Les pays qui ne respectent pas les quotas d’attribution du droit d’asile au sein de l’Union européenne pourraient se voir privés d’aides dans d’autres domaines, a mis en garde dimanche la chancelière allemande Angela Merkel.
« S’il n’y a pas de solidarité sur la migration, il ne pourra pas y en avoir dans d’autres domaines, et cela pourrait se révéler amer pour la cohésion européenne », a déclaré Angela Merkel au journal Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung. Ses propos sonnent comme un avertissement à certains pays d’Europe de l’Est, qui benéficient de milliards d’euros en tant que membres de l’UE.
Depuis 2015, l’Allemagne a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile, pour beaucoup des Syriens, des Irakiens ou des Afghans fuyant conflits et persécutions, ce qui a valu à Angela Merkel des louanges internationales mais aussi des attaques xénophobes. Alors que la fermeture des frontières dans les Balkans et l’accord UE-Turquie sur le renvoi de migrants a réduit le nombre d’arrivées en Allemagne, la popularité d’Angela Merkel est en hausse. Son parti, la CDU, est crédité de 37 à 40% des suffrages, la donnant favorite pour les élections législatives du 24 septembre.
La « violence » du mécanisme de quotas obligatoires
Des gouvernements des pays de l’Est ont critiqué le mécanisme de quotas obligatoires d’accueil de réfugiés adopté par l’Union européenne. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a dénoncé jeudi la « violence » du mécanisme de quotas obligatoires d’accueil de réfugiés adopté par l’Union européenne. Répondant à la lettre envoyée mardi par Jean-Claude Juncker, dans laquelle le président de la Commission européenne rappelait à Viktor Orban que « la solidarité n’est pas un plat à la carte », le chef du gouvernement hongrois s’est déclaré « choqué et perplexe » face à cette déclaration.
Mercredi, le gouvernement hongrois avait déjà dénoncé la décision « irresponsable » de la justice européenne qui a débouté la Hongrie et la Slovaquie de leur recours contre ce mécanisme de quotas obligatoires de réfugiés. La Hongrie s’est illustrée ces deux dernières années par son opposition frontale à la politique migratoire européenne, se refusant notamment à appliquer un plan européen de répartition de demandeurs d’asile depuis l’Italie et la Grèce, décidé en 2015 pour soulager ces deux pays en première ligne face aux arrivées de migrants.
Le plan européen en question prévoyait de répartir jusqu’à 160.000 personnes en deux ans depuis l’Italie et la Grèce vers les autres pays de l’UE, avec des critères d’éligibilité restrictifs –il ne concerne ainsi que les demandeurs quasiment assurés d’obtenir l’asile, comme les Syriens et les Erythréens.
En près de deux ans, seulement un peu plus de 24.000 demandeurs en ont jusqu’ici bénéficié, alors que plus d’un million de migrants ont débarqué sur les côtes des deux pays méditerranéens lors de la seule année 2015. La plupart ont continué leur route vers le nord de l’Europe. Sur un ton plus conciliant, Angela Merkel a toutefois reconnu que l’attribution du droit d’asile sera simplifié une fois que la fragile politique migratoire de l’Europe sera renforcée.
Le Quotidien / AFP