L’usage de drogues illicites au Luxembourg se décline en plusieurs phénomènes. Parmi les consommateurs récréatifs, le cannabis garde largement la cote, surtout auprès des 15 à 34 ans.
Une petite semaine après le vote de la légalisation partielle du cannabis récréatif, la direction de la Santé a publié hier le rapport annuel sur la consommation de drogues illicites au Grand-Duché. Les chiffres sont collectés par le Réseau luxembourgeois d’information sur les stupéfiants et les toxicomanies (Relis).
Un des principaux enseignements : après une année noire en 2000, avec 26 décès par surdosage, le bilan poursuit sa tendance à la baisse générale, avec encore 5 victimes dénombrées en 2021. Le Luxembourg se situe largement en dessous de la moyenne européenne, qui pointe à 18,3 cas par million d’habitants. Il s’agit d’un des effets positifs du déploiement des plans d’action nationaux en matière de drogues et d’addictions associées.
Quelque 2 200 usagers à haut risque
Le rapport estime qu’environ 2 160 personnes sont à considérer comme usagers à haut risque. Cela équivaut à un taux de prévalence de 5,06 usagers sur 1 000 habitants âgés de 15 à 64 ans. En 2000, le Luxembourg affichait encore un taux de 9 usagers à haut risque sur 1 000 habitants, soit un des chiffres les plus élevés dans l’UE. Parmi ces 2 160 personnes – dont deux tiers de polytoxicomanes –, ils sont désormais 68,5 % à consommer de la cocaïne, contre 64,3 % d’usagers d’héroïne. Les mélanges (ou cocktails) contenant de la poudre blanche sont également à la hausse. Les demandes de traitements liées à l’usage de cocaïne sont aussi devenues plus nombreuses.
Il est à noter que les opioïdes constituent toujours les substances de premier choix parmi les usagers à haut risque, en dépit d’une tendance pluriannuelle à la baisse.
Les 15-18 ans adeptes du cannabis
Alors qu’il deviendra, encore dans le courant de ce mois de juillet, légal de cultiver quatre plants par ménage, le rapport Relis permet aussi de dresser un état des lieux plus détaillé sur la consommation de cannabis au Luxembourg. Sans surprise, il s’agit toujours de la drogue la plus consommée au niveau national. Les chiffres sont éloquents : en 2021, 94,1 % des consommateurs occasionnels de stupéfiants ont opté pour le cannabis. Loin derrière suit la cocaïne, pointant à 22,4 %.
Il faut remonter à 2019 pour obtenir plus de détails sur les catégories d’âge qui consomment du cannabis. Un peu moins d’un tiers des 15-34 ans (32,7 %) ont au moins cédé à la tentation. Ce taux est de 18,2 % parmi les 15 à 18 ans.
Pour ce qui est de la consommation sur l’espace d’une année, 5,4 % des 15 à 64 ans indiquent avoir consommé du cannabis (4,8 % en 2014). Parmi les 15 à 34 ans, le taux passe à 12 % (9,8 % en 2014). Le Luxembourg demeure en dessous de la moyenne européenne qui était de 15,5 % en 2019. Par contre, parmi les 15 à 18 ans, le taux de consommation augmente à 15,2 % (11,2 % en 2014). Ils sont 7,3 % à ne pas encore être majeurs, mais à avoir usé du cannabis le mois précédant l’enquête.
Le premier joint est fumé, en moyenne, à l’âge de 19 ans. Le même âge moyen est avancé pour la première utilisation d’héroïne. Le LSD suit avec un âge moyen de 21 ans, avant que n’arrive l’ecstasy (22 ans).
Parmi les filles, la consommation de cannabis sur un mois, observée entre 2006 et 2022, est passée de 8 % en 2006 à 13 % en 2022, et pour les garçons de 14 % à 16 % dans la même période. La proportion de garçons ayant une consommation régulière de cannabis oscille entre 30 % et 35 % entre 2006 et 2022, alors que la proportion de filles se situe entre 23 % et 28 %.
Une moyenne de 2,4 joints par mois
Sur un mois, l’herbe est consommée en moyenne pendant 16 jours avec 2,4 joints fumés sur une journée. La quantité moyenne acquise est de 4,6 grammes, le tout pour un prix moyen, en 2021, de 10 euros par gramme. En 2019, le prix moyen tournait encore autour de 17 euros par gramme. Près de 44 % des consommateurs affirment partager le cannabis acheté.
Les chiffres varient pour la consommation de cocaïne : moyenne de 1,2 gramme réparti sur 5 jours par mois, pour un prix de 72,1 euros en 2021 et de 65 euros en 2019.
Pour rappel, la légalisation partielle du cannabis récréatif est autorisée aux seuls adultes. La consommation est également strictement personnelle, et limitée à son propre domicile. La loi ne permet pas d’organiser des soirées entre amis et autour d’un joint. Il est aussi interdit de céder sa production de cannabis, même gratuitement.