Parfois considéré comme un gadget, le drone est de plus en plus utilisé dans un cadre professionnel. C’est le cas pour les sapeurs-pompiers du Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS) qui est en train de développer une unité et réfléchit à mettre en place des stratégies d’intervention.
Que ce soit lors de l’incendie de la Brasserie Guillaume à Luxembourg (le 10 mai dernier) ou au lendemain de la tornade qui a balayé Bascharage et Pétange, le 9 août, les drones des sapeurs-pompiers volontaires et professionnels du Corps grand-ducal d’incendie et de secours étaient en action.
Cet outil est relativement récent, mais le CGDIS a déjà mis sur pied un petit groupe de travail et d’intervention capable de diriger des drones. Dix-neuf pompiers disposent de la compétence nécessaire pour piloter ces engins dont les bruits et l’aspect font songer à un insecte. «Notre intérêt pour les drones n’est pas si récent, affirme le capitaine Georges Comes, sapeur-pompier en charge du projet au sein du CGDIS. Déjà en 2014, nous avions regardé à droite et à gauche ce qui se faisait, sans déboucher sur quelque chose. Puis en 2015, lors de l’Interschutz à Hanovre en Allemagne, une grande foire dédiée notamment à l’équipement pour les pompiers, nous avons noué des contacts avec des fournisseurs de matériel connus de nos services qui justement proposaient des drones améliorés et dédiés aux services de pompiers. Donc, nous avons acheté un drone pour la caserne de Luxembourg. Parallèlement à cela, nos collègues de Berdorf-Bollendorf ont également fait l’acquisition du même drone.»
Fin 2015, le fournisseur en question, Ziegler, a livré les drones, fabriqués par le chinois DJI, spécialisé dans la fabrication de ce type d’engin. «En plus de la livraison du matériel, nous avons suivi une formation de deux jours afin d’être capables de piloter un drone. Car même si c’est assez maniable, il y a quand même des aspects techniques. Par exemple, lorsque l’on fait tourner le drone sur lui-même à 180°, il faut garder à l’esprit que cela inverse les commandes», explique le capitaine Comes.
En 2016, c’est la Protection civile de Lintgen qui fait l’acquisition du même modèle de drone. «Évidemment, nous avons échangé nos bonnes pratiques en matière de pilotage, mais sans vraiment une réelle structure derrière», affirme le pompier.
Précieux allié sur les incendie
Avec la réforme instituant le CGDIS en 2018, il a été décidé de rassembler les énergies. «Cela n’avait pas de sens que chacun travail dans son coin sur l’utilisation des drones. Avec la réforme, les énergies ont été réunies et un groupe de travail et d’intervention a été créé. Désormais, on travaille ensemble pour développer l’utilisation des drones, développer des stratégies et des protocoles d’intervention, réfléchir sur les différentes possibilités qu’offre l’utilisation d’un drone et puis ensemble nous pouvons mieux échanger nos idées. Donc, aujourd’hui, les corps travaillent ensemble», assure le capitaine des pompiers.
La première utilisation d’un drone par les pompiers luxembourgeois a eu lieu en 2016 sur un incident concernant du gaz dangereux.
«Notre première intervention remonte effectivement à 2016 sur un soupçon d’échappement de gaz dangereux autour d’un train d’ArcelorMittal à Differdange. Le drone a servi à garder le contact visuel avec nos pompiers en scaphandre, car le lieu présentait une visibilité réduite. Il était difficile de mettre en place l’équipe de pompiers habituellement chargé d’être en soutien en assurant un contact visuel avec l’équipe qui intervient afin de parer à toute éventualité», relate le capitaine Georges Comes.
Avec le temps, les pompiers ont diversifié les interventions, utilisant les drones sur les incendies pour profiter de l’apport d’une caméra thermique.
«Sans le drone, la caméra thermique est portée par un pompier, explique l’officier des sapeurs-pompiers. Le pompier ne voit qu’une surface limitée d’un lieu sinistré avec la caméra thermique portable. Pour pouvoir couvrir la totalité de la surface sinistrée, il a besoin de regarder les différentes zones les unes après les autres. Avec le drone, on peut, surtout pour le feu d’une toiture ou d’un grand bâtiment industriel, voir en un coup la totalité de la surface. Ou il faut faire appel à l’hélicoptère de la police. Dernièrement, nous sommes surtout intervenus sur des feux de végétation. L’apport du drone a permis de mieux identifier, et plus rapidement, les points chauds sur un relief qui n’est pas toujours des plus faciles. Nous avons également utilisé des drones lors de l’incendie de la Brasserie Guillaume. Nous avons ainsi pu identifier plus facilement et rapidement les points chauds, notamment grâce à la caméra thermique, et éviter la propagation du feu aux autres bâtiments. Le drone permet donc d’aller plus vite, car autrement l’identification des points chauds se fait sur place par des hommes.»
Jeremy Zabatta