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Deux sœurs accusent leur père d’agressions sexuelles et de coups


Les experts pensent que l’aînée des filles a pu influencer ses frères et sœurs. (photo archives LQ)

Malia et Aya, 19 et 16 ans, accusent leur père de coups et d’agressions sexuelles. Les experts mettent en doute leur crédibilité, mais les sœurs campent sur leurs positions.

Elle ne trouvait pas normal que son mari ait régulièrement frappé trois de leurs cinq enfants, mais elle n’a jamais rien fait pour l’en empêcher. Accusée de non-assistance à personne en danger, une mère se réfugie derrière la religion pour expliquer son inaction. «Chez nous, les musulmans, c’est le mari qui commande. Jamais la femme. Je n’avais rien à dire», répond-elle au président de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg après avoir essayé de nier puis de minimiser les faits qui comportent également des attentats à la pudeur sur deux de ses filles, Malia et Aya (prénoms modifiés).

Gifles, coups de pied, de poing, de ceinture… Le père de famille aurait voulu «corriger» les comportements inappropriés de ses enfants. «J’ai été éduqué de cette manière. Je ne savais pas qu’ici cela ne se faisait pas. Je ne les toucherai plus jamais», a reconnu Souleymane, 48 ans, quant aux reproches de coups et blessures volontaires. Les attentats à la pudeur, le grand gaillard les conteste. «Impossible!»

Les différents faits auraient eu lieu entre juin 2013 et septembre 2021 en Espagne et au Luxembourg où la famille a immigré en 2016. Les trois enfants étaient alors mineurs. Mais des experts judiciaires ont relevé des incohérences et des inconstances dans les récits des victimes présumées concernant les allégations relatives aux délits sexuels et mettent en doute leur crédibilité. Les accusations d’Aya et de son jeune frère ont pu être influencées par Malia, en conflit avec un père qu’elle voudrait plus aimant.

«Malia soufre d’un trouble du comportement de conduite. Elle a eu des comportements transgressifs que son père a essayé de réprimer de manière inadaptée, ce qui n’a fait que renforcer ces troubles. Sa réponse face aux brimades auraient été de nouveaux comportements inadaptés qui donnaient lieu à de nouvelles violences», a expliqué un expert judiciaire qui ne croit pas aux accusations de violences sexuelles.

«On n’en parle pas»

Au sein de la famille, c’est l’incompréhension. Son père accuse Malia, réfugiée dans un foyer, de vouloir «briser la famille». «Elle dénonce des violences physiques constantes alors qu’ils habitaient en Espagne. Elle prétend avoir eu besoin de l’aide de sa mère pour se relever», rapporte un enquêteur. Les agressions sexuelles auraient débuté en 2018.

«J’étais un enfant qui faisait beaucoup de bêtises, mais l’ambiance à la maison était lourde», concède Malia qui évoque des coups «très souvent, je ne me rappelle pas du pourquoi. Je me souviens de certaines blessures.» Une dent de lait cassée, l’arcade sourcilière ouverte, un œil au beurre noir… «parce que je ne faisais pas les choses comme il le voulait». Elle reste concise et donne peu de détails.

À la barre, alors que le juge lui conseille de dire la vérité et de s’en tenir à la réalité car «les conséquences sont importantes pour votre père», Malia réitère ses accusations à son encontre. «Ce que j’ai dit est vrai.» D’une toute petite voix, sa sœur confirme que «notre père n’était agressif qu’envers ma sœur. Elle posait plus de problèmes». Elle confirme ne pas avoir été victime d’agression sexuelle. «Uniquement de remarques déplacées.»

«Je ne sais rien pour Malia. Comment il s’y prenait? Je n’étais pas présente», poursuit-elle en se tordant les doigts sur le pupitre avant d’affirmer que «je crois ma sœur». Le policier abonde dans son sens en révélant que des images à caractère pédopornographique ont été trouvées sur plusieurs smartphones saisis au domicile de la famille. L’un d’entre eux était détenu par le prévenu et un autre par son épouse.

Depuis la dénonciation des faits présumés, les deux sœurs, après avoir été placées en foyer, sont retournées vivre au domicile familial. Ce que le président a du mal à comprendre. «Comment cela se passe avec quelqu’un qui est convoqué en justice pour agression sexuelle?» Aya répond : «On n’en parle pas.» La suite cet après-midi.

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