Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Première fois pour les uns, dernière fois pour les autres. André et Carlos ont juré qu’on ne les y reprendrait plus, tandis que tout semblait glisser sur Dany, spectateur de son procès.
«Ma main a glissé du volant au moment où j’ai voulu m’engager dans un virage», explique Dany, un tout jeune conducteur, à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg vendredi matin.
Il y a un an jour pour jour, peu avant 18 h, la voiture du jeune homme tapait contre un trottoir de la rue de la Chapelle à Differdange. Les dégâts ne sont pas importants, mais des policiers constatent qu’une forte odeur de cannabis s’échappe de la voiture. Il s’avèrera plus tard que Dany a trois fois et demi la dose autorisée de THC au volant, soit 3,5 ng/mL de sérum sanguin.
«Vous aviez mis de l’huile sur votre volant?», l’interroge le président, non sans malice. «Vous allez devoir changer de main ou arrêter la fumette.» «J’avais fumé le matin», lui répond très nonchalamment Dany. «Votre main a glissé parce que vous étiez défoncé», poursuit le juge. «Et ce matin? Grâce à mon expérience, je reconnais ce regard vitreux. J’espère que vous n’êtes pas venu en voiture.»
«Un ami m’a déposé.» Dany ne se laisse pas décontenancer par le président qui lui suggère d’aller faire un tour au marché de Noël avant de rentrer chez lui. Il lui conseille ensuite de télécharger l’application mobilitéit.lu pour connaître les horaires des bus. «C’est gratuit et cela vous permet de rouler et de fumer» sans risquer d’accident.
Le procureur le prévient quant à lui des risques pénaux encourus s’il venait une nouvelle fois à être contrôlé par la police au volant d’une voiture après avoir fumé du cannabis. «Vous êtes un consommateur régulier», note le magistrat.
«Vous pouvez être arrêté sur place et présenté à un juge d’instruction.» Plus d’aménagement de peine possible à ce moment-là. «Le produit reste dans le sang et dans l’urine. Vous êtes en état de délit permanent», ajoute le président.
Le représentant du parquet a requis une peine de 18 mois d’interdiction de conduire et une amende appropriée contre le jeune homme. Il s’est dit favorable à un sursis partiel de cette peine pour que Dany retienne la leçon. Il ne s’est pas non plus montré défavorable à un aménagement pour permettre au jeune homme d’aller travailler.
Interdictions à foison
André avait, lui aussi, consommé du cannabis quand il a été contrôlé au volant de sa voiture, le 19 juillet 2020 à Esch-sur-Alzette. Et de la cocaïne. En plus de cela, il était sous le coup d’une interdiction de conduire et d’une suspension administrative de son permis de conduire encore pour quelques heures.
Il est à nouveau arrêté rue d’Athus, à Pétange, en septembre 2021. Sa voiture n’est pas assurée correctement et il n’a pas effectué le stage à Colmar-Berg qui lui aurait permis de récupérer son permis de conduire à la suite de la suspension.
Le prévenu explique être incarcéré pour «des faits similaires» à la suite d’une décision de justice d’octobre 2021 qui l’a condamné à 15 mois de prison et à une amende de mille euros. «Qu’avez-vous fait pour avoir écopé de 15 mois? Vous avez écrasé quelqu’un?», s’étonne le président. Le trentenaire indique «avoir falsifié les documents pour l’assurance».
«J’ai bien compris la leçon», promet-il et d’expliquer qu’il va bientôt pouvoir bénéficier d’un régime de semi-liberté pendant trois jours par semaine pendant lesquels il ira travailler et suivra un programme de réinsertion.
Le représentant du parquet a requis des peines d’interdiction de conduire de 36 mois pour avoir conduit sans permis de conduire, de 18 mois pour avoir conduit sous l’emprise de stupéfiants et de 18 mois également pour défaut d’assurance, ainsi que 6 mois de prison et une amende appropriée.
L’avocate de Dany a demandé un aménagement de la peine lui permettant de pouvoir conduire lors des trajets professionnels et de le dispenser d’amende étant donné sa situation financière actuelle.
Noël avant l’heure
Enfin, Carlos est accusé d’avoir commis un délit de fuite. Ce monsieur de 77 ans s’est présenté face à la chambre correctionnelle avec ses deux enfants. Sa fille explique que depuis l’accident, il n’a plus conduit sa voiture et n’a plus l’intention de se mettre derrière un volant tant il a été choqué.
Malentendant et appareillé depuis un mois, il n’aurait pas entendu le bruit du choc entre sa voiture et celle de sa victime et n’aurait pas non plus entendu quand cette dernière a frappé à la vitre de son véhicule. Le président a estimé que, dans ses conditions, Carlos ne pouvait plus conduire de voiture.
Le représentant du parquet a quant à lui suggéré au juge de prononcer une suspension du prononcé à condition de recevoir la preuve en cours de délibéré que Carlos renonçait à son permis de conduire.
Les prononcés de ces affaires sont fixés au 19 janvier.
