole dans le groupe de sauvetage animalier (GSAN). (Photo Nancy Lambert)

Le personnel du centre de soins a un agenda chargé et a besoin d’un vaste réseau pour se tenir informé. Le groupe de sauvetage animalier (GSAN), qui en fait partie, présentait ses équipements lors de la journée portes ouvertes. Les membres de ce groupe d’intervention spécialisé du CGDIS, sont formés en trois ans au sauvetage des animaux. L’anatomie des bêtes, leur physionomie et les risques de zoonose figurent au programme de leur formation.

Ces bénévoles fonctionnent en équipes composées de pompiers et de vétérinaire, comme Alexandra : «On intervient deux à trois fois par semaine sur des affaires. Ça va d’une bétaillère qui s’est renversée à des serpents, des araignées ou des sangliers mal en point.» Daniel, son collègue pompier, ajoute : «On est là pour que les gens ne paniquent pas. Pour que ni eux ni l’animal ne se blessent.» Quand les visiteurs passent, ils posent aussi des questions sur leur équipement. Fusil tranquillisant, filet pour sanglier, grande cage à blaireau : tout donne envie de se plonger dans cet univers.

De notre collaborateur Simon Iung

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