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Double homicide à Niederkorn : la parole à la défense ce mardi après-midi


Le prévenu attendait la police venue l’interpeller après son geste meurtrier. (photo archives LQ)

Empêtré dans un conflit de voisinage sans fin visible, José a tué le couple qui lui aurait pourri la vie devant leur domicile de Niederkorn. L’homme de 76 ans risque la prison à perpétuité.

Le 17 octobre 2022, José a choisi la manière forte pour mettre un terme à cinq années de conflit de voisinage : il a décidé d’éliminer les voisins qui lui posaient problème. À bout, cet homme de 76 ans a abattu son couple de voisins avec un fusil de chasse et les a laissés gésir, morts, dans la rue des Trévires à Niederkorn.

Son acte accompli, le prévenu, jugé depuis par la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg depuis une semaine, a calmement repris le nettoyage des escaliers devant son domicile en attendant l’arrivée de la police. Au préalable, il avait pris le soin de scier le canon de l’arme du crime pour qu’elle ne puisse plus servir. Son procès se poursuit aujourd’hui avec les plaidoiries de la défense.

Alors qu’il risque la prison à perpétuité pour un double assassinat, le ministère public a retenu vendredi dernier des circonstances atténuantes et n’a requis qu’une peine de 20 ans de prison à son encontre. Tuer un être humain est le crime ultime. Interdit par la loi, il est passible de lourdes peines surtout lorsqu’il est préparé et mûri.

José avait caché un fusil de chasse dans une poubelle et avait attendu la femme de 62 ans et l’homme de 54 ans avant de faire feu. Les premiers coups de feu les ont blessés et immobilisés au sol. Les seconds, tirés à bout portant, ont été mortels pour le couple.

Cinq balles ont été tirées au total. La seule solution trouvée par le septuagénaire pour se sortir de rapports de voisinage a priori toxiques qui empiétaient de plus en plus sur son quotidien. À la barre, le septuagénaire a dit regretter son geste, mais deux jours avant les faits, le prévenu aurait envisagé de passer l’acte.

«C’est eux ou moi !», se serait-il dit. Ses voisins l’avaient une fois de plus empêché d’ouvrir sa porte de garage automatisée à l’aide de brouilleurs. Des appareils ont bien été trouvés par les policiers lors des perquisitions menées dans le cadre de l’enquête. José serait ensuite allé se saisir de son fusil de chasse entreposé dans le grenier de sa maison.

Sang-froid et préméditation

Cela aura été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du prévenu. Il a notamment raconté que, pendant cinq ans, ses victimes auraient détruit ses tomates et ses plants de salade ou encore contaminé sa citerne d’eau avec du savon. Des caméras de vidéosurveillance installées par les victimes étaient braquées sur son terrain et sur la rue.

Des provocations confirmées à la barre par des habitants du quartier ayant eux-mêmes enduré les foudres du couple décédé. Certains racontent avoir déménagé pour y échapper. D’autres au contraire décrivent le prévenu comme quelqu’un d’irascible et de violent qui aurait menacé un autre voisin avec une hache.

Des témoignages venant mettre à mal la stratégie de la défense, assurée par Me Lynn Frank, qui tente de mettre en avant des circonstances atténuantes qui auraient amené son client à passer à l’acte après une énième provocation. Le prévenu a été poussé à bout. En outre, un expert psychiatre a décelé un trouble de la personnalité paranoïaque qui aurait limité la capacité de discernement de José au moment des faits.

Si la représentante du ministère public a également conclu à des circonstances atténuantes, elle n’a pas minimisé le geste et a estimé que José avait voulu «s’assurer que le couple ne se relèverait pas» et qu’il avait agi «avec sang-froid». Face aux témoignages peu élogieux sur l’attitude du couple, elle a tenu à tempérer et a rappelé «qu’on ne faisait pas un procès aux victimes, mais bien à l’accusé qui a ôté deux vies».

L’avocat des parties civiles s’en était d’ailleurs offusqué avant de réclamer plus de 500 000 euros de dommages et intérêts pour les membres de la famille du couple tué.

Ce mardi après-midi, José aura la parole une dernière fois avant que le tribunal ne délibère sur son sort.

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