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Diplômés, mais quand même au chômage


Les diplômés étrangers peinent à trouver du travail au Luxembourg. (Photo d'illustration)

Sur les dix dernières années, la proportion de demandeurs d’emploi avec un niveau de qualification supérieure a très nettement augmenté au Luxembourg. Un phénomène que l’Adem tente d’éclaircir.

Si le chômage ne cesse d’augmenter au Luxembourg ces derniers mois, tablant, pour le mois de novembre, à 5,7%, la part de demandeurs d’emploi avec un niveau de qualification supérieure, semble, elle aussi, suivre cette ascendance. Sur la dernière décennie, son nombre a clairement augmenté, voire quasiment doublé, passant de 2 571 personnes en 2014 à 4 475 en 2023.

Ainsi, les diplômés de l’enseignement supérieur représentaient 14,7% des chômeurs résidents disponibles en 2014, contre… 27,9% en 2023 ! Une analyse plus détaillée de ces chiffres montre que parmi ces demandeurs d’emploi qualifiés, la proportion de ressortissants de pays tiers, c’est-à-dire hors Union européenne, connait également une hausse très significative, avec, là aussi, un doublement de leur proportion sur dix ans.

Une corrélation claire peut donc être faite entre ces deux phénomènes selon l’Adem : les demandeurs d’emploi qualifiés sont majoritairement des étrangers, d’origine ukrainienne, indienne et brésilienne, et, malgré leurs diplômes, peinent à trouver du travail au Luxembourg.

Bien que la durée du chômage soit généralement moins longue pour cette population que pour d’autres demandeurs d’emploi, certains freins peuvent être relevés. En premier lieu, la langue. La majorité de ces ressortissants parlent anglais, mais ne disposent pas d’un niveau avancé. Ils sont moins de la moitié à parler le français et très peu parlent allemand ou luxembourgeois.

Autre frein : la reconnaissance des diplômes. Même si cette population dispose d’un diplôme de niveau supérieur, et pour la majorité dans un domaine cohérent avec le métier ciblé, les employeurs au Luxembourg ne connaissent souvent pas les écoles ou les cursus à l’étranger et n’ont pas toujours confiance dans la valeur du diplôme.

Pire encore, certains métiers, comme ceux de la santé et du domaine social, sont fréquemment réglementés et nécessitent une reconnaissance du diplôme et une certification de la maîtrise des langues, ce qui pose un problème considérable aux ressortissants des pays tiers.

Les Luxembourgeois davantage touchés

Si ces demandeurs d’emploi qualifiés sont moins frappés par le chômage de longue durée, leur nombre continue aussi toutefois d’augmenter. Mais une analyse des nationalités révèle que ce ne sont pas les ressortissants de pays tiers qui sont ici concernés, mais ceux disposant de la nationalité… luxembourgeoise !

Ils sont globalement plus âgés (45 ans et plus), recherchent majoritairement un emploi dans les domaines du secrétariat et de l’aide à la vie quotidienne, mais aussi dans les métiers de « conception et études » du bâtiment. Mais un détail reste à souligner et explique aussi leur présence dans cette catégorie de chômeurs : ils sont, là aussi, titulaires d’un diplôme délivré par un pays « hors UE ».

«Il peut s’agir de personnes ayant obtenu la nationalité luxembourgeoise après avoir immigré au Luxembourg en provenance d’un pays tiers», souligne l’Adem, avec donc, possiblement, les mêmes freins que ceux touchant la population « hors UE » mentionnés ci-dessus. Mais l’Adem tient à rassurer : l’augmentation de cette population de chômeurs ne doit pas être considérée comme une réelle problématique pour le Luxembourg, puisque le «nombre de postes vacants exigeant une qualification supérieure augmente également fortement».