La rentrée approche et avec elle, une grande question : l’engouement «post-Covid» pour le vélo va-t-il se prolonger? À la Vëlosbuttik de Differdange, on parie sur un grand «oui».
Jamais Haico n’aurait imaginé ça. «Quand on a rouvert après le confinement, dès le premier matin… il y avait une queue sur tout le trottoir devant le magasin.» L’envie de bouger, certainement, et la crainte d’affronter le virus dans les transports en commun. «C’était une folie, poursuit le mécano en chef de la Vëlosbuttik de Differdange. Pas que chez nous d’ailleurs : les autres magasins ont été dévalisés aussi.»
Dans les files d’attente, des familles qui retrouvaient l’envie d’un loisir en plein air. Mais «incontestablement», insiste Haico, «des gens qui voulaient un vélo pour se déplacer au quotidien. Aller faire les courses dans le quartier, aller au boulot…» L’engouement connu dans d’autres pays (chiffre pour la France : 5 ans gagnés) a donc aussi frappé le Luxembourg. Pour la Vëlosbuttik, Haico évoque une fréquentation en hausse de 30 à 40 % par rapport à l’an dernier à la même époque.
«En juin, on s’est retrouvé avec des délais de deux semaines et demie pour de la révision de vélos. Après, on a réussi à gérer les flux, mais les vacances en août ont fait du bien.» Et maintenant ? La folie vélo va-t-elle se prolonger à la rentrée ? Haico De Munnik n’a aucun doute sur la question. «En novembre, ou dès qu’il fera moche, les gens vont peut-être se décourager. Mais en attendant, certains nouveaux clients ont bien pris l’habitude. Ils voient que le vélo est plus pratique que la route pour des petits trajets.» Ils voient aussi ce que ça permet d’épargner comme argent, surtout à la Vëlosbuttik de Differdange.
Un vélo comme neuf pour 80 euros
Le magasin, dirigé par la plate-forme de réinsertion vers l’emploi du Cigel, ne fait que de la récup. «Soit des vélos qu’on nous donne, soit des vélos qu’on peut accepter en dépôt-vente, soit enfin de la réparation», énumère Haico, alors que José, l’autre mécano pro, refait à neuf un vélo enfant à côté de lui. «Oui vous voyez, nous avons des vélos de toutes les tailles et tous les genres : route, ville, VTT et même trekking.» Ce dernier genre allie la position de conduite sportive d’un VTT avec l’équipement d’un vélo de ville, pour affronter les kilomètres en zone urbaine.
Comme tout est basé sur la récup’, avec une main-d’œuvre par définition en formation, les prix sont tirés vers le bas. On peut repartir avec un vélo de ville pour 90 euros en moyenne. Les plus gros tarifs flirtent avec les 250 euros, mais «ce sont à la base de très beaux vélos. Des vélos plus standards sont moins chers». Certains modèles vintage sont devenus rutilants, après le passage à l’atelier entre les mains d’or des mécanos. «Je suis un passionné de vélo depuis toujours, sourit Haico. Ici, je suis dans mon élément.»
Du côté des vélos enfant, on peut s’en sortir pour des tarifs entre 15 et 25 euros. C’est la pêche miraculeuse, sachant que la Vëlosbuttik propose même des accessoires comme les porte-bébés, les casques, les trottinettes et carrément des rollers (y compris pour adultes d’ailleurs). Bref, tout ce qui roule et qui se répare. La Vëlosbuttik poursuivra également sa mission de réparation de vélos à la rentrée. «Nous avons un tarif révision à neuf à 36 euros pour les vélos adultes, précise Haico. C’est hors pièces. On vous règle les freins, les vitesses, les rouages qui ont du jeu, etc.»
Toujours dans une démarche solidaire, de remise au travail d’apprentis envoyés par l’Adem, la Vëlosbuttik propose un service de retrait à la maison. «On vient chercher votre vélo qui ne fonctionne pas et on vous le ramène réparé.» Du coup, la boutique se fait des clients jusqu’en Ville parfois! «Mais le gros de nos clients vit à Differdange ou dans un secteur proche», souligne Haico. Les deux mécanos pros sont épaulés par des employés heureux de retrouver un boulot. Acheter un vélo ici, c’est aussi un esprit : miser sur le social en même temps que l’écologique. «Nos employés peuvent bénéficier de CDD allant jusqu’à 24 mois», explique Haico. Ça fait une sacrée ligne sur le CV. Et si ça permet à d’autres d’aller au boulot à vélo, tant mieux, la boucle et bouclée !
Hubert Gamelon
La Vëlosbuttik est ouverte du mardi au vendredi, de 10 h à 18 h et le samedi, de 9 h à 17 h.
Les vélos électriques sont plus rares à la Vëlosbuttik de Differdange. «Le stock de bons vélos, qui ont été mis en vente il y a trois ans sur le marché, ne donne pas encore du stock d’occasion», estime Haico.
Dès que la boutique expose un électrique, «il part directement. On comprend cette forte demande, mais on incite plutôt les acquéreurs à se tourner vers du neuf, avec des aides d’État à la clef».