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Don Gio et son reggae « positif » dans un premier album


Don Gio navigue entre reggae et rap conscient. Une bonne parole qu'il compte semer dans son sillage. (photo DR)

Giovanni Dituri, 29ans, alias Don Gio, est l’un des rares représentants du reggae au pays. Appuyé par l’incontournable R.I.C., il sort son premier album, Educate Yourself.

Au départ, il y a eu l’Italie, avant une arrivée précoce au Luxembourg. C’est sur cette terre d’adoption que le futur Don Gio fait ses premières armes dans la musique. Le hip-hop d’abord, puis le reggae. Une bifurcation qui se veut foncièrement positive, et pour embellir son monde, Don Gio emprunte les voix du rythme syncopé et du dialogue bienveillant.

Bien décidé à mettre sur disque ce qu’il fait sur des scènes improvisées et joutes «freestyle», il sort deux EPs, Red Lion (2017) et Fyah Blaze (2018). Cette année, il passe la vitesse supérieure avec un premier long format, Educate Yourself, qui, comme son nom l’indique, parle d’émancipation, recette qu’il applique dans son art à travers des textes sincères (en anglais, français et italien) et un son bien plus riche, grâce à l’appui d’un «live band».

À l’instar de ses compagnons de route, soutiens de tous les instants, R.I.C. (Roots Intention Crew) et De Läb, Don Gio navigue entre reggae et rap conscient. Une bonne parole qu’il compte semer dans son sillage, comme il le raconte avant une fête prévue samedi soir à la Kulturfabrik.

Ça vous fait quoi d’avoir votre premier album entre les mains ?

Beaucoup de joie ! Et du soulagement aussi, après plus d’un an de travail intensif. Bref, que de bonnes « vibes » !

Et à l’écoute ?

Quand je mets le CD dans le lecteur et que la premier titre démarre, j’en ai des frissons. Du coup, j’ai envie de faire un « pull up » (NDLR: technique propre au reggae qui consiste à arrêter le morceau pour le rejouer du début). Du coup, je dépasse rarement la deuxième piste (il rit).

Vous venez de la scène hip-hop. Comment s’est passée la transition vers le reggae ?

Disons que j’ai toujours écouté les deux styles, bien que préférant le rap. À l’époque, je m’exerçais sur des instrumentaux disponibles sur YouTube et j’ai alors tenté, par hasard, de poser des paroles sur un « riddim ». Ça m’a inspiré car je pouvais transmettre le même message, mais de façon plus positive. Du coup, dans mes textes, je ne m’attardais plus sur les problèmes, mais sur les solutions. C’est ce qui m’a fait passer de l’autre côté. Et j’ai également adapté mon style de vie à ma musique.

C’est-à-dire ?

J’ai fait le tri dans mon entourage, j’ai cherché à me créer une atmosphère moins agressive. Bref, j’ai appris de mon passé…

Dans votre expression artistique, arrivez-vous toutefois à tisser des liens entre ces styles ?

Oui, et mon album Educate Yourself l’illustre bien, notamment à travers la chanson Miroir, qui tire vers le « ragga dancehall » à travers une rythmique hip-hop. Car ce genre de pulsations, ça me plaît toujours, à condition que ce ne soit pas trop sombre. Il faut que cela reste joyeux. J’ai tendance à tout transformer en positif !

D’un point de vue musical, vous avez aussi évolué ces dernières années. Ce nouvel album ne ressemble pas à vos deux premiers EPs…

Tout à fait. Faire ce disque, ça a été un véritable apprentissage. J’ai en effet participé au processus créatif, musicalement parlant, alors que j’avais l’habitude jusque-là d’utiliser des instrumentaux que l’on m’apportait clé en main. Autant dire que je suis parti de zéro ! Là, je suis rentré en studio avec mes textes et des mélodies en tête, qui se sont développés en live. On m’a conseillé sur l’écriture, on a réalisé des maquettes et j’ai vu les morceaux grandir… Tout s’est fait naturellement, de façon zen. Il faut dire que j’étais entouré par des gens qui sont dans le milieu depuis 30 ans. Ça aide ! On en sort grandi, plus sûr de soi.

Ces gens expérimentés, est-ce R.I.C. ?

Derrière toutes les compositions, oui, on trouve Olivier Roda, qui m’a ouvert son Studio Uno à Thionville. Et un « live band » –celui de R.I.C.– et une choriste ont ensuite repris nos lignes, nos idées, à leur sauce.

Voir ainsi vos titres prendre vie, ça doit être quelque chose, non ?

Je prenais une claque à chaque morceau. Je n’avais jamais vécu cela ! Voir le batteur écouter une fois la maquette, et la rejouer en une seule prise, ça fait quelque chose…

Educate Yourself dévoile douze morceaux, positifs donc. On y parle aussi de « Marijane »… Est-ce une manière d’anticiper la légalisation du cannabis au Luxembourg ?

(Il rit) Si ça arrive, le Grand-Duché aura déjà son nouvel hymne national ! D’ailleurs, le 20 avril, c’est le « 420 Day », qui célèbre la législation de la marijuana aux États-Unis. Ça ne s’invente pas !

Samedi, donc, pour votre « release party », avec R.I.C. et les artistes de De Läbbel, c’est toute la famille qui est réunie…

Oui. C’est même ma mère qui fait à manger. Et vu que la communauté reggae au Luxembourg est assez maigre, on va pouvoir faire venir tout le monde à table !

Entretien avec Grégory Cimatti

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