En ce soir de réveillon de Noël, le Grand-Duc Henri est revenu sur les temps forts de l’année 2022 qui vient de s’écouler, rappelant l’importance de l’unité européenne, confrontée depuis plusieurs mois à la guerre en Ukraine.
Sans surprise, la guerre opposant l’Ukraine à la Russie était au cœur du discours de Noël du Grand-Duc Henri, diffusé ce samedi soir. Il faut dire que le conflit, qui perdure depuis le mois de février, a occupé toute la place médiatique, après deux années marquées par la pandémie de Covid-19.
Une nouvelle année «difficile», où les conflits militaires ont gagné en intensité, tant en Ukraine qu’en Afghanistan ou encore en Iran. Des «développements inquiétants» pour le Grand-Duc, qui a tenu à rappeler l’importance de l’unité européenne en ces temps compliqués : pour lui, le Luxembourg ne peut se passer de l’Europe.
«Notre engagement constant en faveur de la paix en Europe est une de nos principales forces. Aussi difficile que cela aura été, nous avons tiré un trait sous la Deuxième Guerre Mondiale pour construire une Europe apaisée et un ordre mondial plus juste à travers la mise en place de l’Organisation des Nations Unies. Nous avons également très vite acquis la certitude que la défense de nos intérêts et notre sécurité seraient infiniment mieux assurées en tant que membre de l’Union Européenne ainsi que de l’OTAN, plutôt que d’avoir à les assumer tout seul», a souligné son Altesse royale.
Face aux conflits, le Luxembourg «reste un pays ouvert qui a su offrir un cadre de vie stable à un nombre considérable de personnes, grâce à la coopération étroite que nous avons instaurée avec l’Allemagne, la Belgique et la France dans le cadre de la Grande Région. La vie en société au Luxembourg repose sur le principe du vivre ensemble. Les ressortissants de pas moins de 170 pays y vivent côte à côte, paisiblement», a-t-il rappelé.
Un «vivre ensemble», qui se confronte désormais à une crise financière, où le fossé entre riches et pauvres risque de se creuser encore un peu plus : nombreux sont nos concitoyens a éprouvé des difficultés à payer leurs factures, face à une inflation toujours plus fortes ces derniers mois.
Une réalité dont a bien conscience le Grand-Duc Henri : «Pour bon nombre de personnes, la situation actuelle se traduit par des fins de mois de plus en plus difficiles. Ils restent tributaires de notre soutien. Il est d’autant plus important que notre modèle social soit inclusif, offrant à chacun la place qui lui revient, pour s’épanouir et trouver sa voie.»
Apporter une «contribution concrète»
Le chef de l’État n’a pas manqué de saluer aussi le travail conjoint du gouvernement, du patronat et des syndicats, qui ont organisé cette année plusieurs tripartites afin de trouver des solutions pérennes à cette crise, «dans le but de garantir la paix sociale».
Pour lui, aucun doute que le Luxembourg «possède les moyens qui lui permettront de faire face en ces temps difficiles (…) grâce aux qualités qui nous distinguent». Des valeurs résolument «tournées vers l’avenir», dont les piliers restent «le respect, pour nos concitoyens, les valeurs et droits fondamentaux», mais aussi pour «l’environnement».
«Si nous réussissons à promouvoir cet état d’esprit au-delà de nos frontières en tant que clé de notre réussite et de l’amitié qui nous lie à nos voisins, alors, je crois que nous aurons apporté une contribution concrète à un monde plus humain.», a-t-il conclu.
Comme l’an passé, le défi environnemental reste un point important abordé par le Grand-Duc Henri dans son discours de Noël. S’il saluait, l’année dernière, la volonté et l’engagement des plus jeunes pour cette cause, le chef de l’Etat s’est dit déçu, cete année, par les résultats de la récente COP en Egypte.
«L’accord final a permis d’atténuer les dommages causés par les changements climatiques pour les pays les plus vulnérables, mais il n’a pas été possible de réaliser des avancées concrètes en termes de réductions des émissions de CO2 et de renoncement aux énergies fossiles. L’environnement reste sous une pression intense.», a-t-il regretté.
Le discours dans son intégralité
Mes chers concitoyens,
Après une année 2021 difficile, 2022 n’aura pas non plus été une année facile. L’environnement reste sous une pression intense. Les résultats de la récente COP en Egypte sont décevants pour beaucoup d’entre nous. L’accord final a permis d’atténuer les dommages causés par les changements climatiques pour les pays les plus vulnérables, mais il n’a pas été possible de réaliser des avancées concrètes en termes de réductions des émissions de CO2 et de renoncement aux énergies fossiles.
