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Drame familial : un père accusé de sévices sur sa femme et ses enfants


«La violence dans cette famille semblait être quelque chose de normal», a relevé hier après-midi une experte psychologue. (photo S. K.)

Un père de famille est accusé du pire. Toute une panoplie de faits à l’encontre de son épouse et de ses six enfants. Il en conteste une partie et ne s’explique pas les plus accablants.

Sa fille aînée s’enfermait dans sa chambre et dormait avec un couteau sous l’oreiller par peur qu’il vienne la retrouver pendant la nuit. Son épouse était dans un état d’hypervigilance constante. Ses autres enfants les plus âgés évoquent, quand ils parlent de lui, d’un homme imprévisible à l’humeur changeante. «La violence dans cette famille semblait être quelque chose de normal», a relevé mardi après-midi une experte psychologue qui a rencontré certaines des victimes présumées d’Issam. Ce père de six enfants est accusé d’un nombre impressionnant de faits à leur encontre ainsi qu’à l’encontre de son épouse.

Dans différentes périodes de temps entre 2011 et 2019, cet homme d’origine marocaine d’une cinquantaine d’années aurait commis des attouchements sexuels sur son épouse et deux de ses filles, des viols sur son épouse et sur sa fille aînée, des menaces de mort à l’encontre de son épouse si elle prévenait la police ainsi que de nombreux faits de coups et blessures volontaires sur cette dernière et sur ses six enfants âgés de 1 à 15 ans en 2019. Issam minimise ses actes et rejette les accusations à caractère sexuel – à l’exception d’un attentat à la pudeur – ainsi que les coups et blessures à l’encontre de ses deux plus jeunes enfants de 1 et 3 ans.

Interrogé par le président de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg mardi, le père de famille aujourd’hui divorcé a eu du mal à s’expliquer. Confronté à la multiplicité des faits, il accuse son ancienne épouse de machination au moment de leur divorce – il aurait juste voulu se défendre contre ses agressions – et évoque une sombre histoire de «sorcellerie», «de sang sur ma voiture et ma poubelle» et «d’oiseaux morts retrouvés autour de la maison».

Une mère protectrice

Pour l’enquêtrice du service de protection de la jeunesse de la police judiciaire et la psychologue, le doute ne serait cependant pas permis. Les victimes présumées sont crédibles. Le médecin de la famille a témoigné avoir reçu la mère venue faire constater ses blessures. «Elle m’a consulté en janvier 2019. Je lui avais conseillé de porter plainte contre son époux, mais elle était réticente. Elle voulait protéger ses enfants», précise-t-il. Jusqu’au 11 octobre 2019. La mère de famille a trouvé le courage de libérer sa famille en s’ouvrant à la police.

Ceintures, câbles d’ordinateur, babouches, vase ou livres. Issam prenait ce qui lui tombait sous la main quand il n’utilisait pas ses poings ou ses pieds pour violenter les membres de sa famille, selon l’enquêtrice. Trauma crânien et facial, fracture du nez, yeux au beurre noir, hématomes. Il n’y a guère un endroit du corps de son ancienne épouse qui ait été épargné. Les photographies qu’elle envoyait à Issam en témoignent. Auprès des professionnels de santé, elle trouve des excuses pour justifier leur origine. Elle est tombée dans l’escalier, a-t-elle prétexté à un médecin des urgences qui ne l’a cru qu’à moitié. Son fils unique, lui, aurait caché ses blessures et montré un comportement de plus en plus violent, selon les témoignages de ses professeurs à la police.

L’aînée de la fratrie s’est, quant à elle, confiée à sa mère lors de vacances au Maroc en 2019 après avoir visionné un reportage télévisé sur les abus sexuels, rapporte l’enquêtrice. Elle lui aurait fait promettre de ne pas en parler à son père. Elle le confrontera en enregistrant leur discussion dans l’espoir d’obtenir des preuves de ce qu’elle lui reproche. Selon la jeune fille à l’enquêtrice, Issam se serait senti tout permis. Sur le banc des prévenus, il baisse la tête et se passe les mains sur le visage. Il est ressorti assommé de l’audience.

À l’expert neuro-psychiatre venu l’examiner en détention préventive, il avait accusé les policiers de malveillance. «Il a regretté que l’accent n’ait pas été mis sur tout ce qu’il prétend avoir fait de bien pour sa famille», a rapporté l’expert. Son ancienne épouse et sa fille aînée seront entendues cet après-midi par le tribunal. Ensuite, ce sera à son tour de répondre à leurs accusations et de donner sa version des faits.