Sous le choc, de nombreuses personnes ont déposé lundi des bougies et fleurs sur le lieu du drame. Impossible de ne pas être touché par l’histoire de ce petit garçon, sur la place Guillaume-II… Touristes et habitants avaient bien du mal à cacher leurs larmes.
L’émotion est palpable devant la patinoire de la place Knuedler (ou Guillaume-II). Des anonymes déposent au fur et à mesure de la journée de lundi bougies et fleurs tout autour du fauteuil de glace où un petit garçon de 2 ans a perdu la vie, dimanche. Personnes âgées, familles, jeunes adolescents en skateboard, peu importe l’âge, le milieu ou la nationalité, cet élan de solidarité et de compassion semble partagé par toute la Ville en état de choc.
Les larmes d’inconnus coulent et se mélangent mal avec les photos prises par quelques touristes qui ignorent tout du drame qui s’est déroulé ici dimanche soir. Ces derniers immortalisent leur famille devant la sculpture du père Noël (à quelques mètres du trône où est mort le garçon) qui fond doucement. De jeunes enfants accélèrent encore le processus en caressant le vieux bonhomme dont le visage commence à disparaître.
«Je pense tellement aux parents»
Avant d’oser photographier sa petite fille devant les décorations de Noël du marché fermé, Cristina Mesino, 45 ans, s’inquiète de voir les bougies brûler. Elle interroge deux adolescentes venues se recueillir. Les jeunes femmes lui racontent le sinistre évènement et Cristina s’assoit sur un banc pour encaisser le choc. Sa fille, qui ne comprend pas le français, l’interroge. Cristina ne lui traduit que la moitié de l’information. «J’en tremble», nous confie-t-elle avant de demander : «Quel âge avait-il?» – «Deux ans.» Un silence pesant se fait à nouveau.
Comme elle, ils sont nombreux à apprendre la nouvelle une fois sur place.
Karine Mangin, une frontalière française de 38 ans est venue déposée une bougie à la pause de midi : «J’ai appris ça dimanche soir alors que je revenais du marché de Noël de Metz avec mon mari et mon fils de 2 ans. Forcément, ça fait écho à notre vie. Je n’ai pas réussi à dormir… J’ai beaucoup pleuré», souffle-t-elle alors que ses yeux se mouillent à nouveau. «Je passe devant tous les jours… C’est insupportable. Je pense tellement aux parents… »
Des passants sont également présents sur le marché Noël, et ne peuvent s’empêcher de s’interroger sur la dangerosité d’une telle infrastructure alors que les températures sont douces pour la saison. Certains s’emportent de colère, alors que d’autres tentent de les calmer pour ne pas perturber ceux qui se recueillent.
«Je n’ai plus de roses blanches»
Des caméras belges sont également postées devant la patinoire. Le sujet retentit dans de nombreux médias européens. Les travaux du parking Knuedler brisent par moments le calme inhabituel de cette place qui normalement bouillonne de vie. La joie et les rires se sont envolés, au moins pour une journée puisque le marché de Noël rouvrira ce mardi.
«Je n’ai plus de roses blanches», prévient Caroline Glock, fleuriste, quand des clients entrent dans la boutique Merlino pour acheter des fleurs en hommage à l’enfant. «Les gens de Luxembourg ont visiblement été très touchés, moi la première, j’ai d’ailleurs fait une coupe en sa mémoire», dit-elle en indiquant un arrangement floral avec bougie sur le comptoir.
«Ce n’est pas évident de travailler», ajoute-t-elle encore. «Je suis vraiment perturbée, j’ai du mal à me concentrer sur mon travail, j’ai presque oublié d’encaisser une dame venue acheter un bouquet de roses pour l’enfant.»
Dans la rue, l’ambiance est lourde, le drame est sur toutes les lèvres. Quelle que soit la suite du programme des festivités, Noël a assurément perdu de sa magie cette année.
Audrey Libiez
Pour Alexandre Dotremont, le responsable de «Knuedler on Ice» (la patinoire et les chalets place Guillaume-II), la fermeture était absolument nécessaire : «C’est très grave ce qui s’est passé. Nous avons tous des enfants et on se met à la place des parents.» L’homme était présent dimanche soir, à quelques mètres à peine du lieu du drame, mais il n’a pas été témoin de l’accident pour autant : «Il y avait un monde fou», explique Alexandre Dotremont. Quand enfin il réalise ce qui s’est passé et arrive sur place, il appelle immédiatement une ambulance, «même si beaucoup de monde était déjà au téléphone». «Je n’ai pas vraiment de mots pour exprimer ce que je ressens, souffle l’homme visiblement affecté par la situation. Tout le monde était en état de choc hier.» La foule attirée par le marché de Noël dimanche était tellement importante que même lorsqu’il est passé devant les sculptures en fin d’après-midi, avant que l’une en forme de maison ne tombe, il n’a pas vu le résultat. Les sculptures avaient été commandées par le Luxembourg City Tourist Office (LCTO). Il préfère ne pas se prononcer lorsqu’on lui demande si le marché de Noël doit rouvrir : «Nous allons laisser la Ville décider. Nous n’avons jamais fait face à un tel événement. Il y a bien eu les attentats au marché de Noël de Strasbourg l’année dernière, mais c’était différent, le Luxembourg n’était pas ciblé. Si le marché de Luxembourg rouvre, nous allons devoir faire avec. La seule chose que je peux dire, c’est que nous souhaitons beaucoup de courage aux parents.» A. L.
«On n’a jamais fait face à un tel événement»
Le temps s’est arrêté sur les marchés de Noël de la capitale
Les marchés de Noël de la capitale faisaient grise mine, lundi. La commune a donné l’information le matin dans un communiqué de presse : «Par respect, tous les marchés de Noël dans la capitale ainsi que les animations programmées dans ce cadre seront annulés aujourd’hui.» Dans ce même communiqué, elle présentait «ses plus sincères condoléances» à la famille.
Mais les cars de touristes venus d’Asie ou d’autres régions continuaient eux d’affluer vers le centre. Les visiteurs semblent interloqués en trouvant des chalets clos, des guirlandes éteintes et si peu de vie.
Seules les décorations de Noël des magasins étaient illuminées hier.
Les marchés de Noël devaient rouvrir ce mardi matin.