Par ailleurs, les conflits militaires de par le monde ont gagné en intensité ; des millions de personnes ont continué à fuir leurs pays à la recherche d’un refuge. L’invasion russe de l’Ukraine ne se résume pas à une guerre d’agression brutale mais remet en cause tout ce que nous avons mis en place, depuis 1945, pour instaurer une coexistence paisible des nations : à savoir, la consécration du principe de résolution des conflits par le dialogue et non par la force. Les répercussions de cette guerre pèsent lourdement sur l’ensemble de notre monde.
En même temps, en Iran comme en Afghanistan, les femmes et jeunes filles sont maltraitées, réprimées sans merci, parfois même assassinées. Particulièrement en Afghanistan, elles restent les victimes d’une conception sociétale désespérément ancrée dans le Moyen Age. Être à leurs côtés, leur donner une voix pour les entendre et les aider est une cause qui me tient particulièrement à cœur ainsi qu’à la Grande-Duchesse.
Que signifie tout ceci ? Est-ce-que nous ne faisons que traverser une période difficile, ou bien, devons-nous nous préparer à changer nos habitudes ? Il est légitime de se poser la question, car, rarement dans notre histoire récente, nous sommes nous trouvés devant tant de développements inquiétants.
Mes chers concitoyens,
Je demeure convaincu cependant, depuis toutes ces années au service de mon pays en tant que Chef d’État, que le Luxembourg possède les moyens qui lui permettront de faire face en ces temps difficiles. D’expérience, je sais que nous avons la capacité de nous adapter grâce aux qualités qui nous distinguent.
Notre engagement constant en faveur de la paix en Europe est une de nos principales forces. Aussi difficile que cela aura été, nous avons tiré un trait sous la Deuxième Guerre Mondiale pour construire une Europe apaisée et un ordre mondial plus juste à travers la mise en place de l’Organisation des Nations Unies. Nous avons également très vite acquis la certitude que la défense de nos intérêts et notre sécurité seraient infiniment mieux assurées en tant que membre de l’Union Européenne ainsi que de l’OTAN, plutôt que d’avoir à les assumer tout seul.
Le Luxembourg est un pays ouvert qui a su offrir un cadre de vie stable à un nombre considérable de personnes, grâce à la coopération étroite que nous avons instaurée avec l’Allemagne, la Belgique et la France dans le cadre de la Grande Région. La vie en société au Luxembourg repose sur le principe du vivre ensemble. Les ressortissants de pas moins de 170 pays y vivent côte à côte, paisiblement.
Mais vivre ensemble repose aussi sur une répartition équitable des richesses nationales, une attention constante pour éviter que le fossé entre riches et moins riches ne se creuse, particulièrement en temps de crise. Beaucoup d’habitants rencontrent des difficultés matérielles et se trouvent au bord de la pauvreté. Pour bon nombre de personnes, la situation actuelle se traduit par des fins de mois de plus en plus difficiles. Ils restent tributaires de notre soutien. Il est d’autant plus important que notre modèle social soit inclusif, offrant à chacun la place qui lui revient, pour s’épanouir et trouver sa voie.
Nous avons le privilège de résider dans un pays démocratique qui appelle ses citoyens à s’exprimer régulièrement en votant et contribuer ainsi à façonner notre société. L’économie luxembourgeoise est fondée sur l’initiative privée, soutenue et encadrée par nos institutions et par la Loi. Le gouvernement, les syndicats et le patronat se consultent pour arriver à trouver les compromis basés sur leurs revendications respectives, dans le but de garantir la paix sociale.
Partout dans le monde, nous nous battons pour davantage de démocratie et un respect accru des droits de l’homme. Nous mettons tout en oeuvre pour favoriser le développement de pays moins fortunés. Nous accueillons beaucoup de personnes qui cherchent un refuge, menacées dans leurs pays d’origine. C’est notre devoir en tant que société et en tant qu’État.
Nous sommes une nation tournée vers l’avenir qui consacre le respect, le respect pour nos concitoyens, pour les valeurs et droits fondamentaux et pour l’environnement. Ce ne sont point des mots creux, de vieux clichés, mais les piliers sur lesquels repose notre avenir. Et si nous réussissons à promouvoir cet état d’esprit au-delà de nos frontières en tant que clé de notre réussite et de l’amitié qui nous lie à nos voisins, alors, je crois que nous aurons apporté une contribution concrète à un monde plus humain.
Mes chers concitoyens,
Une nouvelle année s’annonce. Nous ignorons de quoi elle sera faite. Mais je suis sûr que nous tous, Luxembourgeois, nos concitoyens étrangers, tous ceux qui, de nos pays voisins, viennent travailler quotidiennement au Grand-Duché, nous continuerons ensemble à défendre notre modèle de société. C’est là notre devoir et un engagement aussi envers les générations futures.
Dans cet esprit, la Grande-Duchesse, le Prince Guillaume et la Princesse Stéphanie avec le Prince Charles et tous nos enfants se joignent à moi pour vous souhaiter à toutes et à tous d’excellentes fêtes de Noël et nos vœux les plus chaleureux pour 2023.