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Dudelange demande des comptes à son ancien fonctionnaire


Henri R. a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et 65 000 euros d’amende pour corruption et trafic d’influence.  (Photo : alain rischard)

La commune de Dudelange a employé pendant six ans un fonctionnaire qui avait un double job. Responsable DRH, il était aussi consultant pour des communes en matière de restauration scolaire.

La commune de Dudelange va tenter une poursuite civile pour dommages et intérêts contre l’un de ses anciens fonctionnaires, Henri R., récemment condamné par la justice pour corruption et trafic d’influence. L’individu, aujourd’hui retraité, occupait un poste de chef du service des ressources humaines de Dudelange, jusqu’en 2017, année de la découverte de ses forfaits, selon nos confrères de Reporter.lu qui ont révélé l’affaire.

L’ancien fonctionnaire avait réussi en une vingtaine d’années à arrondir ses fins de mois pour une somme totale de 700 000 euros en s’improvisant consultant auprès d’une trentaine de communes dans le domaine de la restauration des écoles primaires et des maisons relais. C’est à la suite d’une plainte auprès du parquet, déposée par l’ancien ministre de la Fonction publique, Dan Kersch, que la justice s’est intéressée de près aux agissements frauduleux de ce fonctionnaire qui a de suite démissionné de son poste à Dudelange.

L’enquête judiciaire qui s’est étalée sur six ans a révélé que l’individu, qui avait un temps plein à la commune de Dudelange, était parvenu à mettre en place un vaste système de corruption et de trafic d’influence touchant 35 communes qui ont toutes été perquisitionnées. Elles ont toutes rémunéré l’individu «de façon clandestine et indirecte», relève la procédure judiciaire.

L’affaire a été mise au jour quand le ministère de l’Intérieur a reçu une lettre de «Sodexo» se plaignant des agissements d’Henri R. qui privilégiait des concurrents dans les soumissions publiques pour la livraison de repas dans les cantines scolaires. C’était notamment le cas pour Rambrouch, Remich et Weiler-la-Tour, trois communes qui ont fait appel aux services du fonctionnaire payé pour ses services sans aucune base légale.

L’individu facturait des réunions qui n’ont sans doute jamais eu lieu. «Il avait pris l’initiative d’intervenir auprès de certaines communes en réclamant un « copyright«  sur ses documents de soumission, faisant état d’un marketing offensif et d’une véritable marque de fabrique», est-il précisé dans la procédure.

Quoi qu’il en soit, cet ancien responsable des ressources humaines à Dudelange parvenait à cumuler ses deux jobs, mais omettait de déclarer au fisc les sommes qu’il percevait en sa qualité de consultant. Non seulement l’administration fiscale lui a infligé un redressement fiscal, mais encore, la commune de Dudelange a engagé une procédure disciplinaire qui a été abandonnée de facto quand l’homme a démissionné.

 «Nous avions eu écho de travaux de consultance pour de nombreuses communes qui ne rentraient pas dans ses attributions», confiait le député-maire de Dudelange, Dan Biancalana, à Reporter.lu.

Unanimité au conseil

Vendredi dernier, lors du conseil communal de Dudelange, l’opposition CSV-déi gréng et déi Lénk ont demandé à ce que cette affaire soit inscrite à l’ordre du jour à la suite de l’article de Reporter.lu et la majorité n’a pas sourcillé. Si l’individu a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et une amende de 65 000 euros à la suite d’un jugement sur accord, la commune peut encore entreprendre une action au civil.

Le représentant de déi gréng, Yves Steffen, a déclaré au micro de RTL Radio qu’il lui était impensable que l’ancien fonctionnaire ait pu cumuler deux jobs sans que personne ne se soit posé des questions. La conseillère CSV Michèle Kayser s’interroge de la même manière. Elle ne conçoit pas que l’individu ait pu agir de la sorte pendant six ans sans que la majorité socialiste de la commune s’en aperçoive.

Le député-maire Dan Biancalana leur a confirmé qu’une procédure disciplinaire avait été engagée en 2017 alors que des doutes s’étaient installés deux ans auparavant. Avant de lancer la procédure, il fallait collecter les preuves des agissements de ce fonctionnaire. Aujourd’hui, il est prêt à demander des dommages et intérêts au fonctionnaire qui a dû manipuler le système de pointage de ses heures de travail et de présence à Dudelange.

 Le conseil communal décidera en juillet de chiffrer le préjudice subi. À l’unanimité.

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