Téhéran a catégoriquement démenti vendredi les allégations de Donald Trump selon lesquelles un navire américain aurait « détruit » un drone iranien, et a ironisé en suggérant que Washington ait pu abattre un de ses propres appareils.
Le président des Etats-Unis a affirmé jeudi qu’un navire américain, l’USS Boxer, avait détruit au-dessus du détroit d’Ormuz un drone iranien qui s’approchait dangereusement. « Allégations délirantes et sans fondement », a réagi vendredi le général de brigade et porte-parole des forces armées iraniennes Abdolfazl Shékarchi, cité par l’agence Tasnim. « Tous les drones […] sont biens rentrés à leur base » hier, a ajouté l’officier. « J’ai peur que l’USS Boxer ait abattu un de leurs propres [drones] par erreur », a écrit pour sa part le ministre des Affaires étrangères adjoint iranien Abbas Araghchi sur Twitter.
La région du Golfe et du détroit d’Ormuz, par où transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète, est depuis plus de deux mois au cœur de vives tensions géopolitiques, sur fond de bras de fer entre l’Iran et les Etats-Unis, qui y ont renforcé leur déploiement militaire. Selon donald Trump, le Boxer a entrepris « une action défensive » contre un drone iranien qui s’était approché dangereusement après avoir ignoré de multiples appels à s’éloigner du vaisseau. « Le drone a été détruit immédiatement », a assuré le président américain.
Dans un communiqué, le Pentagone a indiqué pour sa part que « vers 10h00 heure locale » (05h30 GMT), jeudi, le Boxer a « pris des mesures défensives » contre un drone qui s’était approché « à une distance menaçante » alors que le navire passait le détroit d’Ormuz. Le communiqué ne précise ni la nationalité présumée du drone ni ce qu’il en est advenu.
Selon Tansim, le général Shékarchi a affirmé n’avoir reçu « aucun rapport faisant état d’un affrontement » entre un drone iranien et le Boxer. Mais Donald Trump voit dans cette affaire « la dernière des nombreuses actions provocatrices et hostiles de l’Iran contre des navires opérant dans les eaux internationales ».
Une série d’actes de sabotage et d’attaques qui cristallisent les tensions
« Les Etats-Unis se réservent le droit de défendre leur personnel, leurs équipements et leurs intérêts » a-t-il poursuivi, exhortant « les autres pays à protéger leurs navires qui franchissent le détroit et à coopérer avec nous à l’avenir ». Washington cherche en effet à former une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le Golfe à la suite d’une série d’actes de sabotage ou d’attaques ayant visé depuis mai six navires de part et d’autre du détroit d’Ormuz, dans le Golfe ou en mer d’Oman. Les Etats-Unis ont accusé l’Iran d’en être responsable, ce que Téhéran nie.
La tension entre les deux pays avait atteint un pic le 20 juin lorsque l’Iran a abattu un drone américain qui se trouvait, selon Téhéran, dans son espace aérien. M. Trump avait alors affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles.
L’Iran, se considère le gardien du Golfe et ne cesse de dénoncer la présence militaire étrangère – en premier lieu américaine – dans ce bras de mer.
Une nouvelle mise en garde de l’Iran
Jeudi, le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, a adressé une nouvelle mise en garde aux Etats-Unis, lors d’une visite sur trois îles stratégiques du Golfe rattachées à l’Iran en 1971 mais revendiquées par les Emirats arabes unis. L’Iran agit selon « une stratégie défensive, ce qui veut dire que nous ne sommes les instigateurs d’aucune guerre », a-t-il dit, mais « si les ennemis font une erreur d’appréciation, nous passerons d’une stratégie défensive à une stratégie offensive », a-t-il dit, selon un communiqué des Gardiens.
Ceux-ci ont également annoncé jeudi avoir arraisonné le 14 juillet dans le détroit d’Ormuz « un tanker étranger » et son équipage soupçonnés de se livrer à de la « contrebande » de carburant. Le guide suprême iranien Ali Khamenei avait annoncé deux jours plus tôt que son pays répondrait « au moment et à l’endroit opportuns » à l’interception le 4 juillet d’un pétrolier iranien par les autorités britanniques, au large de Gibraltar.
Les tensions entre Washington et l’Iran ont également pour toile de fond les conséquences du retrait unilatéral américain, en 2018, de l’accord international sur le nucléaire conclu en 2015. Les sanctions réimposées depuis lors par les Etats-Unis ont fait plonger l’Iran en récession et lui font perdre les acheteurs de son pétrole, privant le pays des avantages qu’il escomptait de ce pacte.
Téhéran menace désormais de s’affranchir progressivement de cet accord alors que Washington entend poursuivre une politique de « pression maximale » pour contraindre l’Iran a négocier un nouvel accord, ce que la République islamique refuse obstinément.
LQ/AFP