Deux projets pour changer la face des zones d’activité du pays

Au ministère de l’Économie mercredi, les projets d’extension et de densification des zones d’activité Triangle vert et Salzbaach ont été présentés avec une petite révolution en perspective pour le secteur.

En novembre 2021, une enquête de la Chambre des métiers révélait avec inquiétude que la demande de terrains pour les seules entreprises artisanales s’élevait à 73 hectares tandis que l’offre dans les zones d’activité économique (ZAE) régionales était inférieure à 10 hectares. Cette pénurie promettait donc de pénaliser les 200 entreprises artisanales qui étaient alors en recherche d’un nouveau site.

Plus de quatre ans se sont écoulés depuis et une solution semble enfin être sur les rails. Lex Delles, le ministre de l’Économie, des PME, de l’Énergie et du Tourisme, a présenté mercredi deux projets pilotes de densification des zones d’activité économique Triangle vert à Ellange (commune de Mondorf-les-Bains) et Salzbaach à Wiltz. À l’instar de la Chambre des métiers, le constat du ministre est simple : «Le Luxembourg a une surface limitée, alors il faut optimiser.»

Et pour gagner du terrain rapidement, rien de mieux que la densification à ses yeux. «Cela change toute notre politique. Construire nous prendra beaucoup moins de temps, parce qu’on ne va pas sur un nouveau champ. Nous construisons des infrastructures là où nous en avons déjà, avec un terrain qui est prêt.»

La densification foncière revient à construire sur des surfaces bâties à la fois verticalement, en hauteur, et horizontalement, dans des interstices inutilisés. Sur une même surface, le nombre d’entreprises peut donc être considérablement augmenté.

Un projet d’extension de la ZAE Salzbaach est mené par le syndicat intercommunal qui l’exploite (ZARW). Sur le plateau F, en contrebas de l’usine Circuit Foil, le choix de la densification verticale permettra d’augmenter de près de 52 % la surface construite brute (SCB). En permettant de construire jusqu’à 22 mètres de hauteur, au-delà des 12 mètres maximum initiaux, la SCB passera de 42 400 m² à 64 800 m².

À Mondorf-les-Bains, le syndicat intercommunal SIAER, qui exploite le Triangle vert, prévoit une extension de 28,23 hectares de la zone d’activité dans la commune de Schengen. Soit presque le double de la surface existante. Mais il sera aussi procédé à une densification sur les 30 hectares qui abritent actuellement 48 entreprises, dont six d’entre elles ont fait part de leur souhait d’augmenter leur surface.

Finalement, seule l’une d’elles devrait être contrainte de se déplacer, grâce à la densification. Lex Delles illustre ses vertus en énonçant qu’une activité artisanale difficile à mener ailleurs qu’au rez-de-chaussée occupera cette position, tandis que «des administrations ou des bureaux seront installés dans les étages, que ce soit pour l’activité de l’entreprise du rez-de-chaussée ou alors pour sous-louer».

En cas de réussite des deux projets pilotes, un vent nouveau et ambitieux pourrait donc souffler sur toutes les zones d’activité du pays, car «beaucoup d’entreprises demandent à s’installer au Luxembourg, mais nous n’avons pas des terrains suffisants». La mixité accrue des activités économiques pourrait ainsi permettre l’installation d’entreprises de services et d’espaces dédiés à l’innovation, à l’hébergement d’entreprises ou à la recherche-développement.

Pour y parvenir, le ministère souhaiterait introduire de la mutualisation dans ces zones avec des infrastructures et services partagés tels que des parkings centraux, des espaces de restauration ou de cotravail. L’installation de solutions d’énergie renouvelable (éoliennes, chauffage au biogaz), avec un aménagement écologique et une gestion centralisée de la biodiversité, fait aussi partie du plan.

Du côté de Wiltz, Chantal Kauffmann, l’échevine chargée de l’économie, se réjouit de la réalisation du projet pilote portant sur la ZAE Salzbaach, qui va pouvoir répondre à un besoin. «La population va grandir. D’ici dix ans, on parle de 13 000 habitants. Et c’est pour cela que nous devons trouver quelque chose pour que les gens travaillent chez nous», explique-t-elle. «La qualité de vie, c’est important», appuie Albert Waaijenberg, le président du syndicat intercommunal ZARW, qui voit dans l’installation future d’entreprises une solution afin que les travailleurs n’aillent pas à Luxembourg.

Michel Gloden, le bourgmestre de Schengen et vice-président du syndicat intercommunal SIAER, est également séduit, pour les mêmes raisons, la densification du Triangle vert et son extension sur les terres de sa commune. «Pour nous, c’est très important. Notre commune, qui n’a pas beaucoup d’emplois, propose surtout des logements.

Avec ce projet, on crée la possibilité pour les gens de travailler sur le pas de leur porte.» «Cela changera non seulement le Triangle vert, mais aussi l’image de la région, et c’est important pour l’avenir du pays», se félicite celui qui attend déjà des appels d’autres syndicats intercommunaux, qui seraient inspirés par les projets pilotes qui transformeront les ZAE Triangle vert et Salzbaach.