Moins connu que le don de sang, le don de plasma est pourtant tout aussi essentiel. Et les stocks, en Europe comme au Luxembourg, ne sont pas au plus haut.
Au centre de transfusion de la Croix-Rouge, à Luxembourg, l’après-midi s’écoule calmement. Peut-être trop calmement même. Dans les deux salles de collecte, les donneurs ne se bousculent pas. Pourtant, la Croix-Rouge n’a de cesse de le marteler : le Luxembourg, et l’Europe en général, manque de sang. De sang mais aussi de plasma. Moins connu, ce dernier est tout aussi vital, d’autant que les stocks sont loin d’être suffisants.
Pour mobiliser les donneurs, la Croix-Rouge luxembourgeoise a donc lancé une nouvelle campagne de communication : «Les gens connaissent déjà bien la goutte rouge, qui symbolise le sang, nous avons rajouté une poche jaune pour représenter le plasma», détaille David Dorkel, responsable du département de prélèvement au centre de transfusion. «Important comme du sang mais jaune comme le plasma», les nouveaux visuels de la Croix-Rouge mettent l’accent sur ce composant liquide de notre sang qui permet, entre autres, la production de médicaments importants dans le traitement de certaines maladies rares ou immunitaires.
Le plasma, qu’est-ce que c’est ?
Représentant environ la moitié du volume sanguin, le plasma est le composant liquide de notre sang. Jaune et un peu visqueux, c’est dans celui-ci que baignent les plaquettes ainsi que les globules rouges et blancs. «On retrouve pas mal de choses dedans, précise David Dorkel. Notamment des protéines comme l’albumine mais aussi des facteurs de coagulation.» Une fois filtré, celui-ci peut-être utilisé de nombreuses manières. «Il peut entre autres servir dans les troubles de la coagulation, par exemple chez les grands brûlés.» Des médicaments, indispensables au traitement de certaines maladies, sont également fabriqués à partir du plasma.
Pour tous les donneurs qui souhaiteraient sauter le pas, la marche à suivre est similaire à celle d’un don de sang total. Après avoir pris rendez-vous sur le site de la Croix-Rouge, il suffit de se présenter au centre de transfusion, situé dans la Ville-Haute. Sur place, direction le 3e étage où, après un entretien avec le personnel médical pour valider son éligibilité, le donneur accède à la salle d’aphérèse.
Ce nom barbare désigne la technique spécifique permettant la séparation des composants cellulaires et solubles du sang. «On retrouve le même personnel qu’au 1er étage pour le prélèvement de sang total, précise David Dorkel. Nous ne sommes pas une structure énorme, les donneurs habituels ne sont pas perdus.» Le processus de collecte est lui aussi sensiblement le même. Lors du prélèvement, le sang passe dans une machine qui filtre le plasma et le sépare des globules rouges et blancs ainsi que des plaquettes. Ces composants sont ensuite réinjectés au donneur à la fin de l’opération. La seule différence est le temps passé au centre.
«Un don de sang total dure 37 minutes, ici il faut compter environ une heure.» En revanche, comme on ne prélève que du liquide et que le donneur récupère la partie cellulaire, le temps de récupération est plus court. «On peut donc partir plus rapidement et il est possible de donner tous les mois alors qu’il faut attendre trois à quatre mois après un don de sang total.»
L’importance des plaquettes
Dans la salle d’aphérèse, à côté de la machine chargée de filtrer le plasma, se trouve un autre appareil. Ses fonctions sont plus ou moins identiques à ceci près qu’il est chargé de séparer les plaquettes du reste du liquide sanguin. «Les plaquettes ne peuvent se garder que sept jours, on est donc à flux tendus, rappelle David Dorkel. On demande parfois aux gens s’ils ont quelques minutes de plus pour leur prélever des plaquettes.» Ces cellules jouent un rôle important dans la coagulation puisqu’elles aident à la formation de caillots sanguins qui permettent d’arrêter les saignements. «Elles sont aussi utiles face à certains types de leucémie.» Comme pour le sang et le plasma, le don de plaquettes est donc primordiale et sauve des vies chaque jour.
Des manques dans toute l’Europe
Après le prélèvement, des analyses sont effectuées dans un laboratoire au 2e étage pour vérifier que le plasma peut bien être utilisé. Et si une anomalie est détectée, le donneur est prévenu. «Mais il ne faut pas venir ici en espérant un bilan complet, prévient David Dorkel. On ne teste pas le taux de diabète par exemple.» Une partie du plasma est ensuite utilisée immédiatement, tandis que le reste est congelé. «Il est possible de le garder durant trois ans.»
Si la récupération du plasma peut se faire après un don de sang normal, le don direct reste plus intéressant pour maintenir les stocks à niveau. «Lors d’un don total, on prélève 475 ml de sang dont environ 200 ml de plasma. Avec un don de plasma, on est entre 500 et 700 ml.» Une différence non négligeable surtout au vu des besoins constants des hôpitaux. «Il y a des manques dans toute l’Europe et c’est compliqué de convaincre les gens de donner. Au Luxembourg, comme en France et en Belgique, le don est non rémunéré. La seule rétribution, c’est un gâteau et un jus de fruits», rappelle David Dorkel. «Et une petite blague!», ajoute Fatima, l’une des infirmières du service.
L’acte, en apparence si anodin, est pourtant essentiel et mérite bien qu’on lui accorde quelques minutes, une fois de temps en temps. Et si l’on pense en priorité aux victimes d’accidents de la route, il y a des tas d’éventualité où le plasma et le sang peuvent sauver des vies. «Les services d’hémato-oncologie ont de gros besoins, mais ils peuvent même servir lors d’un accouchement, en cas de décollement du placenta, affirme David Dorkel. Le principe, c’est : aujourd’hui, je donne mais demain, je peux recevoir.»
Qui peut donner ?
Les critères d’éligibilité sont à peu près les mêmes que pour le don de sang. «En gros, si l’on peut donner son sang, on peut donner son plasma», affirme David Dorkel. Pour être sûr de pouvoir donner, un questionnaire est disponible sur le site de la Croix-Rouge luxembourgeoise afin de vérifier son éligibilité. Concrètement, il suffit d’être majeur, d’avoir moins de 65 ans et d’être en bonne santé. «Comme on ne prend que la partie liquide, le taux d’hémoglobine nécessaire est moins haut pour le don de plasma. C’est pareil pour le poids, il faut peser minimum 50 kilos pour un don de sang mais seulement 45 pour le plasma.»
En revanche, le don de plasma se fait obligatoirement au centre de transfusion de la Croix-Rouge, à Luxembourg, et non dans les autres centres de collecte du pays qui ne sont pas équipés pour son extraction.
Informations et rendez-vous sur dondusang.lu