Accueil | A la Une | Droits de douane : pour Xavier Bettel, «le consommateur va trinquer»

Droits de douane : pour Xavier Bettel, «le consommateur va trinquer»


Xavier Bettel (à d.), ici en discussion avec son homologue français Jean-Noël Barrot, a réagi en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN aux annonces de Donald Trump. (Photo : afp)

La guerre commerciale, lancée par le président américain, qui vise notamment l’UE, s’est aussi invitée à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN, réunis jeudi à Bruxelles.

Si les droits de douane n’ont pas été débattus formellement, les commentaires se sont multipliés en marge de ce rendez-vous crucial pour l’avenir de la coopération entre Washington et l’Europe au sein de l’Alliance atlantique.

Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Xavier Bettel, également en charge du Commerce extérieur, n’a pas hésité à prendre position devant la presse internationale. Il a mis en garde contre l’effet boomerang que peut avoir le paquet de taxes ficelé par l’administration Trump.

«Je suis convaincu que ce sont les citoyens de la classe moyenne américaine qui vont devoir payer la note. Ils ont voté pour Donald Trump qui a promis de combattre l’inflation. Je ne suis pas un Nobel de l’économie, mais si tu imposes des droits de douane à tout le monde, ce sont les consommateurs qui vont trinquer», avance Xavier Bettel. La mesure ne serait «ni dans notre intérêt ni dans celui des États-Unis».

Washington et le président américain «ne doivent pas considérer l’Europe comme un ennemi». «Nous étions et sommes des partenaires», affirme le chef de la diplomate luxembourgeoise. Il plaide dès lors pour se montrer «pragmatique» en évitant de s’accuser mutuellement. «Ce n’est pas aux États-Unis de décider ce que l’Europe doit faire, et ce n’est pas à l’Europe de dire ce que les États-Unis doivent faire», ajoute toutefois Xavier Bettel.

Le risque d’être «dévorés»

Il garde espoir qu’un «dénominateur commun» puisse encore être trouvé. Pour commencer, l’Europe doit néanmoins «faire preuve de force». «Si nous sommes trop faibles, nous allons être dévorés», lance le ministre. «Mais cela ne veut pas dire que l’on ne puisse pas chercher des compromis. En même temps, on ne veut pas être les dindons de la farce. Ce qui nous est imposé, ce ne sont pas des droits de douane, mais de véritables punitions».

L’Union européenne se doit donc de réagir. «Le consommateur, qu’il soit américain ou européen, paiera la note pour une bagarre qui n’apportera rien à personne», martèle Xavier Bettel. Ce constat vaudrait aussi pour l’économie dans son ensemble.

S’il existe une première leçon à tirer de cette guerre commerciale, c’est que «l’Europe doit enfin prendre conscience» de l’importance de ne plus être dépendante de partenaires non fiables : «Ce fut le cas pour le gaz russe lors de la crise du covid et c’est toujours le cas pour la défense. Or, comme dans tout couple, un divorce n’est pas à exclure. Je ne dis pas que l’on doit rompre avec les États-Unis, mais au vu du potentiel de conflit qui existe, l’UE doit devenir autonome sur les plans énergétique, économique et militaire».

OTAN-Trump : «Nous avons un ennemi en commun, la Russie»

Xavier Bettel a parlé d’«un premier moment de vérité» en ce qui concerne l’avenir de la coopération entre les États-Unis et l’Europe à l’échelle de l’OTAN. «Je souhaite que la coopération continue, même si c’est devenu plus compliqué. Il faut rappeler que nous avons un ennemi commun, la Russie», souligne le ministre luxembourgeois.

«Le président Trump a clairement indiqué qu’il soutenait l’OTAN. Nous allons rester dans l’OTAN», a rassuré le secrétaire d’État américain, Marco Rubio. Par contre, les États-Unis veulent obtenir des 32 membres de l’Alliance atlantique une promesse d’atteindre un effort de défense de 5 % du PIB. Washington pointe à 3,4 %, l’Italie ou l’Espagne sont à moins de 2 %. Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN, veut proposer un seuil de 3,5 %.

Le Luxembourg investit cette année 1,32 % de son revenu national brut (780 millions d’euros) dans la défense. Atteindre le cap des 2 % en 2030 (1,5 milliard d’euros) s’avère insuffisant. Le «moment de vérité» évoqué par Xavier Bettel interviendra plutôt en juin, lors du sommet de l’OTAN.