Le procès de Francis Heaulme, jugé pour les meurtres de Cyril Beining et Alexandre Beckrich en septembre 1986 à Montigny-lès-Metz, s’ouvre dans quelques jours. Sous le regard de la Chancellerie, et d’une centaine de journalistes.
Affaire hors norme, accusé hors norme, procès forcément hors norme. Celui qui s’ouvre mardi prochain à 10h, et qui va s’étirer jusqu’au 18 mai devant la cour d’assises de la Moselle, est particulièrement attendu. D’abord, par les familles des jeunes victimes, Cyril Beining et Alexandre Beckrich, massacrés à coups de pierre en 1986 sur le talus SNCF de la rue Vénizelos à Montigny-lès-Metz. Privées de coupable et de certitude depuis l’acquittement de Patrick Dils en 2002, elles n’ont pas été épargnées par le parcours judiciaire du dossier.
Ce procès est aussi attendu par la justice, qui n’a pas toujours mis les bons ingrédients pour rechercher la vérité et espère voir l’audience aller à son terme, après le faux départ de 2014 à cause des soupçons pesant sur Henri Leclaire, finalement mis hors de cause en janvier dernier. Il est enfin attendu par les médias, qui seront plus d’une centaine à couvrir l’événement pendant quatre semaines.
Deux hommes tirent les ficelles en coulisse. Alexandre Stojanov, chef de cabinet des chefs de la cour d’appel de Metz, et Julien Le Gallo, secrétaire général du parquet général, pilotent le dispositif. « C’est lourd et compliqué, admet le second. Nous avons heureusement pu bénéficier de la feuille de route de 2014. Mais en même temps, nous n’avons eu que deux mois pour tout préparer puisqu’on a connu assez tardivement la décision de la Cour de cassation concernant le non-lieu dont a bénéficié Henri Leclaire. »
Francis Heaulme sera seul dans le box des accusés et la présence du routard du crime n’est pas anodine. « Cette histoire, tout comme la personnalité de l’accusé, va braquer les regards sur Metz », admet Julien Le Gallo.
Sécurité, vidéo et files d’attente
Le diable étant dans les détails, « il a fallu tout envisager ». En termes de sécurité, par exemple, « je pensais à un moment donné que tout était calé. Et puis, après une réunion avec le directeur départemental de la sécurité publique, il s’est avéré qu’il y avait des tonnes de choses à améliorer. » Des caméras de vidéosurveillance ont été installées dans le palais de justice messin. Trois files d’attente ont été imaginées pour accueillir les personnes convoquées, les journalistes et les curieux.
Comme en 2014, la salle des assises a été aménagée. Des caméras ont été installées pour permettre la retransmission en direct du procès dans une salle annexe, la salle 25 qui peut accueillir une centaine de personnes. La salle 26 sera réservée aux médias. Les parties civiles, forcément secouées par les débats, bénéficieront d’une pièce pour se reposer et reprendre leurs esprits.
Pendant l’affaire, les autres audiences auront souvent lieu dans la salle Verlaine, la salle souterraine. Certains contentieux ont été dispatchés dans les salles 225 et 226. La vie continuera au TGI, même si pendant quatre semaines, Metz promet de vivre au rythme d’un des plus grands mystères judiciaires français.
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)