«En matière de repentir, on a vu mieux.» Le prévenu a minimisé les coups et blessures et finalement reconnu un attentat à la pudeur après les témoignages à huis clos de ses victimes.
«Le tribunal doit protéger cette famille», a affirmé l’avocate des parties civiles mercredi après-midi après que l’ex-femme et la fille aînée d’Issam avaient témoigné à huis clos de ses agissements. Un silence particulier régnait dans la grande salle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg à l’issue de ces auditions qui n’ont pas encouragé le prévenu à prendre conscience des sévices qui lui sont reprochés. À la barre de la 12e chambre criminelle, il se pose en victime de la mère de ses enfants. Ses propos sont gênants et accablants. Le quinquagénaire a réponse à tout, mais sa logique est difficile à suivre. «En matière de repentir, on a vu mieux», a lancé le procureur.
Dans différentes périodes de temps entre 2011 et 2019, ce quinquagénaire d’origine marocaine est accusé d’avoir commis des attouchements sexuels sur son épouse et deux de ses filles, des viols sur son épouse et sur sa fille aînée, des menaces de mort à l’encontre de son épouse si elle prévenait la police ainsi que de nombreux faits de coups et blessures volontaires sur cette dernière et sur ses six enfants âgés de 1 à 15 ans en 2019.
«La famille était à (l)a merci» de celui qui «a créé une sorte de harem avec sa femme et ses filles», a estimé l’avocate de ces dernières avant de réclamer 140 000 euros de dommages et intérêts pour la mère de famille et ses six enfants ainsi qu’une mesure d’éloignement. «Il pense que tous ses actes sont explicables. Pour sa fille, c’est sa tenue. Pour sa femme, c’est son attitude.»
À la barre, Issam lui donne raison au fil des exemples qu’il a notés point par point dans un petit cahier. Le prévenu se présente en père de famille modèle qui devait pallier les erreurs d’éducation de son ancienne épouse incapable, selon lui, de tenir un foyer ou de s’intégrer à la société par paresse. «Je n’ai jamais essayé de l’isoler. Elle n’a jamais fait d’effort», indique-t-il. «On ne retient que le négatif à ma charge, pas ce que j’ai fait pour ma famille. Elle n’a jamais appris à parler français ou à prendre le bus.» Il n’était, selon lui, «pas le maître qui pose ses règles», comme l’a décrit l’avocate des parties civiles.
«Un léger déséquilibre»
Issam tourne autour du pot et minimise, mais finit par reconnaitre les atteintes à la pudeur sur sa fille aînée entre 2016 et 2019 et les coups et blessures volontaires sur les membres de sa famille. Il réfute les abus sexuels sur son épouse et sur une autre de ses filles âgée alors de moins de 11 ans. L’expert avait pourtant jugé les propos de l’enfant crédibles. Mais le père de famille accuse son ancienne épouse de manipulation. «De 2004 à 2018, elle a toujours eu des grossesses. Comment se fait-il qu’aucun médecin n’ait constaté des blessures?», se défend-il.
«Il ressort du dossier que des médecins ont constaté des blessures», a avancé le procureur qui a demandé au tribunal de retenir toutes les infractions retenues à sa charge, à l’exception de celle de viol à l’encontre de sa fille aînée. «Il y a un léger déséquilibre» entre les accusations et les explications données par le prévenu qui justifie «le calvaire» qu’il est accusé d’avoir fait vivre à sa famille par «des lessives mal faites», a estimé le parquetier.
«Le prévenu a commencé en 2011 jusqu’à ce que sa famille craque», le 11 octobre 2019. «On comprend à l’attitude des victimes présumées qu’elles se sont tues par fidélité et par honte», a précisé le magistrat. C’est finalement l’acte manqué du fils du prévenu «qui a soulagé tout le monde».
En raison notamment de la répétitivité des faits, le procureur a requis à l’encontre du père de famille une peine de 12 ans de réclusion criminelle assortie d’un sursis partiel probatoire pour lui permettre de suivre un traitement, ainsi que de l’interdiction d’approcher sa famille. Le magistrat n’a pas requis d’amende à son encontre étant donné qu’Issam continue de pourvoir aux besoins de sa famille «bien que cela n’atténue pas ses actes». Le procès se poursuit vendredi matin avec la plaidoirie de la défense.